De Toulouse à Gaza - Les nanotechnologies, ça sert à faire la guerre

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De Toulouse à Gaza - Les nanotechnologies, ça sert à faire la guerre

19 janvier 2009 par Pièces et main d’œuvre

Pour comprendre ce que signifie l’inégalité technologique, il est loisible à ceux qui ont manqué la conquête de l’Amérique (1492) ou du Far West (XIXe siècle), de contempler les trois semaines de guerre écoulées à Gaza. Mille morts d’un côté, une dizaine de l’autre. Dieu est avec les bataillons technologiques. Au temps pour les champions de la "guerre asymétrique". Mais comment appeler "guerre" ce qui n’est qu’une opération de police, dans la tradition des massacres sociaux et coloniaux. Israël a le pouvoir technologique, et l’on se moque d’être hué depuis des décennies par toute la planète, dans la rue ou à la tribune de l’ONU, lorsque l’on dispose du gourdin technologique.

Qui plus est, ce gourdin, grâce à la collaboration de chercheurs américains, français, grenoblois, toulousains, emploie les dernières percées des nanotechnologies. Comme leur main droite ignore ce que fait leur main gauche, cela n’empêche pas ces mêmes chercheurs de manifester contre l’État d’Israël, qu’ils contribuent à armer, et pour les populations de Gaza, qu’ils contribuent à massacrer. Les technosciences sont neutres, n’est-ce pas ? Tout dépend de leur usage, et les chercheurs vendraient leurs services au Hamas, si le Hamas avait de quoi les payer.

C’en est au point d’inconscience qu’une manifestation du Comité Jaffa Toulouse proteste ce lundi 19 janvier 2009 contre la tenue d’un séminaire franco-israélien sur les nanotechnologies à Toulouse, sans dire un mot des nanotechnologies et de la guerre que celles-ci mènent chaque jour au vivant. Dans leurs applications militaires, comme à Gaza, ou civiles (RFID, homme-machine, société de contrainte), les technologies profitent toujours au pouvoir dans sa lutte contre les sans-pouvoirs. La ligne de front n’est pas sur les frontières mais aux grilles des laboratoires.

Attaquer la Bande de Gaza pour y détruire infrastructures, caches, tunnels, dépôts d'armes et y tuer plus d'un millier de Palestiniens a coûté dix vies à l'armée israélienne depuis le 27 décembre 2008. Si peu que le soutien de l'opinion israélienne à son gouvernement reste entier, quoi qu'objectent les Nations Unies et le reste du monde.

Dans sa guerre aux Palestiniens, Israël peut presque tout, ses soldats ne risquent presque rien. Ce qui l'emporte, à Gaza comme ailleurs, c'est la technologie. Échantillon de l'arsenal techno-militaire israélien :

- vidéosurveillance "intelligente" de la Bande de Gaza : caméras couplées à la biométrie pour la reconnaissance faciale, fournies par la société américaine Visionics1 ;
- drones : avions sans pilote utilisés depuis longtemps par Israël pour la surveillance ;depuis mars 2006,EADS et l'IAI (Israeli Aircraft Industries) coopèrent pour la production de drones, dans le cadre de l'opération "Système intérimaire de drones mâles" (SDIM)2 ;
- "frelon bionique" : minuscule robot capable de pister, détecter et tuer une cible dans des zones difficiles d'accès, grâce à ses composants nanotechnologiques – développé depuis 2006 ;
- nano-armes et poussières de surveillance : en novembre 2006, "le Premier ministre israélien Ehud Olmert a donné son feu vert à la création d’un bureau spécial chargé de superviser le développement d’armes hyper-sophistiquées s’appuyant sur la nanotechnologie, a indiqué vendredi le quotidien Yédiot Aharonot. Coiffé par le vice-Premier ministre Shimon Peres, ce bureau réunira une quinzaine des meilleurs
experts israéliens du monde universitaire et de la haute technologie chargés de mettre au point des armes futuristes. Celles-ci devraient notamment constituer une réponse aux tirs palestiniens de roquettes, aux attaques suicide, aux missiles balistiques ou aux armes non conventionnelles. M. Peres projette une tournée mondiale pour collecter des centaines de millions de dollars afin de financer ces recherches, évoquant parfois la science-fiction. Il a ainsi récemment révélé la nature de certaines de ces armes secrètement mises au point. Il a fait état de "perles de la connaissance", un système de mini-senseurs dispersés en territoire
ennemi pour collecter des informations. Un mini-robot serait capable d’opérer à la manière d’un drone pour photographier l’ennemi en secteur urbain, notamment dans d’étroites ruelles, perturber ses télécommunications, voire liquider des activistes armés. Grâce à un gant ou une veste "Steve Austin", du nom du héros aux prothèses "bioniques" d’une série télévisée américaine, les soldats israéliens pourraient défoncer des portes d’un coup de poing ou soulever des poids énormes. Un revêtement spécial de particules
nanométriques pourrait protéger les fantassins ou les véhicules militaires contre des tirs d’armes automatiques ou des roquettes anti-chars. Enfin, il est aussi question de mini-senseurs installés dans les secteurs publics capables de repérer un kamikaze transportant des explosifs."

Les nanotechnologies, ça sert à faire la guerre. Rien de neuf, sauf pour les gogos qui croient pouvoir distinguer les "bonnes" et les "mauvaises applications" des nanotechnologies. Le CEA et le cabinet Alcimed confirment en 2004 ce que les opposants aux nécrotechnologies affirment depuis des années : "les nanotechnologies sont par nature duales". Civiles ET militaires. À Tel Aviv comme à Grenoble et à
Toulouse.

Tandis qu'à longueur d'année les chercheurs français et les supporters de "Sauvons la Recherche" abusent le public sur la séparation entre recherches civiles et militaires et tentent d'accréditer l'existence d'une recherche fondamentale pure, imperméable aux objectifs industriels et militaires, Israël, en perpétuelle alerte militaire,investit 4,5 % de son PIB dans la "recherche & développement" civile (hélas les chiffres militaires sont indisponibles), et compte la plus forte densité mondiale de personnels de R&D rapportés à la population (13.8 %)5. C'est que État israélien, lui, reconnaît dans les technologies l'actuel front de la guerre entre pouvoir et sans-pouvoirs et sait que les chercheurs sont indispensables à sa suprématie régionale.

Comme le dit Dominique Bourra, ancien directeur de la Chambre de Commerce France-Israël et patron de la boîte israélienne NanoJV : "Avant de trouver leur application dans le domaine civil (…) les principales innovations proviennent le plus souvent des fruits de la recherche militaire, parfois même des « unités ad hoc de l’armée israélienne »." Et selon lui, la technologie est le meilleur "bouclier de l'État hébreu".

On ne saurait mieux dire : la technologie, c'est la guerre par d'autres moyens.


(Pour lire le texte intégral,
cliquer sur : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/De_Toulouse_a_Gaza.pdf)
 
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