Confession d'un tueur en cavale(03/06/2009)
Thuglife est recherché depuis la fusillade de Laeken, qu'il avoue
BRUXELLES Si l'on part du principe qu'un homme qui tire sur un autre au 357 magnum est un tueur, Fouad M'Rabet, que toutes les polices recherchent depuis deux mois, est un tueur.
Mais lui répond que non : "Si j'avais voulu tuer, les trois seraient morts". Le 2 avril dernier, dans la foule de la place Bockstael à Laeken, trois hommes, Abdelkarim A., Saïd B. et Abdelhafid B. furent blessés par balles par un tireur qui prit la fuite et est activement recherché. "Je suis identifié : je le sais."
Le Belgo-Marocain de 31 ans ne se cache pas : pendant l'entretien, pas moins de 17 policiers traversent la place. Pas un n'a reconnu celui qui, condamné à "6 ans et quelque" à ses 18 ans (pour un viol et un braquage de fourgon "qu'on m'a mis sur le dos" ), se fait appeler Thuglife , référence au chanteur de rap Tupac, son idole.
"Je suis équipé", prévient le canardeur de la place Bockstael. "Le 357 magnum, un Ruger, je l'ai mis de côté. Mais j'ai un Glock, 2 kalachnikov et tout ce qui va avec. Je m'entraîne, surtout la nuit sur les aires d'autoroute. Je ne tirerai pas sur la police. Sauf s'ils essaient de m'assassiner comme ils l'ont fait avec Charki (Ndlr : Saïd Charki, abattu à Anderlecht en 1997, ce qui déclencha les émeutes de Cureghem)."
Et Thuglife de poursuivre : "Mon prénom, c'est Fouad. Ca commence par fou. Mais fou, je ne le suis pas : j'ai mes limites. Je suis traqué. Il y a des endroits où je ne dois pas aller. Tout le monde sait que je suis terriblement armé. J'ai de quoi faire une mini-guerre. Mais j'ai pas envie. Ce que je veux, c'est qu'on me laisse tranquille. C'est mon histoire. Je me bats pour le droit d'être un homme. Ils ( les policiers ) m'ont mis sur les nerfs. Ce qu'il faut, c'est qu'on me laisse tranquille. [...] En fait, j'aimerais mettre un terme à tout ça."
Dans l'ordre : Forest, Saint-Gilles, Brugge Sint-Andries, Marneffe, Nivelles et Andenne. Son parcours pénitentiaire commence le jour de ses 18 ans.
Il en a 31. "Je suis né un 13 septembre. Eh bien le lendemain de mes 18 ans, le 14, ils venaient me chercher. Et j'ai pris 6 ans pour ce braquage d'un fourgon le 26 octobre 1995 à Mérode où je n'étais pas (butin : 30.000 ). Je n'ai eu droit à aucune remise. Quand on m'a relâché le 1er janvier 2003, j'étais à fond de peine."
La prison ne lui a pas suffi. Preuve : la place Bockstael le 2 avril dernier. Il ciblait délibérément, confirme-t-il, trois "types qui me cherchaient depuis tout un temps" , dont un à travers le pare-brise d'une Twingo.
"En cavale ? Regardez : les flics me voient mais ne me voient pas. Je peux durer longtemps. Et même, si on me fait trop ch..., mettre de la distance. Partir à l'étranger par exemple. Rejoindre les barbus et revenir en Belgique pour y f... la m ... Mais c'est pas mon genre. Je suis Belgo-Marocain. Mon père est arrivé ici en 1964. Il s'est crevé dans le bâtiment. J'ai du respect pour lui comme pour Hassan II. Mais j'aime la Belgique. Sauf le Roi qui ne donne jamais de grâce aux détenus ."
Gilbert Dupont
© La Dernière Heure 2009
Thuglife est recherché depuis la fusillade de Laeken, qu'il avoue
BRUXELLES Si l'on part du principe qu'un homme qui tire sur un autre au 357 magnum est un tueur, Fouad M'Rabet, que toutes les polices recherchent depuis deux mois, est un tueur.
Mais lui répond que non : "Si j'avais voulu tuer, les trois seraient morts". Le 2 avril dernier, dans la foule de la place Bockstael à Laeken, trois hommes, Abdelkarim A., Saïd B. et Abdelhafid B. furent blessés par balles par un tireur qui prit la fuite et est activement recherché. "Je suis identifié : je le sais."
Le Belgo-Marocain de 31 ans ne se cache pas : pendant l'entretien, pas moins de 17 policiers traversent la place. Pas un n'a reconnu celui qui, condamné à "6 ans et quelque" à ses 18 ans (pour un viol et un braquage de fourgon "qu'on m'a mis sur le dos" ), se fait appeler Thuglife , référence au chanteur de rap Tupac, son idole.
"Je suis équipé", prévient le canardeur de la place Bockstael. "Le 357 magnum, un Ruger, je l'ai mis de côté. Mais j'ai un Glock, 2 kalachnikov et tout ce qui va avec. Je m'entraîne, surtout la nuit sur les aires d'autoroute. Je ne tirerai pas sur la police. Sauf s'ils essaient de m'assassiner comme ils l'ont fait avec Charki (Ndlr : Saïd Charki, abattu à Anderlecht en 1997, ce qui déclencha les émeutes de Cureghem)."
Et Thuglife de poursuivre : "Mon prénom, c'est Fouad. Ca commence par fou. Mais fou, je ne le suis pas : j'ai mes limites. Je suis traqué. Il y a des endroits où je ne dois pas aller. Tout le monde sait que je suis terriblement armé. J'ai de quoi faire une mini-guerre. Mais j'ai pas envie. Ce que je veux, c'est qu'on me laisse tranquille. C'est mon histoire. Je me bats pour le droit d'être un homme. Ils ( les policiers ) m'ont mis sur les nerfs. Ce qu'il faut, c'est qu'on me laisse tranquille. [...] En fait, j'aimerais mettre un terme à tout ça."
Dans l'ordre : Forest, Saint-Gilles, Brugge Sint-Andries, Marneffe, Nivelles et Andenne. Son parcours pénitentiaire commence le jour de ses 18 ans.
Il en a 31. "Je suis né un 13 septembre. Eh bien le lendemain de mes 18 ans, le 14, ils venaient me chercher. Et j'ai pris 6 ans pour ce braquage d'un fourgon le 26 octobre 1995 à Mérode où je n'étais pas (butin : 30.000 ). Je n'ai eu droit à aucune remise. Quand on m'a relâché le 1er janvier 2003, j'étais à fond de peine."
La prison ne lui a pas suffi. Preuve : la place Bockstael le 2 avril dernier. Il ciblait délibérément, confirme-t-il, trois "types qui me cherchaient depuis tout un temps" , dont un à travers le pare-brise d'une Twingo.
"En cavale ? Regardez : les flics me voient mais ne me voient pas. Je peux durer longtemps. Et même, si on me fait trop ch..., mettre de la distance. Partir à l'étranger par exemple. Rejoindre les barbus et revenir en Belgique pour y f... la m ... Mais c'est pas mon genre. Je suis Belgo-Marocain. Mon père est arrivé ici en 1964. Il s'est crevé dans le bâtiment. J'ai du respect pour lui comme pour Hassan II. Mais j'aime la Belgique. Sauf le Roi qui ne donne jamais de grâce aux détenus ."
Gilbert Dupont
© La Dernière Heure 2009