il est jardins (jannât), le pluriel soulignant ici l’abondance.
De fait, l’eau y coule à flots : fleuves, fontaines et sources,
Près de 40 occurrences désignent les premiers,
dont 33 dans : (jannât tajrî min tahtihâ al-anhâr).
L'eau, la source du Paradis
Un même mot, ‘ayn désigne fontaines et sources.
Il existe ainsi deux fontaines au paradis, qui portent des noms propres : Salsâbîl (s. 76, v. 18) et Tasnîm (s. 83, v. 27-28).
A l’image du paradis, figé dans sa perfection éternelle, cette eau est « inaltérable » (ghayr âsin, s. 47, s. 15).
elle participe de l’essence du paradis, comme le souligne le parallélisme de ces trois formules où l’eau et le bonheur sont donnés pour équivalents : « Les pieux seront dans des jardins au sein de la félicité/de sources/des fleuves » (na‘îm, s. 52, v. 17 ; ‘uyûn, s. 15, v. 45 ; et nahr, s. 54, v. 54).
Expression de la miséricorde divine
enfin, à la multitude des sources paradisiaques
s’oppose l’unique source de l’enfer (qui est « bouillante », s. 88, v. 5).
Dans un mouvement vertical qui n’est pas sans rappeler celui de la Révélation,
la pluie représente ici-bas l’eau paradisiaque :
elle est eau fertilisante que Dieu fait descendre du ciel.
L’idée de fécondité devient dès lors prégnante.
De la terre, Dieu a ainsi fait surgir « l’eau et les pâturages » (79v31), ainsi que des sources (s. 26, v. 134). Il y a aménagé des fleuves (18v33 ; 13v3) qu’il a mis au service des hommes.
Enfin, Il a « fait confluer les deux mers, dont l’une est douce et agréable, l’autre est salée et saumâtre » (s. 25, v. 53), qui, sans doute, figurent ici-bas la contiguïté du bien et du mal, entre lesquels « une barrière infranchissable » est pourtant établie (s. 25, v. 54).
Détruire et purifier, les deux vertus de l'eau
Bienfait, l’eau est aussi signe de la miséricorde divine.
Dès lors, celui qui invoque les idoles plutôt que Dieu l’Unique le fait-il « en pure perte », car « l’homme assoiffé qui se contente de tendre les deux mains vers l’eau ne réussira jamais à la faire parvenir à sa bouche ». 13v 24v
C’est pourquoi l’eau est promesse d’abondance ici-bas avant de l’être dans l’au-delà :
Noé promet à son peuple « jardins et rivières » (s. 71, v. 13),
dans l’espoir qu’il croira en Dieu et soit ainsi sauvé.
Lors même que l’eau est puissance destructrice, elle est, en dernière analyse, l’instrument d’une purification.
Pharaon et son armée ont été engloutis par les eaux, mais Moïse et son peuple, sauvés.
Le Déluge, en supprimant toute forme de vie à la surface de la terre, a permis néanmoins de la purifier et de la régénérer : humains meilleurs et animaux choisis pourront de nouveau y croître et multiplier.
C’est ainsi que, cinq fois par jour, la purification rituelle des ablutions rappelle au musulman qui l’effectue l’élévation spirituelle vers laquelle il doit inlassablement tendre.