Cri à l'unisson de Montréal

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion ahmed II
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http://www.youtube.com/watch?v=BlMcqCE6hFw

Avertissement : Voilà vite fait ce que j’ai gribouillé pour accompagner cette vidéo. Je l’éditerai plus tard. ‘D’abord la révolution, ensuite on verra comment reconstruire’ nous dit Ali, un participant à cette manifestation, ce qui n’est pas rassurant. Qu’en pensez-vous? Ainsi je questionne les arabes autour de moi.

«Peut-on parler de réveil du monde arabe?
-Dogmatique? Selon la philosophie kantienne ou la politique maoïste?
(Durant la manifestation, la présence communiste et autres groupuscules était marquée, comme si le Che et Staline passaient mieux que l’islamisme aux yeux des arabes. Mais les Français ne sont pas en reste. Eux, cependant, sont pardonnables, ils ont toujours eu l’ambition de péter plus haut que leur ***.)
-Politique, je parle du politique.
-Ah, oui, effectivement, une lame de fond est en train de soulever les masses populaires qui en ont assez soupé de la misère, des brimades et de l’enferment. Assez, c’est assez! ‘Nous changeons de paradigme’ comme l’a formulé ce même manifestant, Ali, et que vous pouvez entendre dans la vidéo intitulée Moubarak, dehors! (à venir). Nous ne tolérons plus que les mafiosos nous dirigent et qu’ils nous tirent des plans de la comète à leur mesure. Dans le cas des Présidents de la Tunisie et de l’Égypte, ils se sont enrichis sur le dos du peuple de façon ignoble. Tout cela c’est fini, dehors canailles! On ne veut plus qu’ils tiennent la queue de la poêle. Si Moubarak ne quitte pas, c’est lui qu’on va faire rôtir, dans cette vie même. L’enfer n’aura qu’à attendre.
 
-Mais l’incompétence gouvernementale n’est-elle pas un phénomène universel? Tu crois que Sarkozy est propre? Berlusconi est-il mieux que Moubarak? Grâce à l’Internet, à des organismes comme Wikileaks ou à l’utilisateur lambda qui transmet en direct ce qu’il voit, on réalise malheureusement que les dirigeants, partout sur la planète, sont des tyrans passionnés dans l’âme et agissent en toute impunité. Relations politiques et économiques obligent.
-Et touristiques! Tu as absolument raison, le pouvoir corrompt tout comme l’argent. Plus même. Comme ces despotes ont les deux, on peut imaginer le niveau d’incurie qui sévit dans leur pays et les vices qui motivent les administrateurs. Mais pour Sarkozy et Moubarak, c’est une question de degrés. Tout le monde fait du mal. Mais certains en font plus que d’autres. Pour les hommes d’États, leurs qualités se manifestent directement dans leur rapport au peuple. Sarkozy ne jette pas ses détracteurs en prison. On ne torture pas en France.
-Ou Moubarak comparé à Saddam Hussein, c’est 90 degrés.
-Oh, ces deux monstres sont faits du même bois de cœur, dur comme fer. Et puis qu’on fasse aux autres, ailleurs, aux étrangers ou à nos ennemis l’horreur qu’on nous fait subir, on peut s’en accommoder. Le peuple américain, lui, ne souffre pas de l’injustice causée par leur Président à leur encontre. Le peuple américain, pour se défendre contre l’abus des politiques, a le pouvoir législatif gravé dans la Constitution, ce qui n’est pas notre cas, ce choix ne nous a jamais été accordé. Depuis 30 ans il nous tyrannise sans répit. S’il fallait mettre à feu et à sang toute l’Égypte pour que le vieux puisse continuer à régner, il n’hésiterait pas à le commander. Mais qu’a-t-on fait à Dieu pour mériter un sort pareil? Qui nous affranchira de cet esclavage? Nous sommes un pays aux riches ressources mais nous mourrons de faim et les jeunes sont sans travail, malgré leurs diplômes universitaires. Les nations étrangères ont gardé le silence sur notre condition. Du moment que cela ne se passe pas chez eux. Ils viennent en vacances. Vacances en Tunisie, vacances en Égypte, et hop! retour à la maison comme si de rien n’était. On sort même les photos : ici en compagnie du Président Ben Ali, là; avec le fils de Moubarak. Nous ne faisons pas confiance à ces hypocrites, et les Américains n’en parlons pas!
 
Je réclame haut et fort le choix de mener ma vie comme je l’entends, comme n’importe quel européen, comme n’importe quels homme ou femme dans une société civilisée. Je ne bougerai pas de cette place tant que notre diktat -que Moubarak quitte le gouvernement- ne soit entendu et appliqué. On ne négocie pas cette exigence du peuple. Ensuite seulement, on présentera nos revendications. Toutes ces manigances, ces tractations et ces délais ne sont que des démonstrations éhontées de la part des responsables et de tous les complices dans les coulisses de la diplomatie. Les Occidentaux nous rabâchent les oreilles avec leurs valeurs démocratiques, mais que nos peuples tentent de se sortir de leur torpeur en réclamant pour eux ces valeurs, et les voilà qu’ils clignent des yeux, font la moue et bafouillent devant les médias leurs hésitations et leurs inquiétudes pour l’avenir.

Le hic, c’est qu’Israël n’est pas content. Le pays s’agite sur la scène internationale pour mettre des bâtons dans les roues de la révolte et empêcher le peuple de prendre le pouvoir. Il s’agit de faire échouer ce coup d’État populaire à tous prix. Et si les juifs ne sont pas contents, les Américains ne le sont pas non plus. Obama, cependant, dont on raconte qu’il a des affinités génétiques avec les Arabes, ne se plie pas aussi facilement que ses prédécesseurs à la volonté israélienne. C’est un Président tiède et naïf qui brouille les cartes géopolitiques. Mais les sionistes sont convaincus d’être dans leurs droits élitistes. Ceux-ci ont été déclarés par Dieu qui a abrogé ceux des Arabes. Ils envisagent par conséquent leurs relations dans un bras de fer haineux et le monde entier ressent alors le poids de cet inconfort. Pour les juifs, il est clair que le statut quo, la condition actuelle du peuple égyptien, les rassure.

Cette révolution, il est dorénavant clair que les Israéliens n’en souhaitent pas son succès. En outre, Moubarak incarne pour eux le politicien de prédilection. S’ils étaient tous comme lui, facile à graisser la patte, les dirigeants des pays arabes seraient riches comme Crésus. Et les juifs heureux. C’est bête à dire et je me tais-là, mais tout le monde sait que ce n’est que la pointe de l’iceberg.
 
Parenthèse
Je crois que c'est la première fois que je lis Marianne. J'ai trop été dégoûté par les agissements de la gauche durant la période rouge pour apprécier ce magazine à sa juste valeur, s'il en fût. Visitant mon beau-frère à Marseille, ce dernier m'a mis entre les mains une édition bourrée de bons articles. Je m'en suis inspiré pour écrire ce qui suit et l'inclure aux nombreux échanges que j'ai eus durant ma vidéo sur la manifestation à Montréal.

-Excuse-moi mais l’Égypte, la Tunisie ou la Libye, ce n'est pas l'Algérie. Chez nous, la religion fait partie du paysage culturel et social, mais c'est tout. La bigoterie ne nous prend pas la tête. Elle ne s'affiche pas comme un must tous azimuts. Et ne parlons pas de l'armée! En Algérie, elle représente la force politique principale, avec tous les malheurs que cela comporte. Je ne voudrais pas médire sur le peuple algérien, mais il part de beaucoup plus loin. En Tunisie, il a fallu un seul suicide au benzol pour provoquer une lame de fond irréversible, alors qu'en Algérie le décompte des suicidés en flammes s'allonge sans que le pays réagisse en puissance. Pourtant, c'est chez eux que tout aurait dû commencer... Ils ont peur et ils ont raison d'avoir peur, croient-ils. Parce que, entre autres, ils ne veulent pas donner des armes aux kabyles qui en profiteraient pour assoir leur indépendance. Ils se pensent plus fins, les kabyles. Ils croient qu'en passant de la religion musulmane à celle de la chrétienté, ils vont grandir! Ils raisonnent encore comme au XVIII siècle. Voir ma critique du film Le voyage de Nadia* qui vise directement la condition des femmes. Que d'insultes j'ai essuyées à la suite de mes propos pourtant tout à fait raisonnables. Dans certaines régions d'Algérie, la condition des femmes décrites dans le documentaire est comparable à celle du Moyen-Âge. Misérables algériennes, ce sont elles, soutenues par leurs sœurs des grandes villes, qui devraient mener la révolution dans ce pays aux mœurs attardés. J'écrivais dans ce pamphlet qu'elles ne devraient pas compter sur les hommes, ceux-là sont, pour la plupart, des lâches. En Algérie, comme ailleurs, la véritable rupture se fera grâce aux femmes ou ne se fera pas. Leur liberté constitue un rempart contre le fondamentalisme de quelque religion que ce soit. Et quand on dénonce leur sort comme je m'y prends, ils vous jettent à la porte manu militari. Ils préfèrent entendre le grand mufti d'Arabie Saoudite, l'autorité religieuse à son plus haut niveau "imaginal" comme dirait un penseur notoire de la philosophie islamique, feu Henry Corbin, haranguer les foules en dénonçant ces manifestations de révoltes comme "un complot de la part des ennemis de l'islam visant à les transformer en pays arriéré". C'est pour cette raison, remarque un journaliste perspicace -et je le répète avec sarcasme-, que le président Ben Ali s'est réfugié dans ce pays converti à la modernité.

* http://maroudiji.over-blog.fr/article-le-voyage-de-nadia-cinema-52799149.html
 
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