Cyclisme : la championne néozélandaise Olivia Podmore décède, la santé mentale des athlètes en question

Quelques heures avant d’être retrouvée mort, la cycliste de 24 ans avait évoqué le poids des désillusions dans son sport. La fédération de cyclisme veut revoir toute son aide apportée aux sportifs.​


La cycliste néo-zélandaise Olivia Podmore a été retrouvée morte lundi, quelques heures après avoir publié sur Instagram un message sur les pressions de la compétition de haut niveau. La jeune femme a représenté la Nouvelle-Zélande aux Jeux olympiques de 2016 à Rio, aux Jeux du Commonwealth de 2018, et a participé aux Championnats du monde l’année dernière. Qualifiée, elle ne faisait pas partie de l’équipe néo-zélandaise aux Jeux de Tokyo qui se sont achevés dimanche, veille de sa mort.

La cause du décès de la jeune femme n’a pas été révélée. « Le coroner rendra ses conclusions en temps voulu », a fait savoir le porte-parole de la police de Waikato, qui avait répondu lundi soir à un « appel de mort subite » à Cambridge.

Dans un post Instagram publié lundi, et supprimé depuis, l’athlète avait souligné les difficultés de la compétition au plus haut niveau. « Le sport est un exutoire incroyable pour tant de gens, c’est une lutte, c’est un combat mais c’est tellement joyeux », écrivait-elle en commentaire d’une photo souriante. « Le sentiment lorsque vous gagnez ne ressemble à aucun autre, mais le sentiment lorsque vous perdez, lorsque vous n’êtes pas sélectionné même si vous vous qualifiez, lorsque vous êtes blessé, lorsque vous ne répondez pas aux attentes de la société telles que posséder une maison, un mariage, des enfants, tout cela parce que [vous] essayez de tout donner à votre sport, ne ressemble également à aucun autre », a-t-elle écrit.

« L’héritage d’Olivia doit être que nous y apportions des améliorations »​

L’émoi provoqué par sa disparition est immense. Le champion olympique d’aviron Eric Murray, qui était l’un de ses proches amis, a paru très ému lorsqu’il a expliqué, lors d’une conférence de presse, qu’Olivia ne trahissait aucun signe de tumulte intérieur lorsqu’il l’avait vue, quelques heures avant sa mort. « J’étais avec elle hier à cette heure-ci et j’aurais aimé qu’elle dise quelque chose », a-t-il dit mardi. « Nous avons perdu une sœur, une amie et une combattante qui a perdu cette volonté de se battre. Si vous l’aviez vue au cours des 72 dernières heures, vous n’auriez pas pensé que cela pouvait arriver ».

Selon le Herald de Nouvelle-Zélande, citant des responsables sportifs, Olivia Podmore avait demandé un soutien psychologique. On ignore si elle avait reçu une réponse.

Mais à l’heure où de grands sportifs ne cachent plus leurs difficultés psychologiques - on a vu la joueuse de tennis Naomi Osaka quitter Roland Garros pour préserver sa santé mentale, mise à mal par le marathon médiatique qu’on lui imposait, ou la gymnaste américaine Simone Biles se retirer de la plupart des épreuves à Tokyo pour se préserver - la fédération néo-zélandaise de cyclisme a annoncé qu’elle allait revoir son soutien aux athlètes en matière de santé mentale. « Pour l’instant, il s’agit pour nous de nous concentrer sur le bien-être des personnes qui sont ici et qui doivent faire face à cette perte », a déclaré Jacques Landry, directeur général de Cycling New Zealand, lors d’une conférence de presse, alors que l’équipe olympique rentre du Japon. « Il y aura un temps pour nous de regarder si et où nous aurions commis des faux pas ou si nous n’avons pas agi correctement ».

Raelene Castle, directrice du programme gouvernemental pour le sport, Sport NZ, a reconnu que le soutien apporté aux sportifs de haut niveau était insuffisant. « L’héritage d’Olivia doit être que nous y apportions des améliorations », a-t-elle déclaré aux journalistes.

 
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