En vingt-quatre heures, deux maires socialistes ont claqué la porte du PS. Deux cas isolés qui illustrent pourtant le malaise des élus locaux face au gouvernement
Si l’affaire Leonarda a fragilisé un peu plus encore la majorité présidentielle, les choix économiques du gouvernement ne favorisent pas non plus la paix des ménages au sein du Parti socialiste. Ce n'est pas nouveau. Mais cette semaine, en à peine vingt-quatre heures, la grogne a viré au règlement de compte : deux élus ont ainsi claqué la porte du PS et rendu leur carte.
Si l’affaire Leonarda a fragilisé un peu plus encore la majorité présidentielle, les choix économiques du gouvernement ne favorisent pas non plus la paix des ménages au sein du Parti socialiste. Ce n'est pas nouveau. Mais cette semaine, en à peine vingt-quatre heures, la grogne a viré au règlement de compte : deux élus ont ainsi claqué la porte du PS et rendu leur carte.
Mercredi, c’est Philippe Esnol, le sénateur-maire de Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, ce fief socialiste dirigé pendant 17 ans par Michel Rocard, qui a dégainé le premier. Excédé par la gestion du cas Leornada, il a plié bagages et rejoint le PRG de Jean-Michel Baylet. Proche de Manuel Valls, le parlementaire a particulièrement mal vécu les attaques portées contre le ministre de l’Intérieur. Et l’a fait savoir, expliquant qu'il quittait rien d'autre qu'un "parti d’apparatchiks incapables de se faire élire localement", et motivés par leurs seuls "intérêts personnels".
Le lendemain, David Derrouet, le maire de Fleury-Merogis dans l’Essonne, lui emboîtait le pas et envoyait à son tour le PS sur les roses. En désaccord total sur les orientations budgétaires du gouvernement, il a annoncé son départ sur sa page Facebook : "La loi de finances 2014 est une catastrophe. Je ne suis pas schizophrène donc il y a un moment pour tenter de faire bouger les orientations gouvernementales, et un moment où il faut tirer des conclusions." Au micro de France Bleu il se dit d’ailleurs " trahi", estimant que cette loi de finance est "contraire aux engagements pris pendant la compagne électorale".
Pis, selon le maire de Fleury-Merogis, François Hollande "se comporte comme un monarque républicain", étant à la fois chef de l’Etat et Premier ministre.
Reste à comprendre. Ces deux départs traduisent-ils un véritable malaise au sein du PS ? Qui pourrait se traduire, comme l’avance David Derrouet, par une "hémorragie d’élus" après les municipales ? Ou s’agit-il de deux cas isolés, dont les motivations seraient avant tout personnelles et électorales ? En off, si au PS certains raillent "les rats qui quittent le navire", un membre de la direction indique : "On peut partir, mais au moins avec décence. Surtout quand on a été élu grâce au Parti socialiste."
Pourtant il serait illusoire de croire que tout va bien au PS, comme le confirme Marie-Noëlle Lienemann, la sénatrice de Paris et membre de l’aile gauche du PS. A ses yeux, ces deux départs sont un "mauvais signe". "Quand on n’arrive pas à se rassembler autour de perspectives d’avenir, chacun est tenté par l’aventure personnelle. Ici, le sauve-qui peut électoral ; là, le désaccord parce qu’on n’a pas été désigné. Aujourd'hui, il ne suffit plus d’appeler à la cohésion par l’autorité. Il est urgentissime de changer de cap."
Stéphane Delpeyrat, le vice-président du Conseil régional d’Aquitaine et secrétaire national du PS à la Recherche, ne dit pas autre chose. S’il ne cautionne pas les propos de David Derrouet et Philippe Esnol, il ne nie pas l’importance du malaise dans les rangs socialistes. Et la perte des huit dernières législatives sur huit n'est que le sommet de l'iceberg : "C’est vrai qu’il y a une exaspération des élus locaux. Ils sentent bien que la politique du gouvernement les amène à des problèmes sérieux pour les municipales. Une majorité d’élus souhaite que l’on donne des signes clairs et concrets à notre électorat. Lors des dernières élections partielles, on a surtout constaté un effondrement du vote de gauche. Il faut réajuster la politique pour le pouvoir d’achat."
Surtout, pour Stéphane Delpeyrat, comme pour Marie-Noëlle Lienemann, l'exécutif ne doit pas attendre les municipales pour changer de cap: "Il n'y a pas besoin d'attendre qu'on prenne une claque." Comme diraient les astronautes d'Apollo 13 : "Houston, on a un problème."
http://www.sudouest.fr/2013/10/25/parti-socialiste-houston-on-a-un-probleme-1210850-5137.php