Congrès international sur l'avortement clandestin a Rabat

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Le Maure

Taza avant Gaza
Entre 600 et 800 avortements clandestins médicalisés ou non ont lieu tous les jours au Maroc. Un phénomène grandissant et problématique mais dont personne ou presque n'ose parler. Pour casser une fois pour toutes ce tabou et trouver un consensus, un Congrès national s'ouvre aujourd'hui à Rabat.

A l'initiative de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC), la Bibliothèque nationale de Rabat abritera les 28 et 29 mai, le premier Congrès marocain dédié à la problématique des grossesses non désirées et par extension, des avortements clandestins. Une pratique grandissante, problématique et surtout tabou.

600 à 800
Au Maroc, selon les estimations de l'AMLAC, confirmées par une étude de l'Association marocaine de planification familiale, entre 600 et 800 avortements clandestins ont lieu tous les jours, avec ou sans assistance médicale.

Pour le Pr. Chraïbi, chef de service gynéco-obstétrique de la maternité des orangers au CHU de Rabat et président de l'AMLAC, une association qui existe depuis un peu plus de deux ans, il se pourrait bien que ces estimations soient en deçà de la réalité. “Rien qu'à Rabat, il y a environ 50 avortements par jour. Dans une ville comme Casablanca où il y a 3 fois plus de monde, de médecins et de problèmes, la logique voudrait qu'il y ait également trois fois plus d'avortements. Et pour certaines villes très touristiques comme Agadir, Tanger ou Marrakech, il faut en compter beaucoup plus”, explique t-il.

Briser le tabou, sensibiliser et trouver un consensus

Si aujourd'hui une telle démarche a été entreprise, c'est avant tout pour ouvrir un débat national sur la problématique. Ainsi, entre 400 et 500 personnes, particulièrement des juristes, des politiques, des médecins, des sociologues, des psychologues, des oulémas ou encore des représentants des associations féminines, de la jeunesse ou de la société civile tout simplement, sont-elles attendues pour donner leur avis sur ce sujet.

L'autre grand objectif de cette rencontre est axé sur la prévention et par conséquent, il s'agira de sensibiliser au maximum. Et surtout, les médecins eux-mêmes en matière d'éthique notamment. Car il faut savoir une chose: les tarifs en matière d'avortement qui varient entre 1.500 et 15.000 Dh, sont appliqués en fonction de la “patiente”. Autrement dit, selon que la grossesse soit avancée ou pas (4 à 5 mois), selon que la femme soit mineure ou pas, qu'elle soit accompagnée ou pas, mariée ou célibataire...

“Plus le médecin prendra de risques, plus il appliquera un tarif élevé pour pouvoir se défendre au mieux au cas où... Par exemple, en cas de décès d'une patiente, un médecin risque gros lorsqu'il s'agit d'une femme célibataire ou d'une mineure parce que le plus souvent, la famille de la victime n'est au courant ni de la grossesse, ni de l'avortement; elle veut absolument trouver un bouc-émissaire et par conséquent, traduire l'affaire en justice. En revanche, si le décès concerne une femme mariée, tout le monde veut étouffer l'affaire pour éviter la hchouma et le médecin s'en sort indemne.”

Pr. Chafik Chraïbi, président de l'AMLAC


Enfin les organisateurs espèrent que ce Congrès aboutira à un consensus national, et à terme à la modification de la loi en matière d'avortement.

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Ce que dit la législation marocaine

L'article 449 du Code pénal stipule de manière très précise que “quiconque par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violence ou par tout autre moyen, a provoqué ou a tenté de provoquer l’avortement d’une femme enceinte ou supposée enceinte, qu’elle y ait consenti ou non, est puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 200 à 500 Dh. Si la mort en est résultée, la peine est la réclusion de dix à vingt ans”.

En ce qui concerne la femme qui s’est livrée à l’avortement, la loi prévoit une peine allant de six mois à deux ans de prison. Pour les vendeurs de produits avortants et les complices d’avortement, les peines d'emprisonnement vont de deux mois à deux ans, même si l'acte n'a pas abouti.

L'article 450 du même Code précise que “si l’individu se livre habituellement à ces actes, les peines sont doublées”. Trois articles plus loin, le Code est beaucoup moins répressif. En effet, l'article 453 stipule que “l’avortement n’est pas puni quand il vise à sauvegarder la vie ou la santé de la mère à condition qu’il y ait consentement du conjoint, du médecin chef de la préfecture qui peut aussi être simplement avisé en cas d’urgence”. Ce qui ouvre la voie à un large éventail d'interprétations.

Car, comme le rappelle le Pr. Chraïbi, l'Organisation mondiale de la Santé définit la santé comme étant un état de bien-être à la fois physique et psychique.

“Trop de complications surviennent ou peuvent survenir lors de ces avortements clandestins comme les hémorragies, ou pire, les tentatives de suicide. Il est de notre devoir donc de venir en aide à ces femmes. Et cela ne sera possible que si nous arrivons à la légalisation sous conditions de l'avortement”, conclut le président de l'AMLAC.

Aufait Maroc
 
C'est un bon début que d'en parler .... Mais en même temps, ce n'est pas tant la "loi" à proprement dite qui pose problème... Je crois que le vrai combat se situe dans les mentalités....et je pense que c'est peine perdue....
 
C'est un bon début que d'en parler .... Mais en même temps, ce n'est pas tant la "loi" à proprement dite qui pose problème... Je crois que le vrai combat se situe dans les mentalités....et je pense que c'est peine perdue....

Pourquoi ce défaitisme? Toute évolution des mentalités demande du temps et des efforts. Et il serait criminel de saboter ce débat sur un fait indéniable qui cause....(600 X 365) PLUS DE DEUX CENT MILLE victimes par an....plus les femmes qui décèdent à cause de mauvaises pratiques.
Le fait d'en parler, sans tabou, est déjà un fameux progrès. Que faut-il faire pour réduire vraiment le nombre d'avortements et surtout les avortements non médicalisés? Comment aider ces femmes en souffrance AVANT l'avortement :il y a des alternatives. Lesquelles?

Et après? La contraception??????
 
Pourquoi ce défaitisme? Toute évolution des mentalités demande du temps et des efforts. Et il serait criminel de saboter ce débat sur un fait indéniable qui cause....(600 X 365) PLUS DE DEUX CENT MILLE victimes par an....plus les femmes qui décèdent à cause de mauvaises pratiques.
Le fait d'en parler, sans tabou, est déjà un fameux progrès. Que faut-il faire pour réduire vraiment le nombre d'avortements et surtout les avortements non médicalisés? Comment aider ces femmes en souffrance AVANT l'avortement :il y a des alternatives. Lesquelles?

Et après? La contraception??????

Ce que vous appelez défaitisme...je le considère, marocaine vivant au maroc, comme réalisme....

Il est indéniable que cette initiative est louable...ce que je reproche à ce débat, c'est qu'il reste "élitiste"... Terrain de garde chassée d'intelectuels de tout genre ....

Le combat de ce genre de débats au Maroc se situe ailleurs....
 
Oui , c'est une bonne chose , car heureusement des médecins gynécologue acceptent ces interruptions , mais vu le caractère clandestin prennent des tarifs importants , une législation plus souple permettrait peut être d'éviter des abus tarifaires . .
 
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