SKI - Habitant de Colombes, Samir Azzimani défend les couleurs du Maroc, jeudi, lors des qualifications du géant...
De notre envoyé spécial à Val-d'Isère,
Quand il prononce le nom de «Bellevarde», son visage sillumine. «Franchement, jai envie de tout casser sur cette piste. Elle me fait peur, mais ce nest pas grave. Quand je skie, jy vais à fond, joublie tout.» Samir Azzimani na pas grandi au bord des pistes. Son accent nest pas celui de la montagne et son teint hâlé trahit une enfance passée plus près du sable africain que de la poudreuse des hauts sommets. A 30 ans, le jeune homme, qui vit avec sa mère à Colombes, représentera bien son pays dorigine, le Maroc, lors des qualifications du géant, jeudi. Une histoire qui a tout d'un remake de «Rasta Rocket», sourit lintéressé.
Sans complexes et sans grands moyens, il se dit pourtant prêt à défier la Face. «Je nai pas dentraîneur. Je bosse lété pour financer mes hivers. Et je suis là. La compétition mappelle. Je ne sais pas pourquoi. Cest comme dans les dessins animés quand les personnages sont attirés par les bonnes odeurs. Jaime trop ça.» Une trajectoire atypique pour celui qui aurait pu craquer pour le foot ou lathlétisme, quil pratique de temps en temps au côté de Naman Keita, chez lui, à Colombes.
«Champion sur ordi»
Lunique représentant marocain a découvert le ski en colonie de vacances, puis en classe de neige, à 10 ans. Il étudiait alors dans un foyer tenu par des bonnes soeurs. Son envie dévoluer au côté des plus grands naît quelques années plus tard, lors de la descente des Jeux dAlbertville de 1992: «Jai vu deux gars, deux Marocains, qui mont foutu la honte. Ils se sont cassé trois fois la gueule sur la Face. Il y en a même un qui a fini sa course dans le poteau darrivée. Ce nétait pas possible. Je pouvais faire mieux que ça.»
A 31 ans, Samir Azzimani sait quil na pas le niveau dun Bode Miller ou dun David Poisson, lun des ses «copains sur le circuit». Il se présente juste comme un «bon skieur», moniteur-stagiaire à Courchevel lhiver, chauffeur, animateur ou monteur lété, en région parisienne. Sur sa carte de visite, il na quune 46e place à Sankt Anton (en 2001) à faire valoir. Rien de plus. Sinon sa motivation et la joie de représenter son pays dans une compétition majeure: «Je suis un acharné, cest tout. Quand jétais plus jeune, jétais même devenu champion sur mon ordi. Je jouais à un vieux jeu de ski où il ne fallait faire que du droite-gauche.»
Pourquoi pas Vancouver?
Sans deux opérations aux pieds et une luxation de la clavicule, ce skieur des quartiers aurait peut-être pu viser un peu plus haut. Ce qui ne lempêche pas de nourrir des rêves de grandeur: «Mon objectif, ce sont les Jeux de Vancouver, en 2010.» Mais avant cela, il a une qualification à décrocher et un petit groupe de fans à ne pas décevoir. Pour partager sa passion avec ceux quil côtoie au quotidien, il a monté un projet permettant à des jeunes dun collège dAsnières de passer quelques jours à Val-dIsère. Au-delà dune place dans les 25 premiers (qualificative pour le géant de vendredi), il serait déjà bien content de les faire sourire à larrivée.
Romain Scotto
De notre envoyé spécial à Val-d'Isère,
Quand il prononce le nom de «Bellevarde», son visage sillumine. «Franchement, jai envie de tout casser sur cette piste. Elle me fait peur, mais ce nest pas grave. Quand je skie, jy vais à fond, joublie tout.» Samir Azzimani na pas grandi au bord des pistes. Son accent nest pas celui de la montagne et son teint hâlé trahit une enfance passée plus près du sable africain que de la poudreuse des hauts sommets. A 30 ans, le jeune homme, qui vit avec sa mère à Colombes, représentera bien son pays dorigine, le Maroc, lors des qualifications du géant, jeudi. Une histoire qui a tout d'un remake de «Rasta Rocket», sourit lintéressé.
Sans complexes et sans grands moyens, il se dit pourtant prêt à défier la Face. «Je nai pas dentraîneur. Je bosse lété pour financer mes hivers. Et je suis là. La compétition mappelle. Je ne sais pas pourquoi. Cest comme dans les dessins animés quand les personnages sont attirés par les bonnes odeurs. Jaime trop ça.» Une trajectoire atypique pour celui qui aurait pu craquer pour le foot ou lathlétisme, quil pratique de temps en temps au côté de Naman Keita, chez lui, à Colombes.
«Champion sur ordi»
Lunique représentant marocain a découvert le ski en colonie de vacances, puis en classe de neige, à 10 ans. Il étudiait alors dans un foyer tenu par des bonnes soeurs. Son envie dévoluer au côté des plus grands naît quelques années plus tard, lors de la descente des Jeux dAlbertville de 1992: «Jai vu deux gars, deux Marocains, qui mont foutu la honte. Ils se sont cassé trois fois la gueule sur la Face. Il y en a même un qui a fini sa course dans le poteau darrivée. Ce nétait pas possible. Je pouvais faire mieux que ça.»
A 31 ans, Samir Azzimani sait quil na pas le niveau dun Bode Miller ou dun David Poisson, lun des ses «copains sur le circuit». Il se présente juste comme un «bon skieur», moniteur-stagiaire à Courchevel lhiver, chauffeur, animateur ou monteur lété, en région parisienne. Sur sa carte de visite, il na quune 46e place à Sankt Anton (en 2001) à faire valoir. Rien de plus. Sinon sa motivation et la joie de représenter son pays dans une compétition majeure: «Je suis un acharné, cest tout. Quand jétais plus jeune, jétais même devenu champion sur mon ordi. Je jouais à un vieux jeu de ski où il ne fallait faire que du droite-gauche.»
Pourquoi pas Vancouver?
Sans deux opérations aux pieds et une luxation de la clavicule, ce skieur des quartiers aurait peut-être pu viser un peu plus haut. Ce qui ne lempêche pas de nourrir des rêves de grandeur: «Mon objectif, ce sont les Jeux de Vancouver, en 2010.» Mais avant cela, il a une qualification à décrocher et un petit groupe de fans à ne pas décevoir. Pour partager sa passion avec ceux quil côtoie au quotidien, il a monté un projet permettant à des jeunes dun collège dAsnières de passer quelques jours à Val-dIsère. Au-delà dune place dans les 25 premiers (qualificative pour le géant de vendredi), il serait déjà bien content de les faire sourire à larrivée.
Romain Scotto