Farid El Haïry, un Nordiste de 41 ans, a été condamné en 2003 par la cour d’assises des mineurs de Douai pour « viol » et « agressions sexuelles ». Quinze ans plus tard, l’adolescente qui l’avait accusé a reconnu dans une lettre, envoyée au procureur de la République de Douai (Nord), avoir menti pour protéger son frère. Le procès s’ouvre en révision ce jeudi 7 décembre.
La cour de révision examine ce mercredi 7 décembre 2022 la demande de réhabilitation de Farid El Haïry, condamné en 2003 pour viol et agression sexuelle. Le dénouement d’une affaire dans laquelle le Nordiste, aujourd’hui âgé de 41 ans, a toujours clamé son innocence. En 2017, la plaignante a reconnu dans une lettre envoyée au procureur de la République de Douai avoir menti, pour protéger son frère, le vrai coupable, explique-t-elle alors.
En 1998, Julie D., 14 ans, a expliqué avoir croisé la route de « trois ou quatre Arabes » qui l’ont agressé sexuellement. Selon son récit de l’époque, exhumée par Le Monde , l’un d’eux l’a à nouveau agressé quelques mois plus tard, en la violant cette fois. Il s’agit de Farid El Haïry, 17 ans. Il sera condamné cinq ans plus tard, à cinq ans d’emprisonnement, dont quatre ans et deux mois avec sursis. Une période d’emprisonnement qu’il a effectué en détention provisoire, ce qui lui a permis de ressortir libre à l’issue du procès. Ses parents ont été condamnés à verser 17 000 € de dommages et intérêts à la victime.
« Je demande pardon »
Le 23 octobre 2017, après avoir effectué un « un long travail » sur elle-même « en psychothérapie », Julie envoie un courrier au procureur de la République de Douai. Elle y confesse avoir menti : « Monsieur Farid E. n’est coupable de rien et n’a jamais commis d’actes d’agression sexuelle ou de viol sur ma personne, écrit-elle alors, selon une retranscription du courrier délivrée par Le Monde . Je souhaite aujourd’hui rétablir la vérité. Je suis consciente de la gravité de mes actes et me suis enfermée dans un puissant déni durant toutes ces années. Je demande pardon, autant à la cour qu’à Monsieur E., sa famille et ses proches, pour ces fausses accusations »Elle y explique également avoir été victime d’inceste répété par son grand frère, et s’être retrouvé coincée dans l’emprise du secret familial. « Je me sens honteuse et coupable vis-à-vis de Farid E. Il ne méritait pas cela. J’ai mis de longues années à sortir de ce déni. Je ne peux malheureusement pas revenir en arrière. J’assumerai les conséquences de mes actes. Je me tiens à votre disposition », poursuit-elle, joignant également sa plainte pour viol contre son frère.
Cinq ans supplémentaires pour que la cour de révision examine le dossier
Il faudra ensuite attendre deux ans, avant que la femme soit entendue au commissariat. Et trois nouvelles années pour que la cour de révision examine le dossier du condamné.Farid El Haïry avait perdu l’espoir d’être innocenté, explique à Franceinfo son avocat, Franck Berton. « Il n’a eu de cesse pendant les premières années, pendant l’enquête, pendant l’instruction, pendant son procès, bien après, de dire « je suis innocent ». Mais il ne pouvait plus imaginer qu’un jour on pourrait revenir sur cette innocence et surtout la consacrer ».
Marié et père de deux enfants, Farid El Hairy espère que la cour de révision annulera sa condamnation et reconnaîtra une erreur judiciaire. En ce cas, il deviendrait la douzième personne réhabilitée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.