Insultes sur un plateau télé entre Cohn-Bendit et Bayrou
lefigaro 05/06/2009
« Minable », « ignoble », les deux leaders politiques n'ont pas mâché leurs mots lors de l'enregistrement d'«A vous de juger».
A trois jours du scrutin des européennes, et alors qu'ils se disputent âprement la troisième place, le ton monte entre Verts et Modem. Et surtout entre leurs leaders respectifs, Daniel Cohn-Bendit et François Bayrou.
L'émission «A vous de juger», diffusée jeudi soir sur France 2, mais enregistrée plus tôt dans la journée, a donné lieu à une passe d'armes plus que musclée entre les deux hommes, dans une ambiance globale de cacophonie entre tous les représentants des partis.
Premier round : Bayrou reproche à Cohn-Bendit d'être allé trois fois déjeuner à l'Elysée. Selon lui, c'est une preuve de «connivence» avec Nicolas Sarkozy. Réplique de l'ancien leader de mai 68, au patron du parti centriste : «C'est ignoble de ta part». Et de rappeler qu'il s'est rendu à l'Elysée en tant que président de groupe au parlement européen.
Deuxième round : au tour de Cohn-Bendit, qui lance, moqueur, à Bayrou : «Mon pote, tu es trop minable, tu ne seras jamais président de la République». Une réplique qui met le Béarnais hors de lui.
François Bayrou lance au leader écologiste : «Puisque vous parlez d'ignominie, je pourrais moi aussi parler des ignominies que vous avez défendues en justifiant des actes vis-à-vis des enfants». Une accusation qui choque les autres invités, de Xavier Bertrand à Martine Aubry. Cohn-Bendit, lui, reste calme : «Ah, j'étais sûr que tu venais là-dessus. Ah la la c'est la grandeur présidentielle.»
Une polémique ancienne
L'allusion de Bayrou est transparente : aux alentours de 2001, la presse britannique avait lancé une campagne contre Daniel Cohn-Bendit, l'accusant d'avoir, dans Le Grand Bazar, un ouvrage publié en 1975, prôné des thèses pédophiles.
Dans ce livre, qu'il faut resituer dans le contexte libertaire de l'époque, Daniel Cohn-Bendit raconte son expérience d'éducateur dans un jardin d'enfants autogéré de Francfort. Il explique dans un passage : « Il m'était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : «Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m'avez-vous choisi, moi, et pas d'autres gosses ?» Mais s'ils insistaient, je les caressais quand même ».
En 2001, le leader écologiste avait expliqué qu'il s'agissait là d'une provocation destinée à «choquer le bourgeois des années 70». Une provocation ratée, puisqu'aucune plainte n'avait été déposée à l'époque. « Prétendre que j'étais pédophile est une insanité. La pédophilie est un crime. L'abus sexuel est quelque chose contre lequel il faut se battre. Il n'y a eu de ma part aucun acte de pédophilie. »
A l'appui de ses affirmations, des lettres de soutien d'enfants de ce jardin et de leurs parents, affirmant qu'il n'avait jamais commis aucun acte assimilable à de la pédophilie. Cohn Bendit avait même lâché, sur TF1 : «Je regrette d'avoir écrit un texte qui est mal écrit. C'est un mauvais texte.»
Bayrou n'est pas le premier à utiliser cette polémique contre Cohn-Bendit. Marine Le Pen avait également fait allusion à l'affaire dans une émission en 2008, qui est réapparue depuis quelques jours sur Dailymotion ou Youtube , ainsi que sur des blogs d'extrême-droite :
«Raclures de fond de bidet»
Sur lepoint.fr, Arlette Chabot , qui présente l'émission, confie :«Je n'ai jamais vu ça. C'est la culture banlieue qui entre dans le débat politique. Tous les coups sont permis». Daniel Cohn-Bendit a affirmé à la sortie de l'enregistrement que François bayrou avait «pété les plombs», notamment à cause des sondages qui donnent son parti en baisse et désormais en quatrième position, derrière la liste verte.
Les écologistes ne sont cependant pas plus sereins... ni plus aimables : interrogée sur les attaques contre Daniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot, porte-parole des Verts français, a expliqué : «Non seulement ce n'était pas digne de ne pas faire campagne sur les sujets européens, mais devenir maintenant des véritables raclures de fond de bidet, je trouve ça invraisemblable».
Outre le Modem, Cohn-Bendit subit également les attaques du PS. Benoît Hamon l'a accusé de n'avoir «déposé aucun rapport durant la dernière session» du Parlement européen. Réponse de Cécile Duflot : Hamon «ne sait pas ce que c'est un président de groupe : il n'a pas à faire des rapports mais à en donner à ses députés».
lefigaro 05/06/2009
« Minable », « ignoble », les deux leaders politiques n'ont pas mâché leurs mots lors de l'enregistrement d'«A vous de juger».
A trois jours du scrutin des européennes, et alors qu'ils se disputent âprement la troisième place, le ton monte entre Verts et Modem. Et surtout entre leurs leaders respectifs, Daniel Cohn-Bendit et François Bayrou.
L'émission «A vous de juger», diffusée jeudi soir sur France 2, mais enregistrée plus tôt dans la journée, a donné lieu à une passe d'armes plus que musclée entre les deux hommes, dans une ambiance globale de cacophonie entre tous les représentants des partis.
Premier round : Bayrou reproche à Cohn-Bendit d'être allé trois fois déjeuner à l'Elysée. Selon lui, c'est une preuve de «connivence» avec Nicolas Sarkozy. Réplique de l'ancien leader de mai 68, au patron du parti centriste : «C'est ignoble de ta part». Et de rappeler qu'il s'est rendu à l'Elysée en tant que président de groupe au parlement européen.
Deuxième round : au tour de Cohn-Bendit, qui lance, moqueur, à Bayrou : «Mon pote, tu es trop minable, tu ne seras jamais président de la République». Une réplique qui met le Béarnais hors de lui.
François Bayrou lance au leader écologiste : «Puisque vous parlez d'ignominie, je pourrais moi aussi parler des ignominies que vous avez défendues en justifiant des actes vis-à-vis des enfants». Une accusation qui choque les autres invités, de Xavier Bertrand à Martine Aubry. Cohn-Bendit, lui, reste calme : «Ah, j'étais sûr que tu venais là-dessus. Ah la la c'est la grandeur présidentielle.»
Une polémique ancienne
L'allusion de Bayrou est transparente : aux alentours de 2001, la presse britannique avait lancé une campagne contre Daniel Cohn-Bendit, l'accusant d'avoir, dans Le Grand Bazar, un ouvrage publié en 1975, prôné des thèses pédophiles.
Dans ce livre, qu'il faut resituer dans le contexte libertaire de l'époque, Daniel Cohn-Bendit raconte son expérience d'éducateur dans un jardin d'enfants autogéré de Francfort. Il explique dans un passage : « Il m'était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : «Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m'avez-vous choisi, moi, et pas d'autres gosses ?» Mais s'ils insistaient, je les caressais quand même ».
En 2001, le leader écologiste avait expliqué qu'il s'agissait là d'une provocation destinée à «choquer le bourgeois des années 70». Une provocation ratée, puisqu'aucune plainte n'avait été déposée à l'époque. « Prétendre que j'étais pédophile est une insanité. La pédophilie est un crime. L'abus sexuel est quelque chose contre lequel il faut se battre. Il n'y a eu de ma part aucun acte de pédophilie. »
A l'appui de ses affirmations, des lettres de soutien d'enfants de ce jardin et de leurs parents, affirmant qu'il n'avait jamais commis aucun acte assimilable à de la pédophilie. Cohn Bendit avait même lâché, sur TF1 : «Je regrette d'avoir écrit un texte qui est mal écrit. C'est un mauvais texte.»
Bayrou n'est pas le premier à utiliser cette polémique contre Cohn-Bendit. Marine Le Pen avait également fait allusion à l'affaire dans une émission en 2008, qui est réapparue depuis quelques jours sur Dailymotion ou Youtube , ainsi que sur des blogs d'extrême-droite :
«Raclures de fond de bidet»
Sur lepoint.fr, Arlette Chabot , qui présente l'émission, confie :«Je n'ai jamais vu ça. C'est la culture banlieue qui entre dans le débat politique. Tous les coups sont permis». Daniel Cohn-Bendit a affirmé à la sortie de l'enregistrement que François bayrou avait «pété les plombs», notamment à cause des sondages qui donnent son parti en baisse et désormais en quatrième position, derrière la liste verte.
Les écologistes ne sont cependant pas plus sereins... ni plus aimables : interrogée sur les attaques contre Daniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot, porte-parole des Verts français, a expliqué : «Non seulement ce n'était pas digne de ne pas faire campagne sur les sujets européens, mais devenir maintenant des véritables raclures de fond de bidet, je trouve ça invraisemblable».
Outre le Modem, Cohn-Bendit subit également les attaques du PS. Benoît Hamon l'a accusé de n'avoir «déposé aucun rapport durant la dernière session» du Parlement européen. Réponse de Cécile Duflot : Hamon «ne sait pas ce que c'est un président de groupe : il n'a pas à faire des rapports mais à en donner à ses députés».