Bonjour
Voici un texte du cardinal Daniélou :
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C'est l'amour qui me fait toucher l'indubitable, c'est-à-dire ce qui me résiste, ce dont je ne peux pas disposer, ce à quoi je ne puis refuser le droit d'exister en face de moi et dont je suis forcé de reconnaître la valeur. "Toute licence, sauf contre l'amour", disait Barrès. Et l'amour est en effet la seule chose par quoi je ne puisse refuser d'être limité sans me renier moi-même.
Or ce qui est vrai de l'autre l'est éminemment de Dieu. Dieu est celui qui me résiste. C'est bien par quoi il s'impose à moi. Car si je l'inventais, je le ferais plus accommodant. Mais je reconnais qu'il est à cela même qu'il me dérange, qu'il bouscule mes habitudes de penser et mes volontés d'organiser ma vie à ma guise. Je suis devant ce paradoxe. C'est précisément ce pour quoi je voudrais qu'il n'existe pas qui me force à reconnaître qu'il existe. Il y a trop de complicité en moi à ce qu'il n'existe pas pour quoi mon désir qu'il en soit ainsi ne me soit suspect. J'apprends d'abord à le connaître en essayant vainement de le plier à mes volontés; il m'apprendra ensuite à l'aimer en essayant de plier mes volontés aux siennes.
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Tiré de Jean Daniélou, Scandaleuse vérité, Paris, Fayard, 1961, p. 79.
Voici un texte du cardinal Daniélou :
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C'est l'amour qui me fait toucher l'indubitable, c'est-à-dire ce qui me résiste, ce dont je ne peux pas disposer, ce à quoi je ne puis refuser le droit d'exister en face de moi et dont je suis forcé de reconnaître la valeur. "Toute licence, sauf contre l'amour", disait Barrès. Et l'amour est en effet la seule chose par quoi je ne puisse refuser d'être limité sans me renier moi-même.
Or ce qui est vrai de l'autre l'est éminemment de Dieu. Dieu est celui qui me résiste. C'est bien par quoi il s'impose à moi. Car si je l'inventais, je le ferais plus accommodant. Mais je reconnais qu'il est à cela même qu'il me dérange, qu'il bouscule mes habitudes de penser et mes volontés d'organiser ma vie à ma guise. Je suis devant ce paradoxe. C'est précisément ce pour quoi je voudrais qu'il n'existe pas qui me force à reconnaître qu'il existe. Il y a trop de complicité en moi à ce qu'il n'existe pas pour quoi mon désir qu'il en soit ainsi ne me soit suspect. J'apprends d'abord à le connaître en essayant vainement de le plier à mes volontés; il m'apprendra ensuite à l'aimer en essayant de plier mes volontés aux siennes.
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Tiré de Jean Daniélou, Scandaleuse vérité, Paris, Fayard, 1961, p. 79.