Pierre N'Gahane, 45 ans, d'origine camerounaise, occupait jusqu'à présent le poste de préfet délégué pour l'égalité des chances dans les Bouches-du-Rhône.
Nouveau préfet des Alpes-de-Haute-Provence, Pierre N'Gahane est le dernier en date des hauts fonctionnaires issus de la diversité et promus par le président.
Avec Obama, l'Amérique a restauré son idéal. Nicolas Sarkozy espère, lui, changer les mentalités, avec la nomination, ce matin, d'un préfet d'origine africaine, Pierre N'Gahane, qui prendra ses fonctions dans les Alpes-de-Haute-Provence. À 45 ans, ce docteur en sciences de gestion, venu du Cameroun pour poursuivre ses études, a accepté d'être le symbole d'une politique volontariste. Comme il l'avait fait l'année dernière, lorsque Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, l'avait débauché de l'université catholique de Lille, dont il était le vice-président, pour lui proposer le poste, tout nouvellement créé, de préfet à l'égalité des chances dans les Bouches-du-Rhône.
Depuis, plusieurs personnalités choisies pour incarner la diversité ont été nommées préfets, comme Alain Zabulon en Corrèze en juillet dernier. Sans réussir, à ce jour, à changer l'image d'une administration «blanche». L'amertume générée par des années de blocage est désormais tenace. Les quartiers, déjà rongés par un chômage de masse, craignent d'être les sacrifiés de la crise. À la question sociale, se superpose celle des minorités. Si la plupart des enfants d'immigrés aspirent toujours à l'invisibilité, ne réclamant pour eux aucune dérogation, mais bien l'égalité, des groupes constitués insistent pour qu'une politique plus ciblée, de promotion, et parfois de réparation, soit mise en œuvre.
Les vertus de la visibilité
L'élection d'Obama a réveillé leurs ardeurs. Qu'importe si le démocrate incarne la fin de la société raciale aux États-Unis. Les partisans d'une forme d'ethnicisation de la politique en France brandissent son nom pour réclamer la diversité maintenant. Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a été reçu à l'Élysée lundi pour demander de la couleur sur les listes des élections européennes. Cette démarche a aussitôt suscité l'ire d'autres associations, dont celles des Domiens, qui lui contestent le monopole des Noirs. Les Maghrébins, entrés en politique plus tôt que les enfants d'Africains, craignent aussi d'être éclipsés au profit des Noirs et se sont manifestés, raconte-t-on en coulisse à l'Élysée. Enfin, certains tentent l'alliance de toutes les minorités visibles, comme le Manifeste de la diversité, déjà proposé lors des présidentielles et ressorti après l'élection d'Obama par Yazid Sabeg, ancien grand patron. Avec le soutien de Carla Bruni-Sarkozy. Une première dame, que certains croient en mission. Même si l'Élysée ne confirme rien.
À ce jour, le président Sarkozy a répondu à la fronde avec sa méthode : les nominations. Ministre de l'Intérieur, il avait nommé un «préfet musulman» en 2004. À l'UMP, il avait promu des candidats issus des minorités. Comme il avait applaudi l'arrivée d'Harry Roselmack sur TF1. Puis il avait imposé trois ministres de la diversité dans son gouvernement. Chaque nomination suscite l'engouement. Mais point l'apaisement des chantres de la diversité. L'Élysée croit pourtant aux vertus de la visibilité et poursuit cette politique de promotion à la française. On scrute les profils dans la haute fonction publique, pour donner à l'administration le visage de la France. Plusieurs préfets pressentis ont refusé, craignant les stigmates de ce volontarisme. Les fils d'émigrés progressent cependant dans le corps préfectoral. Doucement. «Il y a un effet génération : il faut les qualifications et l'expérience», se défend-t-on à l'Intérieur.
Par ailleurs, beaucoup des enfants d'immigrés les plus doués «se tournent maintenant vers le privé. Ils pensent à sortir de la misère, à constituer une classe moyenne», explique François Touazi, ancien diplomate, signataire du manifeste pour la diversité et lui aussi passé à l'entreprise. «Ils seront les nouvelles figures dans les partis», pronostique-t-il. «Nous, les militants de la première heure, sommes une génération sacrifiée de rabatteurs électoraux. Eux auront les moyens de s'imposer.»
Source Le figaro
Nouveau préfet des Alpes-de-Haute-Provence, Pierre N'Gahane est le dernier en date des hauts fonctionnaires issus de la diversité et promus par le président.
Avec Obama, l'Amérique a restauré son idéal. Nicolas Sarkozy espère, lui, changer les mentalités, avec la nomination, ce matin, d'un préfet d'origine africaine, Pierre N'Gahane, qui prendra ses fonctions dans les Alpes-de-Haute-Provence. À 45 ans, ce docteur en sciences de gestion, venu du Cameroun pour poursuivre ses études, a accepté d'être le symbole d'une politique volontariste. Comme il l'avait fait l'année dernière, lorsque Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, l'avait débauché de l'université catholique de Lille, dont il était le vice-président, pour lui proposer le poste, tout nouvellement créé, de préfet à l'égalité des chances dans les Bouches-du-Rhône.
Depuis, plusieurs personnalités choisies pour incarner la diversité ont été nommées préfets, comme Alain Zabulon en Corrèze en juillet dernier. Sans réussir, à ce jour, à changer l'image d'une administration «blanche». L'amertume générée par des années de blocage est désormais tenace. Les quartiers, déjà rongés par un chômage de masse, craignent d'être les sacrifiés de la crise. À la question sociale, se superpose celle des minorités. Si la plupart des enfants d'immigrés aspirent toujours à l'invisibilité, ne réclamant pour eux aucune dérogation, mais bien l'égalité, des groupes constitués insistent pour qu'une politique plus ciblée, de promotion, et parfois de réparation, soit mise en œuvre.
Les vertus de la visibilité
L'élection d'Obama a réveillé leurs ardeurs. Qu'importe si le démocrate incarne la fin de la société raciale aux États-Unis. Les partisans d'une forme d'ethnicisation de la politique en France brandissent son nom pour réclamer la diversité maintenant. Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a été reçu à l'Élysée lundi pour demander de la couleur sur les listes des élections européennes. Cette démarche a aussitôt suscité l'ire d'autres associations, dont celles des Domiens, qui lui contestent le monopole des Noirs. Les Maghrébins, entrés en politique plus tôt que les enfants d'Africains, craignent aussi d'être éclipsés au profit des Noirs et se sont manifestés, raconte-t-on en coulisse à l'Élysée. Enfin, certains tentent l'alliance de toutes les minorités visibles, comme le Manifeste de la diversité, déjà proposé lors des présidentielles et ressorti après l'élection d'Obama par Yazid Sabeg, ancien grand patron. Avec le soutien de Carla Bruni-Sarkozy. Une première dame, que certains croient en mission. Même si l'Élysée ne confirme rien.
À ce jour, le président Sarkozy a répondu à la fronde avec sa méthode : les nominations. Ministre de l'Intérieur, il avait nommé un «préfet musulman» en 2004. À l'UMP, il avait promu des candidats issus des minorités. Comme il avait applaudi l'arrivée d'Harry Roselmack sur TF1. Puis il avait imposé trois ministres de la diversité dans son gouvernement. Chaque nomination suscite l'engouement. Mais point l'apaisement des chantres de la diversité. L'Élysée croit pourtant aux vertus de la visibilité et poursuit cette politique de promotion à la française. On scrute les profils dans la haute fonction publique, pour donner à l'administration le visage de la France. Plusieurs préfets pressentis ont refusé, craignant les stigmates de ce volontarisme. Les fils d'émigrés progressent cependant dans le corps préfectoral. Doucement. «Il y a un effet génération : il faut les qualifications et l'expérience», se défend-t-on à l'Intérieur.
Par ailleurs, beaucoup des enfants d'immigrés les plus doués «se tournent maintenant vers le privé. Ils pensent à sortir de la misère, à constituer une classe moyenne», explique François Touazi, ancien diplomate, signataire du manifeste pour la diversité et lui aussi passé à l'entreprise. «Ils seront les nouvelles figures dans les partis», pronostique-t-il. «Nous, les militants de la première heure, sommes une génération sacrifiée de rabatteurs électoraux. Eux auront les moyens de s'imposer.»
Source Le figaro