On pourrait croire que le brame ne concerne que les cerfs et pourtant
Une étude vient détablir que nous pouvions nous aussi réagir au seul son dune voix comme sil sagissait dun aphrodisiaque. Les yeux fermés, si nous écoutons quelquun parler, nous pouvons évaluer sa puissance physique. Au muscle près.
A la fin de lété, au début de lautomne, le cerf et le daim traversent une période de rut, dont les humains nentendent que les échos obsédants. Ces animaux qui brament à en perdre la raison, émettent un son appelé raire, plutôt désagréable, que lon pourrait comparer aux efforts dun vomissement humain. Leurs mugissement rauques résonnent dabord le matin et le soir au crépuscule. Mais au plus fort du rut, les mâles raient sans arrêt et empêchent de dormir les femmes et les hommes tourmentés par la solitude.
Au IXe siècle, la poétesse japonaise Ono no Komachi évoque la douleur de se retrouver seule, une nuit entière, alors que dans la forêt les cerfs en rut poussent leur cri lancinant: «Il languit de sa biche / le cerf et tandis quil brâme / la nuit avance / Lamour sans retour / nest pas seulement mon lot». Presque mille ans plus tard, le client dun bordel de Yoshiwara (le quartier rouge dEdo, actuellement Tokyo) exhale la même plainte en écoutant les cris de jouissance qui montent de la chambre voisine: «Entendre des pleurs / et demeurer solitaire / la première rencontre». La courtisane quil voulait soffrir lui bat froid. Il nen est quà son premier rendez-vous et, selon les lois du Quartier "des saules et des fleurs", elle a parfaitement le droit de se refuser à lui Pourquoi sen priverait-elle? Ne sera-t-elle pas condamnée, comme toutes les femmes, à souffrir aussi mille morts en attendant un amant infidèle? Cest chacun son tour dans ce monde éphémère A chaque saison, tantôt lhomme, tantôt la femme, souffre dêtre abandonné en écoutant les bruits que font dautres êtres vivants agités par la passion.
Au XVIIIe siècle, les poèmes érotiques ne manquent jamais de comparer les «sentiments amoureux à ceux dun cerf», comme dans ce manuel illustré dimages pornographiques, lAube au Printemps (éd. Picquier), traduit par André Geymond : «Dans la lumière des feux / lété sur la plaine, le cerf / pousse son cri damour / Comme lui, tourmenté par le feu de mes pensées / je souffre».
A la fin de lété, au début de lautomne, le cerf et le daim traversent une période de rut, dont les humains nentendent que les échos obsédants. Ces animaux qui brament à en perdre la raison, émettent un son appelé raire, plutôt désagréable, que lon pourrait comparer aux efforts dun vomissement humain. Leurs mugissement rauques résonnent dabord le matin et le soir au crépuscule. Mais au plus fort du rut, les mâles raient sans arrêt et empêchent de dormir les femmes et les hommes tourmentés par la solitude.
Au IXe siècle, la poétesse japonaise Ono no Komachi évoque la douleur de se retrouver seule, une nuit entière, alors que dans la forêt les cerfs en rut poussent leur cri lancinant: «Il languit de sa biche / le cerf et tandis quil brâme / la nuit avance / Lamour sans retour / nest pas seulement mon lot». Presque mille ans plus tard, le client dun bordel de Yoshiwara (le quartier rouge dEdo, actuellement Tokyo) exhale la même plainte en écoutant les cris de jouissance qui montent de la chambre voisine: «Entendre des pleurs / et demeurer solitaire / la première rencontre». La courtisane quil voulait soffrir lui bat froid. Il nen est quà son premier rendez-vous et, selon les lois du Quartier "des saules et des fleurs", elle a parfaitement le droit de se refuser à lui Pourquoi sen priverait-elle? Ne sera-t-elle pas condamnée, comme toutes les femmes, à souffrir aussi mille morts en attendant un amant infidèle? Cest chacun son tour dans ce monde éphémère A chaque saison, tantôt lhomme, tantôt la femme, souffre dêtre abandonné en écoutant les bruits que font dautres êtres vivants agités par la passion.
Au XVIIIe siècle, les poèmes érotiques ne manquent jamais de comparer les «sentiments amoureux à ceux dun cerf», comme dans ce manuel illustré dimages pornographiques, lAube au Printemps (éd. Picquier), traduit par André Geymond : «Dans la lumière des feux / lété sur la plaine, le cerf / pousse son cri damour / Comme lui, tourmenté par le feu de mes pensées / je souffre».