Tribune Libre - Girard Youssef
« Et cest ainsi que Nous tavons révélé un Coran arabe, afin que tu avertisses Oum al-Qoura [la Mecque] et ses alentours » (Coran 42:7)
Dans lhistoire de la civilisation arabo-islamique, le mouvement de la shuubiyya (1) fut une réaction anti-arabe qui se développa à partir du VIIIème siècle de lère chrétienne et qui attint son apogée au IXème siècle en Iraq. Réaction au développement de la culture arabo-islamique dans différents domaines, le mouvement de la shuubiyya fut portée par les kuttâb dorigine Perse, Araméenne ou Copte qui vivaient en concurrence ethno-sociale avec leur environnement arabe. Selon al-Jahiz (776-869), les kuttâb (2) distillaient de « pompeuses maximes persanes » et dénigraient la tradition arabo-islamique alors que, socialement, ils étaient entièrement dépendants de leurs employeurs arabes. Cette contradiction entre leurs références culturelles et leur position sociale expliquait leur ressentiment anti-arabe.
Les partisans de la shuubiyya faisaient la promotion de lidée de suprématie des non-arabes en déniant aux Arabes toute importance dans le passé comme dans le présent. Les shuubites dénigraient les Arabes en les attaquant sur différents plans. Par exemple, ils affirmaient que les arts et les sciences étaient uniquement le produit des cultures grecques ou indiennes car les Arabes ne leur avaient strictement rien apportés. Les partisans de la shuubiyya critiquaient aussi les méthodes militaires « rudimentaires » des Arabes comparées à celles des Sassanides ou des Byzantins quils avaient pourtant largement dominés sur le champ de bataille. Ils dénigraient également leurs origines bédouines dénuées de raffinement car, selon les shuubites, seuls les Perses ou les Byzantins étaient capables déloquence, de bonne conduite ou de délicatesse.
En raison de leurs arguments bien trop rudimentaires, les partisans de la shuubiyya nont pas constitué une réelle menace pour lunité de lEmpire abbasside (750-1258). Toutefois, ils ont pesé sur les orientations futures du monde arabo-islamique en essayant den remodeler les institutions et les valeurs politiques et sociales existantes. Pour al-Jahiz, lune des principales figures de lopposition à la shuubiyya, le danger principal de ce mouvement résidait dans lattaque de lislam sabritant derrière le masque mystifiant de la critique virulente des Arabes. En dautres termes, en attaquant les Arabes les partisans de la shuubiyya visaient lislam qui avait permis aux Arabes de bâtir une civilisation florissante. De ce fait, la réponse au mouvement de la shuubiyya fut à la fois arabe et islamique. A la suite de laction dal-Jahiz et dautres, la shuubiyya fut finalement réduite à néant en Iraq.
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http://hoggar.org/index.php?option=...-lhexagone&catid=185:girard-youssef&Itemid=36
« Et cest ainsi que Nous tavons révélé un Coran arabe, afin que tu avertisses Oum al-Qoura [la Mecque] et ses alentours » (Coran 42:7)
Dans lhistoire de la civilisation arabo-islamique, le mouvement de la shuubiyya (1) fut une réaction anti-arabe qui se développa à partir du VIIIème siècle de lère chrétienne et qui attint son apogée au IXème siècle en Iraq. Réaction au développement de la culture arabo-islamique dans différents domaines, le mouvement de la shuubiyya fut portée par les kuttâb dorigine Perse, Araméenne ou Copte qui vivaient en concurrence ethno-sociale avec leur environnement arabe. Selon al-Jahiz (776-869), les kuttâb (2) distillaient de « pompeuses maximes persanes » et dénigraient la tradition arabo-islamique alors que, socialement, ils étaient entièrement dépendants de leurs employeurs arabes. Cette contradiction entre leurs références culturelles et leur position sociale expliquait leur ressentiment anti-arabe.
Les partisans de la shuubiyya faisaient la promotion de lidée de suprématie des non-arabes en déniant aux Arabes toute importance dans le passé comme dans le présent. Les shuubites dénigraient les Arabes en les attaquant sur différents plans. Par exemple, ils affirmaient que les arts et les sciences étaient uniquement le produit des cultures grecques ou indiennes car les Arabes ne leur avaient strictement rien apportés. Les partisans de la shuubiyya critiquaient aussi les méthodes militaires « rudimentaires » des Arabes comparées à celles des Sassanides ou des Byzantins quils avaient pourtant largement dominés sur le champ de bataille. Ils dénigraient également leurs origines bédouines dénuées de raffinement car, selon les shuubites, seuls les Perses ou les Byzantins étaient capables déloquence, de bonne conduite ou de délicatesse.
En raison de leurs arguments bien trop rudimentaires, les partisans de la shuubiyya nont pas constitué une réelle menace pour lunité de lEmpire abbasside (750-1258). Toutefois, ils ont pesé sur les orientations futures du monde arabo-islamique en essayant den remodeler les institutions et les valeurs politiques et sociales existantes. Pour al-Jahiz, lune des principales figures de lopposition à la shuubiyya, le danger principal de ce mouvement résidait dans lattaque de lislam sabritant derrière le masque mystifiant de la critique virulente des Arabes. En dautres termes, en attaquant les Arabes les partisans de la shuubiyya visaient lislam qui avait permis aux Arabes de bâtir une civilisation florissante. De ce fait, la réponse au mouvement de la shuubiyya fut à la fois arabe et islamique. A la suite de laction dal-Jahiz et dautres, la shuubiyya fut finalement réduite à néant en Iraq.
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