Coopération et défection : une fable de la fontaine

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Bonjour :timide:

Voici une fable de La Fontaine :

La Génisse, la Chèvre et leur sœur la Brebis,
Avec un fier Lion, Seigneur du voisinage,
Firent société, dit-on, au temps jadis,
Et mirent en commun le gain et le dommage.
Dans les lacs (1) de la Chèvre un Cerf se trouva pris ;
Vers ses associés aussitôt elle envoie :
Eux venus, le Lion par ses ongles (2) compta,
Et dit : Nous sommes quatre à partager la proie ;
Puis en autant de parts le Cerf il dépeça ;
Prit pour lui la première en qualité de Sire :
Elle doit être à moi, dit-il, et la raison,
C'est que je m'appelle Lion :
À cela l'on n'a rien à dire.
La seconde par droit me doit échoir encor :
Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort.
Comme le plus vaillant je prétends la troisième.
Si quelqu'une de vous touche à la quatrième,
Je l'étranglerai tout d'abord.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Cette fable est intéressante, mais elle ne vide pas le problème, qui s'est posé aux économistes et biologistes, de la coopération et de la défection.

Le problème, je vous rappelle, consiste à savoir si, en interagissant avec un autre agent rationnel, il est dans notre propre intérêt de coopérer ou de le trahir.

La fable suggère qu'un puissant va être porté à exploiter ses alliés plus faibles, donc à les trahir, puisqu'il peut s'en tirer sans punition.

Imaginons cependant une suite à la fable, inspirée par les travaux de la théorie des jeux.

Il n'est pas besoin d'imaginer un gendarme des animaux qui arrive et qui punit le lion.

On peut imaginer, tout simplement, que la génisse, la chèvre et la brebis, déçues de la trahison du lion, vont aller ailleurs, vont se cacher du lion. Elles vont désormais continuer leur partenariat à trois. Et donc elle vont réussir de temps en temps à capturer une proie et à se la partager.

Quant au lion, il va être laissé à lui-même. Car la génisse, la chèvre et la brebis ont parlé aux autres animaux de la forêt de la traîtrise du lion, et désormais tout le monde s'en méfie.

Et donc le lion doit chasser seul.

Imaginons que chaque jour, un chasseur a une chance sur trois d'attraper une proie.

Ça veut dire que généralement, les trois alliés auront une proie par jour, qu'ils se partageront équitablement. Donc ils n'auront jamais faim. Même si elles ne peuvent pas s'empiffrer comme le fait le lion dans la fable.

Par contre le lion, lui, va jeûner en général deux jours sur trois. Et donc il va passer de longs moments à souffrir de la faim, et cela risque d'altérer sa santé.

Et c'est ainsi parce qu'il n'a pas voulu coopérer. S'il avait coopéré, il aurait moins mangé la première fois (du cerf), mais il aurait pu manger à sa faim toutes les fois suivantes, aussi longtemps qu'il serait resté fiable.

@patouch :joueur:
 
Pour ce qui est de la nourriture oui si on fait un calcul, on finit par se rendre que la coopération profite à tous, même si en premier lieu on pourrait se sentir privilégié de s'alimenter au détriment des autres, à terme ça nous porte préjudice car priver les autres c'est non seulement s'isoler d'eux (car ils nous percevront comme la cause de leurs manques) mais c'est aussi les mettre en situation d'adopter des comportements qui tôt ou tard nous porteront préjudice (vol, cambriolage, kidnapping avec demande de rançon), c'est donc dans l'intérêt de tous que tout le monde puisse avoir accès aux biens les plus élémentaires pour pouvoir vivre décemment.

Le problème est que le désir humain est sans limite, comme le fameux tonneau percé des danaïdes, l'être humain peut se gaver autant qu'il le souhaite il souffre d'une maladie ontologique, un manque insatiable qu'il tente vainement de combler en entrant en compétition avec ses semblables dans la course aux biens, aux statuts, aux honneurs etc... tout cela dans le but de se démarquer, d'être un privilégié. Le désir ne réside ainsi que très rarement dans l'objet lui-même mais plutôt dans la satisfaction de posséder un objet que les autres ne possèdent pas ou qu'ils possèdent en quantité moindre et dans cette optique tous les coups sont permis pour pouvoir accéder aux biens qui nous donnerons l'impression d'avoir atteint cet objectif..
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Bonjour broken @patouch ! :p

Je te réponds par une autre fable de La Fontaine :

LES DEUX MULETS


Deux Mulets cheminaient (1) ; l'un d'avoine chargé ;
L'autre portant l'argent de la gabelle** (2).
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup (3) en être soulagé.
Il marchait d'un pas relevé (4),
Et faisait sonner sa sonnette ;
Quand, l'ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l'argent,
Sur le Mulet du fisc (5) une troupe se jette,
Le saisit au frein, et l'arrête.
Le Mulet, en se défendant,
Se sent percé de coups, il gémit, il soupire :
Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire (6) ;
Et moi j'y tombe, et je péris.
Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi :
Si tu n'avais servi qu'un Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.


** la gabelle est un impôt sur le sel!
 
Salam @Ebion

Je rejoins ce qu'a dit @patouch, notre salut réside dans la coopération, je ne sais pas faire ce que tu sais faire et ce dont dont tu excelles, mais je sais probablement faire ce que tu ne sais pas faire. En ce sens chacun dépend de l'autre, chacun est complémentaire et on doit tous coopérer et aider son prochain à progresser et à s'améliorer.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Salam @Ebion

Je rejoins ce qu'a dit @patouch, notre salut réside dans la coopération, je ne sais pas faire ce que tu sais faire et ce dont dont tu excelles, mais je sais probablement faire ce que tu ne sais pas faire. En ce sens chacun dépend de l'autre, chacun est complémentaire et on doit tous coopérer et aider son prochain à progresser et à s'améliorer.

Salam,

Oui là tu parles de la division du travail.

Le problème est que, oui, un épicier est complémentaire à un architecte, qui est complémentaire à un docteur. Mais deux épiciers, deux architectes ou, plus rarement, deux docteurs, risquent d'entrer en compétition. Cette compétition est certes bonne pour le consommateur, en tirant les prix vers le bas et en exigeant de la qualité, mais mauvaise du point de vue des travailleurs, qui risquent leur gagne-pain... Sans parler des individus peu dotés par la nature ou marginalisés par la société et donc qui ne peuvent rien offrir de monnayable.
 
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