Merci pour l'info...
Dans la continuité des propos de mon ami Avar3ouj, voici un article intéressant...
La position dAbdelkrim sur la soi-disant indépendance du Maroc
Extraits dun article dans le Journal-Hebdo (n° 295-24-30 mars 2007)
Des partisans de la cause maghrébine, le leader rifain Abdelkrim Al Khattabi doit en être lun des plus fervents. Il refuse Aix-les-Bains, tout comme plusieurs nationalistes qui ont dénoncé la non-présence de Mohammed Ben Youssef. Et il rejette « lindépendance dans linterdépendance », notion chère à Edgar Faure. De son exil au Caire, Abdelkrim Al Khattabi manifeste son mécontentement par la publication dun communiqué destiné au peuple marocain. Il lécrit trois mois jour pour jour après lofficialisation de lindépendance du Maroc. Le parti de lIstiqlal (P.I.) en prend pour son grade et la manière dont a été réalisée lindépendance est fustigée. « Nous étions sur le point de recouvrer notre liberté, notre indépendance et notre totale souveraineté mais les moujahidines ont été victimes de la parodie du cessez-le-feu », écrit-il avant dajouter que pendant ce temps, les Algériens « continuent à combattre avec héroïsme le colonialisme ». LAlgérie est en guerre contre la France depuis linsurrection de la Toussaint en novembre 1954. Pour le héros de la guerre du Rif, lindépendance du Maghreb ne se conçoit pas sans celle du voisin algérien, le seul pays maghrébin à demeurer colonisé en mars 1956. Ainsi, dans ce communiqué dAbdelkrim Al Khattabi, le parti de lIstiqlal est accusé davoir « accepté dinféoder les intérêts du Maroc à ceux de la France ». Le réquisitoire est particulièrement dur lorsque le leader rifain accuse le P.I. duvrer « avec opiniâtreté pour diriger le pays dune façon dictatoriale ».
Une autre indépendance
Abdelkrim Al Khattabi ne veut pas être associé à lindépendance du Maroc telle quelle a été réalisée depuis Aix-les-Bains jusquà la signature du protocole du 2 mars 1956. « Ils [le parti de lIstiqlal] ont dupé en mon nom les moujahidines en les informant que jétais daccord avec leur politique colonialiste » regrette-t-il juste avant dannoncer quil ne souscrivait « absolument pas à la politique de ce parti fou ». LIstiqlal nest pas visé dans son entier. Uniquement ceux qui auraient projeté « doccuper des strapontins et de comploter avec le colonisateur contre lavenir du Maroc, son patrimoine et ses valeurs sacrées ». Aux nombreuses accusations contenues dans le communiqué, Abdelkrim Al Khattabi y ajoute des recommandations, destinées en premier lieu à lArmée de Libération (A.L.). « Nous appelons lArmée de Libération à rester vigilante vis-à-vis des complots des colonisateurs et leurs agents infiltrés dans lA.L. Comme nous lappelons à conserver loption de la résistance armée jusquà lévacuation du dernier soldat étranger ». Le communiqué dAbdelkrim Al Khattabi, solennel de bout en bout, annonce sans le savoir de difficiles premières années dindépendance. Lacte officiel du 2 mars 1956 ne met pas fin aux nombreuses cellules de résistance dispersées dans le pays. Les soumettre est dautant plus difficile quelles ne répondent pas toutes à la même autorité. La « pacification » de tout le royaume ouvre de manière tumultueuse le règne de Mohammed V en tant que Roi dun pays indépendant.
Kawtar Bencheikh avec la collaboration de M.Bouaziz