Des élus d'origine étrangère invités à quitter l'Allemagne

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(De Berlin) Dans une lettre postée ce week-end, la branche berlinoise du parti d'extrême-droite NPD invite 30 politiciens locaux issus de l'immigration, déjà élus ou candidats au Bundestag dimanche prochain, à quitter le pays. Un fait sans précédent dans la politique d'Outre-Rhin.

Pour Özcan Mutlu, d'origine turque mais de nationalité allemande, député au parlement de Berlin et candidat des Verts au Bundestag :

« Avant je recevais des lettres racistes ou de menace, mais de la part de néonazis. C'est la première fois qu'un parti politique agit de cette manière en Allemagne. »

La lettre incirminée était signée d'un « Commissariat chargé du retour des étrangers chez eux ». On peut notamment y lire qu'« un changement politique doit intervenir pour arrêter l'intégration politique afin de conserver la substance du peuple ». Ce que revendique Jörg Hähnel, leader berlinois du NPD, parti fondé dans les années 60 et qui a refait surface après la réunification.

Suivent 5 points censés définir à l'avenir les « droits » des étrangers dans le pays :

1. Les étrangers ne peuvent obtenir un emploi que pour une période limitée et uniquement si des Allemands ne peuvent pourvoir le poste
2. Les étrangers ne doivent plus être pris en charge par la sécurité sociale
3. Une loi doit limiter le droit de rester dans le pays pour les travailleurs étrangers sans autorisation de travail ou sans autorisation de séjour de 3 mois
4. Les étrangers ne doivent pas avoir de propriété sur le sol allemand. Ils peuvent seulement louer
5. Le droit d'émettre une demande d'asile qui se trouve dans la loi fondamentale doit être annulé

Dans la soirée de mardi, la police a effectué, sous l'ordre du procureur de Berlin, une descente dans le quartier-général du NPD, dans le quartier de Köpenick. Deux voitures et un van banalisés avec des vitres teintées étaient stationnées vers 19 heures devant les locaux de ce parti politique. Les policiers ont saisi les ordinateurs afin d'y trouver des preuves d'incitation à la haine raciale.
Situation de vide

Berlin est une ville sinistrée par la crise, où règnent chômage et pauvreté. Et à quelques jours des élections fédérales, le ressentiment est palpable vis-à-vis des politiques.

Il suffit de se promener dans les rues de la capitale et de questionner ses habitants. Dans un magasin situé dans le même quartier de Köpenick, je demande à un retraité issu de l'ex-RDA en train de faire la queue ce qu'il pense de la politique de son pays et pour qui il allait voter le 27 septembre. L'homme réagit avec une certaine violence dans la voix :

« Je voterai NSDAP, le parti nazi, si il était là, mais il n'est pas là. Le NPD.. c'est pas assez… »

Une opinion qui révèle la profonde fissure entre une partie du peuple allemand et ses élus. Certains perdant espoir face à un Bundestag qui se transforme en une administration immense mais sans âme, trop éloignée. Un sentiment encore accentué par la crise économique.

Reste tout de même que, s'il a connu certains succès lors de récentes élections locales, notamment à Berlin, le NPD est quasiment absent de la campagne législative et ne compte encore aucun élu au Bundestag



http://www.rue89.com/2009/09/23/des-politiciens-issus-de-limmigration-invites-a-quitter-lallemagne
 
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