La contestation sociale monte en arabie saoudite

L’Arabie Saoudite est décidément sur un volcan social susceptible d’exploser à tout moment. Les assurances données aux jeunes par le roi Salmane la semaine dernière leur promettant une vie meilleure, n’ont pas suffi à les clamer.
Amman (Jordanie)
De notre correspondant
De nombreux appels à manifester dimanche prochain devant le ministère du travail et les bâtiments publics ont largement été relayés sur les réseaux sociaux locaux. Ce qui fait craindre de nouveaux troubles dans ce royaume qui souffre de la chute des prix du pétrole. Les jeunes dénoncent l’étendue du chômage qui touche les différentes couches sociales du pays et l’échec de la politique de « saoudisation » des emplois.
Sous le slogan « tous au rassemblement des chômeurs le 30 avril », les jeunes saoudiens sont décidés à exprimer leur mécontentement et leur colère face à un régime qui a épuisé toutes ses ressources dans les guerres qu’ils mènent au Yémen et en Syrie. Le premier appel à manifester a été lancé le 21 avril dernier. Ce à quoi la police a répondu par une présence massive sur le terrain.
Des centaines d’agents de sécurité ont été déployés devant les bâtiments publics et les rues principales de Ryad. Le même scénario se répétera dimanche prochain. « Mon frère le chômeur, ne joue pas avec ta vie. Sors le 30 avril pour manifester pour un avenir meilleur », Un message parmi tant d’autres publiés sur les réseaux sociaux. Ou alors « les droits ne se donnent pas, mais s’arrachent ». L’appel à la manifestation a eu tellement d’écho dans le royaume que le roi a décidé de reverser les primes, qu’il a lui-même supprimées aux militaires et autres fonctionnaires du pays. Une première victoire pour la classe moyenne qui croule sous le poids de la dette.
Riad peine à donner du travail à ses propres enfants
Englués dans ses problèmes extérieurs (la guerre au Yémen et en Syrie, avec l’Iran), l’Arabie Saoudite est en train d’épuiser toutes ses ressources financières. Et cela souvent au détriment des projets économiques et sociaux internes qui donneraient du travail pour les jeunes, notamment les plus éduqués d’entre eux. Or le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé (11%) pour une population de 30 millions d’habitants. Basé à plus de 75 % sur les hydrocarbures, les rentrées d’argent se sont fondues comme neige sous le soleil. En 2017, le royaume s’attend à un déficit de plus de 51 milliards de dollars, alors qu’il avait atteint en 2016 près de 79 milliards. Un record.
Selon une estimation du Fonds monétaire international, l’Arabie Saoudite pourrait épuiser toutes ses réserves financières d’ici 2020 si les prix du pétrole ne repartaient pas à la hausse. Pour éviter ce scénario, Ryad avait présenté un vaste plan de réorientation de son économie baptisé « vision 2030 ». Il donne la part belle aux énergies renouvelables et à l’économie écologique. Mais s’appuie également sur la vente de certains fleurons de l’industrie du royaume.
Mais ce dernier semble déjà faire face à des difficultés diverses pour mettre en place cette vision vu que l’économie a pris l’habitude de reposer sur les hydrocarbures à plus de 70%. En plus des problèmes économiques et sociaux, le royaume saoudien est englué dans de nombreuses crises internationales qui lui coutent très cher. A commencer par la guerre qu’il mène au Yémen contre les rebelles Houthis et l’ex président Salah. Ce conflit armé dans lequel il a engagé des moyens militaires et humains colossaux a fait l’effet d’une pompe aspirante des finances du pays. Perdu dans un labyrinthe géo-militaire qu’elle ne maitrise pas, l’Arabie Saoudite cherche des solutions pour en sortir. Mais à quel prix et avec quel visage.
En Syrie, le soutien des wahhabites à certains groupes armés pèse fort aussi sur les caisses de l’état. Sans oublier la guerre froide qu’il mène contre son voisin iranien considéré comme étant le principal danger dans la région. Autrefois eldorado économique et professionnel de millions de travailleurs asiatiques et arabes, l’Arabie Saoudite peine désormais à donner du travail à ses propres enfants.
Yacine Farah
http://www.elwatan.com/internationa...-en-arabie-saoudite-28-04-2017-344169_112.php
 
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