jalousé le regard des autres
frappe toi le coeur
"Maman, j'ai tout accepté, j'ai toujours été de ton côté, je t'ai donné raison jusque dans tes injustices les plus flagrantes, j'ai supporté ta jalousie parce que je comprenais que tu attendais davantage de l'existence, j'ai enduré que tu m'en veuilles des compliments et que tu me le fasses payer, j'ai toléré que tu montres ta tendresse à mon frère alors que tu ne m'en as jamais témoigné une miette, mais là, ce que tu fais devant moi, c'est mal. Une seule fois, tu m'as aimée, et j'ai su qu'il n'y aurait rien de meilleur en ce monde. Je pensais que ce qui t'empêchait de me manifester ton amour, c'était que je sois une fille. Or, à présent, sous mes yeux, l'être que tu arroses de l'amour le plus profond que tu aies jamais manifesté, c'est une fille. Mon explication de l'univers s'écroule. Et je comprends que, tout simplement, tu m'aimes si peu que tu ne penses même pas à dissimuler un rien ta passion pour ce bébé. La vérité, maman, c'est que s'il est une vertu qui te manque, c'est le tact.
[...]
Maman, j'ai essayé de comprendre ta jalousie, et en guise de gratitude, tu ouvres devant moi le gouffre dans lequel tu es tombée, à croire que tu cherches à m'y faire chuter, mais tu n'y réussiras pas, maman, je refuse de devenir comme toi, et je peux te dire que sans même y être tombée, rien que sentir l'appel du gouffre, j'ai si mal que je pourrais hurler, c'est comme la morsure du vide, maman, je comprends ta souffrance mais ce que je ne comprends pas, c'est ton peu d'égards pour moi, en vérité tu ne cherches pas à partager ton mal avec moi, mais cela t'est juste égal que je souffre, tu ne le vois pas, c'est le dernier de tes soucis et c'est cela le pire."
Il fallait donner le change : Diane embrassa Célia le plus chaleureusement qu'elle put et personne ne remarqua que son enfance était morte.