Dans le Var, une polémique entre une députée RN et une enseignante vire au cyberharcèlement

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Les faits remontent au 4 février dernier, rapportent nos confrères du journal Le Monde. Lors d’un cours de droit public à Draguignan (Var), Hélène Hurpy, enseignante-chercheuse, commente un tract du syndicat "La Cocarde étudiante", une organisation classée à l’extrême droite.

Le tract milite pour la suppression des bourses d’excellence accordées aux étudiants étrangers.

L’universitaire explique alors à ses étudiants que cette revendication va à l’encontre de plusieurs textes fondamentaux, notamment l’article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme et l’article 1er de la Constitution française. "C’est pour cela qu’il y a des partis politiques qui sont à traiter en l’occurrence différemment d’autres partis politiques", a-t-elle alors déclaré.

Le RN s'est senti "évidemment visé"​

Quelques heures plus tard, la députée RN du Var, Laure Lavalette, publie sur X (ex-Twitter) un extrait audio de ce cours, affirmant avoir reçu des signalements d’étudiants "scandalisés". La vidéo est ensuite relayée et l'universitaire, accusée de "militantisme" et de "propagande anti-RN".

Les propos diffusés sont sortis de leur contexte : dans l'extrait, la professeure ne mentionne jamais explicitement le Rassemblement national.

Pourtant, l’entourage de la députée affirme, auprès de France 3 Côte d’Azur, s’être "évidemment senti visé" : "ce n’est clairement pas du Nouveau Front Populaire qu’elle parlait".

L’entourage de Laure Lavalette assure qu’il n’y avait "aucune volonté de nuire" et que la publication a été rapidement supprimée.

Ce n’était pas l’objectif. Il s’agissait d’un reproche sur le fond politique de cette prise de parole. On condamne évidemment toute forme d’attaque contre cette personne.

Entourage de Laure Lavalette, députée RN du Var
à France 3 Côte d'Azur
En relayant cet enregistrement hors contexte, Laure Lavalette aurait-elle designé une cible à sa base militante ? "En faisant cela, je n’avais pas conscience de tomber dans un piège", a déclaré au Monde l'enseignante-chercheuse, qui rappelle que ces tracts se sont trouvés sur son bureau à son arrivée.

L'entourage de la députée du Var nous assure que le RN respecte la "liberté absolue" des professeurs, mais dénonce, dans le même temps, des propos "outranciers et choquants" : "la députée ne pouvait pas laisser passer un truc pareil", nous explique-t-on.

Étudiants et opposants politiques se mobilisent​

Face à cette attaque, des voix se sont élevées pour soutenir Hélène Hurpy, à commencer par les étudiants de l’université de Toulon (dont dépend le campus de Draguignan). Ils dénoncent une "cabale infondée [qui] constitue une atteinte intolérable à la liberté académique, pilier fondamental de toute université digne de ce nom", rappelant que l’université n’est, "ni un terrain de chasse pour les idéologies, ni un espace soumis aux diktats d’une minorité réactionnaire en quête d’emprise".

Le Parti communiste français (PCF) a, quant à lui, publié un communiqué rappelant que cette affaire évoque les "méthodes iniques qui ont amené au lynchage sur les réseaux et au meurtre de Samuel Paty".

Sur ce point, l’article L134-1 du Code de la fonction publique prévoit la protection des agents publics victimes de menaces, outrages ou attaques dans l’exercice de leurs fonctions. Une circulaire du 2 novembre 2020 sur la protection des personnels de l’éducation a renforcé cette protection après l’assassinat de Samuel Paty.

Face aux attaques visant Hélène Hurpy, l’Université de Toulon a donc réagi en lui accordant la protection fonctionnelle. Une mobilisation est prévue devant la faculté de droit de Toulon, ce jeudi 13 février à 17h, pour défendre la liberté académique et dénoncer les tentatives d’intimidation.

 
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