4Quand le roi Hassan II déclarait, en 1992, que peu de pays pouvaient se vanter d’avoir, comme le Maroc, 750 000 fils comme ambassadeurs en Israël, désignant par là les juifs originaires du Maroc, ce n’était pas que pure rhétorique. Il faisait allusion à un processus alors en cours : l’introduction en Israël de temps, de lieux et d’objets « marocains »
[3][3]Interview de Sam Ben Shetrit, président de la Fédération….
5Les juifs « ambassadeurs du Maroc » ne se réduisent pas aux seuls résidents d’Israël : ceux qui ont émigré en France, au Canada, aux États-Unis, qui constituent la diaspora juive marocaine, sont également considérés comme faisant partie de la nation marocaine ; leurs représentants sont d’ailleurs régulièrement invités aux rencontres officielles organisées par les ambassades du Maroc. L’implication dans les destinées du pays et surtout l’identification aux représentants du pouvoir, à la dynastie régnante, caractérisent la diaspora juive marocaine. Un hebdomadaire marocain
[4][4]Le Journal hebdomadaire, 21-27 mai 2005. écrivait récemment, à propos d’une exposition itinérante d’objets culturels judéo-marocains organisée dans des écoles belges : « Ils sont un certain nombre aujourd’hui, juifs marocains de la diaspora, à devenir un peu malgré eux des sortes d’ambassadeurs improvisés de la culture marocaine. » Le Maroc continue d’être un des pôles d’identification de la diaspora juive marocaine qui s’y investit énergiquement en créant des associations mémorielles et des sites internet
[5][5]Cf. par exemple www. bladi. net ; www. darnna. com., et en y retournant fréquemment. Elle entretient de la sorte la mémoire collective de son appartenance
[6][6]André Levy, « Centre et diaspora : la communauté juive….
6Tous les ans, à l’occasion de la fête juive
[7][7]Interview du responsable du Centre lié à la synagogue Rambam… de
Kippour, l’ambassadeur du Maroc à Paris se rend en visite officielle dans les salons d’un hôtel loués pour l’occasion par l’Association des juifs marocains afin de présenter ses hommages aux représentants de la communauté. La rencontre a quelquefois lieu en présence de l’ambassadeur d’Israël. Nombreux sont les juifs de la diaspora à accrocher aux murs de leur appartement des portraits du roi du Maroc. Le président de l’Association des juifs marocains de Grande-Bretagne est régulièrement invité aux cérémonies de l’ambassade du Maroc, et il a reçu dernièrement le roi, à l’occasion de son déplacement en Angleterre
[8][8]Interview du président de la British Association of Moroccan….
7La mise en scène de l’identité marocaine en Israël (ou « marocanité ») s’inscrit donc dans le phénomène plus vaste et plus complexe des relations ambivalentes qui peuvent être entretenues avec un pays qu’on a quitté. Elle conserve toutefois des aspects bien spécifiques qui méritent d’être interrogés, étant donné le conflit qui perdure entre Israël et le monde arabe, auquel le Maroc appartient de fait.
La « marocanité » en Israël
Suite:
https://www.cairn.info/revue-a-contrario-2007-1-page-37.htm