David Grossman, l'un des romanciers les plus fins et les plus talentueux d'Israël, incarne la conscience de son pays. Alors que sort son dernier roman en France, L'Express l'a rencontré.
Ses ennemis le décrivent comme un gauchiste idéaliste et crédule, partisan d'une paix définitive entre Israéliens et Palestiniens, souvent désirée, toujours reportée. Comme ils se trompent... Depuis plus de vingt ans, David Grossman est l'un des romanciers les plus fins et les plus talentueux d'Israël. Par ses essais et ses interventions publiques, il incarne aussi, parfois, la conscience de son pays. Dans son dernier opus, publié le 18 août en France (1), il déploie toute son intelligence de l'esprit et de l'âme, appuyée par une écriture d'une richesse inouïe. Une femme fuyant l'annonce a été salué comme un chef-d'oeuvre lors de sa parution en Israël, puis dans le monde anglophone. Grave et majestueux comme une suite pour violoncelle seul de Bach, c'est un roman d'une portée universelle. Son plus beau.
En 2006, vous aviez presque achevé l'écriture de votre livre, Une femme fuyant l'annonce (Seuil), quand vous avez appris la mort de votre fils cadet, Uri, tué dans les derniers jours du conflit au Liban. La réalité rejoignait la fiction : le personnage principal de votre ouvrage est une femme qui abandonne son domicile afin que personne ne frappe à la porte pour lui annoncer le décès de son fils, cette nouvelle qu'elle redoute par-dessus tout... L'acte d'écrire, avant et après le drame, vous a-t-il aidé à penser l'impensable ?
La littérature permet de mettre des mots sur l'impensable, même quand les événements sont moins douloureux que ceux que vous décrivez. Enfant, déjà, je voulais pouvoir discuter de tout. Mes parents et leurs amis évitaient de parler devant moi de la Shoah ; cette absence de parole me hantait.
http://www.lexpress.fr/actualite/mo...ossman-ecrire-me-permet-de-vivre_1020079.html
Ses ennemis le décrivent comme un gauchiste idéaliste et crédule, partisan d'une paix définitive entre Israéliens et Palestiniens, souvent désirée, toujours reportée. Comme ils se trompent... Depuis plus de vingt ans, David Grossman est l'un des romanciers les plus fins et les plus talentueux d'Israël. Par ses essais et ses interventions publiques, il incarne aussi, parfois, la conscience de son pays. Dans son dernier opus, publié le 18 août en France (1), il déploie toute son intelligence de l'esprit et de l'âme, appuyée par une écriture d'une richesse inouïe. Une femme fuyant l'annonce a été salué comme un chef-d'oeuvre lors de sa parution en Israël, puis dans le monde anglophone. Grave et majestueux comme une suite pour violoncelle seul de Bach, c'est un roman d'une portée universelle. Son plus beau.
En 2006, vous aviez presque achevé l'écriture de votre livre, Une femme fuyant l'annonce (Seuil), quand vous avez appris la mort de votre fils cadet, Uri, tué dans les derniers jours du conflit au Liban. La réalité rejoignait la fiction : le personnage principal de votre ouvrage est une femme qui abandonne son domicile afin que personne ne frappe à la porte pour lui annoncer le décès de son fils, cette nouvelle qu'elle redoute par-dessus tout... L'acte d'écrire, avant et après le drame, vous a-t-il aidé à penser l'impensable ?
La littérature permet de mettre des mots sur l'impensable, même quand les événements sont moins douloureux que ceux que vous décrivez. Enfant, déjà, je voulais pouvoir discuter de tout. Mes parents et leurs amis évitaient de parler devant moi de la Shoah ; cette absence de parole me hantait.
http://www.lexpress.fr/actualite/mo...ossman-ecrire-me-permet-de-vivre_1020079.html
Les "printemps arabes" vous donnent-ils espoir ?
Ce sont des développements impressionnants, surtout chez nos voisins égyptien et syrien. Beaucoup de mes compatriotes se félicitaient que ces pays soient dirigés par des dictateurs, qui sauraient imposer un éventuel accord de paix à leurs peuples respectifs. Quant à moi, je préfère négocier avec des peuples libres. La question à laquelle personne ne peut répondre, à commencer par mes amis égyptiens, c'est de savoir si cet élan démocratique sera durable. J'aime l'idée, en tout cas, qu'une révolution, venue de la société elle-même, agite Le Caire et qu'elle n'ait rien à voir avec Israël. C'est encourageant.