Débat sur la "peine de mort" au maroc : le gouvernement benkirane a tranché, il ne l'abolira pas .

ould khadija

fédalien
Contributeur
Mustapha Ramid , ministre de la Justice, clôt le chapitre de l’abolition de la peine de mort au Maroc.

Son intervention devant le Parlement, mardi 13 mai 2014, a le mérite d’être claire, brève et sans appel.

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Le ministre de la justice et des libertés a expliqué qu’aucune disposition dans les traités internationaux n’oblige le Maroc à abolir la peine de mort telle qu’elle est stipulée dans le code pénal marocain.

Autrement dit, malgré les tentatives de la société civile et d’une partie de la classe politique de pousser le gouvernement d’Abdelilah Benkirane à réviser la question de la peine capitale, la position de ce gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé, ne souffre d’aucune ombre. : non à l'abolition .

En cela, le ministre de la justice a raison de s’appuyer sur le droit international.

L’abolition de la peine de mort est un protocole optionnel, qui relève de la politique intérieure de chaque Etat.

S’il y a une volonté politique d’en finir avec les condamnations à mort, le Maroc pourrait, à ce moment-là, lors d’un Conseil des ministres décider de tourner la page et d’en écrire une nouvelle, sans peine de mort.

Sauf que la question obéit à une équation plus complexe.

Le problème de la peine de mort n’est pas que politique.


Il est surtout religieux.

Et on imagine mal aujourd’hui un gouvernement à obédience islamiste déroger aux règles en vigueur en terre d’Islam pour abolir la peine de mort.

Même les gouvernements socialiste et istiqlalien précédents ne sont pas parvenus à un tel objectif.

On s’en souvient que l’ancien ministre de la justice socialiste, Mohamed Bouzoubaâ, était un fervent détracteur de la peine de mort, un abolitionniste de la première heure, mais il a échoué à faire passer sa volonté d’en finir avec la peine capitale dans le droit marocain.

C’est dire que le sujet est difficile à traiter en dépit des offensives à répétition des organismes nationaux et internationaux, soutenus par des ONG d’envergure pour aboutir à l’abolition.

Dans ce sens, un réseau de 210 députés pour l’abolition de la peine capitale s’est constitué au Maroc et travaille pour mettre la pression sur le gouvernement.

Reste que dans la pratique, les choses sont pourtant claires.

Depuis l’affaire Tabit, le Maroc n’a pas exécuté un seul condamné à mort.

Il y a un moratoire de fait sur la question, mais les condamnations à mort continuent d’être prononcées dans les tribunaux.

Rien ne dit que les choses vont changer ni avec ce gouvernement ni avec le prochain.

A moins d’un miracle politique, la peine de mort restera une constante du code pénal national.



Source :

http://www.aujourdhui.ma/maroc/poli...-niet-tranchant-de-ramid--109903#.U3N9bHYtZwG
 
Et il a raison, je propose même que ça se fasse devant un public avertit, pour donner la leçon.

Salut à toi,

Comme disait l'autre, "la peine irréparable suppose un juge infaillible".

Qu'on me trouve un juge absolument infaillible, alors je pourrais accepter l'idée de la peine de mort.
 
Salut à toi,

Comme disait l'autre, "la peine irréparable suppose un juge infaillible".

Qu'on me trouve un juge absolument infaillible, et je pourrais alors accepter l'idée de la peine de mort.

Le juge n'est pas devin, il se base sur des faits, empreintes, conclusions de la police scientifique, recherche, investigations...et quand tout coïncide, le juge s'exprime.
 
Le juge n'est pas devin, il se base sur des faits, empreintes, conclusions de la police scientifique, recherche, investigations...et quand tout coïncide, le juge s'exprime.

Mais même quand tout paraît coïncider, l'erreur est toujours possible.

Il paraît même qu'elle est assez fréquente ! Aux Etats-Unis, alors que le pays se vante d'avoir la police scientifique la plus efficace du monde, on estime que 4,1 % des condamnés à mort seraient en fait innocents (http://www.ouest-france.fr/etats-unis-leffroyable-imbroglio-de-la-peine-de-mort-2538963).
Je n'ose même pas imaginer ce qu'il en devait en être il y a de ça cinquante ans...

Qui peut prendre sur ses épaules un tel risque, celui d'assumer la responsabilité du meurtre d'un innocent ?

Je crois qu'il n'existe qu'un seul juge infaillible, capable d'infliger des peines définitives, et qu'il s'agit de Dieu. Mais les sociétés humaines devraient se limiter à leur strict niveau de compétence... toujours incertain ! Enfin, c'est mon avis.
 
Et sur quoi se basent ils pour dire que cette personne était en fait innocente? ils font une autre enquête ou bien ils croient le coupable sur parole?

Rien n'est clair dans cette affaire.
 
Et sur quoi se basent ils pour dire que cette personne était en fait innocente? ils font une autre enquête ou bien ils croient le coupable sur parole?

Rien n'est clair dans cette affaire.

Pour déclarer officiellement innocent un homme condamné, et peut-être malheureusement déjà exécuté, il faut obligatoirement une enquête.

C'est par exemple ce qui s'est passé pour Carlos DeLuna : http://www.lexpress.fr/actualite/mo...ndu-avec-son-sosie-est-innocente_1114722.html

Il semblerait aussi que ce soit le cas pour Todd Willingham : http://www.liberation.fr/monde/2009...-homme-execute-au-texas-etait-innocent_579532

On pourrait sans doute multiplier ce genre d'exemples, mais à quoi bon ? Tuer un innocent constitue l'injustice suprême, il suffit d'une seule fois pour prouver (selon moi) l'impossibilité de la peine de mort. Et je ne le dis pas tant pour le salut des condamnés que pour celui des juges, des bourreaux et de la société en général, tous responsables de meurtre quand un non-coupable est tué.
 
Pour déclarer officiellement innocent un homme condamné, et peut-être malheureusement déjà exécuté, il faut obligatoirement une enquête.

C'est par exemple ce qui s'est passé pour Carlos DeLuna : http://www.lexpress.fr/actualite/mo...ndu-avec-son-sosie-est-innocente_1114722.html

Il semblerait aussi que ce soit le cas pour Todd Willingham : http://www.liberation.fr/monde/2009...-homme-execute-au-texas-etait-innocent_579532

On pourrait sans doute multiplier ce genre d'exemples, mais à quoi bon ? Tuer un innocent constitue l'injustice suprême, il suffit d'une seule fois pour prouver (selon moi) l'impossibilité de la peine de mort. Et je ne le dis pas tant pour le salut des condamnés que pour celui des juges, des bourreaux et de la société en général, tous responsables de meurtre quand un non-coupable est tué.

Je suis d'accord avec toi sur la logique, devrons nous alors les emprisonner à vie?
 
Je suis d'accord avec toi sur la logique, devrons nous alors les emprisonner à vie?

Je pense que c'est préférable, dans le sens où on peut toujours libérer quelqu'un qu'on a emprisonné injustement.

Pour cela, il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'abolir formellement la peine de mort : on peut se contenter de la rendre inapplicable en pratique par un système de commutation de peine automatique.

De cette manière, en maintenant une peine de mort théorique et symbolique, l'Etat continuerait d'affirmer que certains crimes font effectivement mériter la destruction à leurs auteurs, tout en reconnaissant son incapacité à authentifier de manière certaine et définitive ces mêmes auteurs.
 
Je pense que c'est préférable, dans le sens où on peut toujours libérer quelqu'un qu'on a emprisonné injustement.

Pour cela, il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'abolir formellement la peine de mort : on peut se contenter de la rendre inapplicable en pratique par un système de commutation de peine automatique.

De cette manière, en maintenant une peine de mort théorique et symbolique, l'Etat continuerait d'affirmer que certains crimes font effectivement mériter la destruction à leurs auteurs, tout en reconnaissant son incapacité à authentifier de manière certaine et définitive ces mêmes auteurs.

une peine illusoire quoi
 
Pour cela, il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'abolir formellement la peine de mort : on peut se contenter de la rendre inapplicable en pratique par un système de commutation de peine automatique.

De cette manière, en maintenant une peine de mort théorique et symbolique, l'Etat continuerait d'affirmer que certains crimes font effectivement mériter la destruction à leurs auteurs, tout en reconnaissant son incapacité à authentifier de manière certaine et définitive ces mêmes auteurs.

C'est exactement la situation du Maroc aujourd'hui : les juges continuent de prononcer la peine capitale conformément au code pénal ....mais ces peines ne sont pas exécutées, le Maroc "suivant"en cela le fameux moratoire de l'ONU même s' il ne l'a pas signé

Ainsi depuis l'execution du commissiaire Tabit (milieu des années 1990), plus de 200 condamnation à mort ont été prononcées (dernière en date en 2014 contre le violeur de Taroudant) ....mais n'ont pas été appliquées
 
une peine illusoire quoi

Je ne dirais pas illusoire, mais abstraite.

Or, l'abstrait n'a rien d'illusoire, je dirais même qu'il prédomine largement sur le concret dans la société. La société elle-même est une idée abstraite, comme d'ailleurs l'Etat, les juges, les lois, etc... Il n'y a que la vie, les vivants et à la rigueur la matière qui soient strictement concrets.

Bref, ce n'est pas le débat : tout ça pour dire l'abstrait n'est pas sans incidence, au contraire.
 
C'est exactement la situation du Maroc aujourd'hui : les juges continuent de prononcer la peine capitale conformément au code pénal ....mais ces peines ne sont pas exécutées, le Maroc "suivant"en cela le fameux moratoire de l'ONU même s' il ne l'a pas signé

Ainsi depuis l'execution du commissiaire Tabit (milieu des années 1990), plus de 200 condamnation à mort ont été prononcées (dernière en date en 2014 contre le violeur de Taroudant) ....mais n'ont pas été appliquées

Bien, ça me paraît être une situation très acceptable et un bon compromis entre le nécessaire parti pris moral de l'Etat (qui doit condamner les crimes), et la limite naturelle de son pouvoir (qui l'empêche, faute de certitude, d'exécuter la peine capitale).
 
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