Fitra
Allah, Souria, Houria wa bass
http://www.marieclaire.fr/,dealers-...ites-nouvelle-activite-florissante,841779.asp
“Ça rapporte bien” : le proxénétisme est devenu dans les cités chaudes la nouvelle activité florissante, après le trafic de drogues et les braquages. Des filles perdues qui rêvent d’ascension sociale se projettent en Zahia et sont récupérées par des caïds ahuris par la facilité de ce commerce pour eux égal aux autres. Enquête sur ces jeunes proxénètes et “leurs filles”.
Ryan est passé du haschich aux filles, sans états d’âme. Il y a un an, échaudé par une garde à vue, le petit dealer décide de se reconvertir : J’en avais marre d’avoir les flics au ***. Des copains m’ont dit que la prostitution c’était moins dangereux et que ça rapportait bien.
Et même au-delà de ses espérances : à 23 ans, Ryan gagne 1 500 €/ jour grâce aux trois jeunes filles qui travaillent pour lui, à raison d’une dizaine de passes quotidiennes tarifées 100 €/demi-heure. Parmi ses recrues, Nina, rencontrée lors d’une soirée avec des copains dans un bar à striptease. Sagement assise à côté de son souteneur, dans un café en banlieue parisienne, la jeune femme de 22 ans raconte sa vie d’avant : elle a été mise à la porte par ses parents, musulmans pratiquants, quand ils ont découvert qu’elle était enceinte d’un homme aux abonnés absents.
...
Farid, la quarantaine, voyou à l’ancienne d’une cité de Seine-Saint-Denis, n’en revient pas.
Ça cartonne dans les tiéquars !
confirme-t-il, choqué de ce succès. « Pour notre génération, c’était la honte d’être un maquereau. Aujourd’hui, les petits jeunes n’ont plus de limites : ils dealent de l’héro et font tapiner leurs copines. » Une nouvelle génération de délinquants, opportunistes et avides de se faire une place au soleil. « Les réseaux de drogue sont saturés, tandis que le braquage ou l’escroquerie demandent une certaine expertise et ne sont pas à la portée de tous. Le trafic de filles reste le plus simple à organiser », analyse Jean- Marc Droguet, chef de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH). « Le proxo, c’est génial », ironise le capitaine Thomas, à la Brigade de répression du proxénétisme (BRP) : pas de « matière première » à acheter, aucun investissement de départ et, à la clé, un « bénéfice monstrueux ». Car le trafic d’être humain reste l’un des crimes les plus rentables au monde : trois milliards d’euros ont été dépensés en France en 2014 pour des actes sexuels tarifés, selon le Mouvement du Nid. De quoi susciter des vocations.
...
A peine tique-t-elle quand son proxénète affirme que c’est de l’argent « vite gratté, les bras croisés ». D’une voix hésitante, la jeune femme oppose que, quand même, ce n’est pas si facile pour elle. Nina peine à évoquer la première passe, celle qui l’a fait basculer de « fille bien » à « ****** » : « Après, j’ai mis du temps à me regarder dans la glace. Mais je me suis forcée à penser à l’argent qui rentrait. Maintenant, je vois les clients avec une tête de billet. » Quand cela ne suffit pas, Nina s’aide d’une rasade de whisky pour se donner du courage, et évite soigneusement les « jeunes Blacks et les Rebeus de banlieue », de peur de tomber sur une connaissance :
L’Ile de- France, c’est un village. Quand les mecs savent que tu fais ça, tu finis dans une cave en tournante…
La jeune femme jure qu’elle arrêtera avant ses 30 ans, le temps de s’offrir une nouvelle poitrine et de mettre sa fille de 2 ans à l’abri du besoin, loin de la cité où elle a grandi. En attendant, elle partage un appartement dans le « 93 » avec quatre filles des quartiers, âgées de 18 à 25 ans, qui se prostituent également. « C’est presque banal aujourd’hui », constate Nina, qui apprend régulièrement qu’une ancienne copine a rejoint les rangs. Des filles vivant dans les cités un peu paumées, le plus souvent en rupture familiale et scolaire, qui se laissent convaincre des bienfaits de cet argent vite gagné.
“Ça rapporte bien” : le proxénétisme est devenu dans les cités chaudes la nouvelle activité florissante, après le trafic de drogues et les braquages. Des filles perdues qui rêvent d’ascension sociale se projettent en Zahia et sont récupérées par des caïds ahuris par la facilité de ce commerce pour eux égal aux autres. Enquête sur ces jeunes proxénètes et “leurs filles”.
Ryan est passé du haschich aux filles, sans états d’âme. Il y a un an, échaudé par une garde à vue, le petit dealer décide de se reconvertir : J’en avais marre d’avoir les flics au ***. Des copains m’ont dit que la prostitution c’était moins dangereux et que ça rapportait bien.
Et même au-delà de ses espérances : à 23 ans, Ryan gagne 1 500 €/ jour grâce aux trois jeunes filles qui travaillent pour lui, à raison d’une dizaine de passes quotidiennes tarifées 100 €/demi-heure. Parmi ses recrues, Nina, rencontrée lors d’une soirée avec des copains dans un bar à striptease. Sagement assise à côté de son souteneur, dans un café en banlieue parisienne, la jeune femme de 22 ans raconte sa vie d’avant : elle a été mise à la porte par ses parents, musulmans pratiquants, quand ils ont découvert qu’elle était enceinte d’un homme aux abonnés absents.
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Farid, la quarantaine, voyou à l’ancienne d’une cité de Seine-Saint-Denis, n’en revient pas.
Ça cartonne dans les tiéquars !
confirme-t-il, choqué de ce succès. « Pour notre génération, c’était la honte d’être un maquereau. Aujourd’hui, les petits jeunes n’ont plus de limites : ils dealent de l’héro et font tapiner leurs copines. » Une nouvelle génération de délinquants, opportunistes et avides de se faire une place au soleil. « Les réseaux de drogue sont saturés, tandis que le braquage ou l’escroquerie demandent une certaine expertise et ne sont pas à la portée de tous. Le trafic de filles reste le plus simple à organiser », analyse Jean- Marc Droguet, chef de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH). « Le proxo, c’est génial », ironise le capitaine Thomas, à la Brigade de répression du proxénétisme (BRP) : pas de « matière première » à acheter, aucun investissement de départ et, à la clé, un « bénéfice monstrueux ». Car le trafic d’être humain reste l’un des crimes les plus rentables au monde : trois milliards d’euros ont été dépensés en France en 2014 pour des actes sexuels tarifés, selon le Mouvement du Nid. De quoi susciter des vocations.
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A peine tique-t-elle quand son proxénète affirme que c’est de l’argent « vite gratté, les bras croisés ». D’une voix hésitante, la jeune femme oppose que, quand même, ce n’est pas si facile pour elle. Nina peine à évoquer la première passe, celle qui l’a fait basculer de « fille bien » à « ****** » : « Après, j’ai mis du temps à me regarder dans la glace. Mais je me suis forcée à penser à l’argent qui rentrait. Maintenant, je vois les clients avec une tête de billet. » Quand cela ne suffit pas, Nina s’aide d’une rasade de whisky pour se donner du courage, et évite soigneusement les « jeunes Blacks et les Rebeus de banlieue », de peur de tomber sur une connaissance :
L’Ile de- France, c’est un village. Quand les mecs savent que tu fais ça, tu finis dans une cave en tournante…
La jeune femme jure qu’elle arrêtera avant ses 30 ans, le temps de s’offrir une nouvelle poitrine et de mettre sa fille de 2 ans à l’abri du besoin, loin de la cité où elle a grandi. En attendant, elle partage un appartement dans le « 93 » avec quatre filles des quartiers, âgées de 18 à 25 ans, qui se prostituent également. « C’est presque banal aujourd’hui », constate Nina, qui apprend régulièrement qu’une ancienne copine a rejoint les rangs. Des filles vivant dans les cités un peu paumées, le plus souvent en rupture familiale et scolaire, qui se laissent convaincre des bienfaits de cet argent vite gagné.