Le bilan des massacres de 2014 contre cette population kurdophone, reconnus comme des actes de génocide, reste imprécis. Plus de 200 000 d’entre eux vivent toujours dans des camps.
Le 3 août 2014, les djihadistes de l'État islamique, qui venaient de déclarer l'instauration de leur califat à Mossoul, fondent de toutes parts sur Sinjar. La région montagneuse du nord de l'Irak est le berceau des Yézidis.
Les combattants islamistes prétendent que ce peuple kurdophone, adepte d'une religion monothéiste qui prend ses racines dans le zoroastrisme de la Perse antique et qui survit en Mésopotamie depuis quatre mille ans, observe un « culte satanique ». Les Yézidis, dont l'histoire est jalonnée de massacres – ils estiment avoir survécu à 73 génocides –, savent le sort qui leur est réservé.
En quelques jours, au moins 200 000 Yézidis sont chassés de leur terre. Une partie se réfugie au Nord, en territoire encore sous contrôle kurde. Environ 100 000 fuient à pied sur les pentes de la montagne de Sinjar, mais se retrouvent encerclés, sans vivres ni eau par une température qui atteint 50 degrés.
L'exode se transforme en hécatombe. En réaction, le 7 août, Washington déclenche ses premières frappes aériennes contre Daech pour tenter de desserrer l'étau qui se referme sur les Yézidis. En vain.
Le 15 août, les djihadistes s'acharnent sur le village de Kocho. Les hommes y sont massacrés et jetés dans des fosses communes. Les femmes et les jeunes filles, certaines âgées d'à peine 9 ans, sont vendues comme esclaves sexuelles. Certaines personnes sont enterrées vivantes.
Kocho, village martyre, est le lieu d'origine de Nadia Murad, prix Nobel de la paix en 2018, qui deviendra l'une des voix des survivantes. Sur place, le processus d'identification des victimes a mis de longues années à s'ouvrir. Faute de moyens, il progresse lentement. Au moins 80 fosses communes ont été localisées, contenant des centaines de corps. Les restes de 104 victimes, les premières à avoir été identifiées, ont été enterrés à Kocho en 2021.
Dix ans après, le combat reste entier. La plupart des 400 000 Yézidis qui habitaient autour de Sinjar sont déracinés. Plus de 200 000 vivent dans des camps dans la région de Dohouk, au Kurdistan irakien, et sont dans l'impossibilité de rentrer chez eux. Le gouvernement de Bagdad a plaidé pour la fermeture de l'ensemble des camps de réfugiés, mais, à Sinjar, tout reste à reconstruire.
La région est toujours instable sur le plan de la sécurité. Surtout, des centaines de femmes et d'enfants enlevés en 2014 sont encore sous la coupe de leurs bourreaux. En 2022, la fondation de Nadia Murad estimait leur nombre à 2 800. Des libérations de captives surviennent régulièrement, en Irak, en Syrie, mais aussi en Turquie ou dans les pays du Golfe et du Maghreb.
Le 3 août 2014, les djihadistes de l'État islamique, qui venaient de déclarer l'instauration de leur califat à Mossoul, fondent de toutes parts sur Sinjar. La région montagneuse du nord de l'Irak est le berceau des Yézidis.
Les combattants islamistes prétendent que ce peuple kurdophone, adepte d'une religion monothéiste qui prend ses racines dans le zoroastrisme de la Perse antique et qui survit en Mésopotamie depuis quatre mille ans, observe un « culte satanique ». Les Yézidis, dont l'histoire est jalonnée de massacres – ils estiment avoir survécu à 73 génocides –, savent le sort qui leur est réservé.
Encerclés, sans vivres ni eau
Face à l'avancée de l'État islamique, les peshmergas, miliciens kurdes d'Irak, qui contrôlent la région, battent en retraite, abandonnant la population. Les djihadistes s'emparent de premiers villages. La population y est forcée de se convertir à l'islam. Des dizaines d'hommes sont sommairement exécutés. Des milliers de femmes et d'enfants sont raflés pour être utilisés comme esclaves.En quelques jours, au moins 200 000 Yézidis sont chassés de leur terre. Une partie se réfugie au Nord, en territoire encore sous contrôle kurde. Environ 100 000 fuient à pied sur les pentes de la montagne de Sinjar, mais se retrouvent encerclés, sans vivres ni eau par une température qui atteint 50 degrés.
L'exode se transforme en hécatombe. En réaction, le 7 août, Washington déclenche ses premières frappes aériennes contre Daech pour tenter de desserrer l'étau qui se referme sur les Yézidis. En vain.
Fosses communes
Il faudra attendre le 11 août pour qu'un corridor, ouvert par les combattants kurdes affiliés au PKK et au YPG, sa branche syrienne, permette l'évacuation de dizaines de milliers de déplacés vers la Syrie voisine et leur sauvetage.Le 15 août, les djihadistes s'acharnent sur le village de Kocho. Les hommes y sont massacrés et jetés dans des fosses communes. Les femmes et les jeunes filles, certaines âgées d'à peine 9 ans, sont vendues comme esclaves sexuelles. Certaines personnes sont enterrées vivantes.
Kocho, village martyre, est le lieu d'origine de Nadia Murad, prix Nobel de la paix en 2018, qui deviendra l'une des voix des survivantes. Sur place, le processus d'identification des victimes a mis de longues années à s'ouvrir. Faute de moyens, il progresse lentement. Au moins 80 fosses communes ont été localisées, contenant des centaines de corps. Les restes de 104 victimes, les premières à avoir été identifiées, ont été enterrés à Kocho en 2021.
Région instable en matière de sécurité
Les bilans des massacres d'août 2014 restent donc imprécis, et le sort de milliers de victimes demeure incertain. Environ 5 000 hommes et femmes ont été tués, 7 000 femmes et jeunes filles capturées et réduites en esclavage, estime la Fondation Yazda. Les jeunes garçons, eux, ont été souvent enrôlés comme combattants. Ces massacres ont été reconnus en 2021 par les Nations unies comme un acte de génocide.Dix ans après, le combat reste entier. La plupart des 400 000 Yézidis qui habitaient autour de Sinjar sont déracinés. Plus de 200 000 vivent dans des camps dans la région de Dohouk, au Kurdistan irakien, et sont dans l'impossibilité de rentrer chez eux. Le gouvernement de Bagdad a plaidé pour la fermeture de l'ensemble des camps de réfugiés, mais, à Sinjar, tout reste à reconstruire.
La région est toujours instable sur le plan de la sécurité. Surtout, des centaines de femmes et d'enfants enlevés en 2014 sont encore sous la coupe de leurs bourreaux. En 2022, la fondation de Nadia Murad estimait leur nombre à 2 800. Des libérations de captives surviennent régulièrement, en Irak, en Syrie, mais aussi en Turquie ou dans les pays du Golfe et du Maghreb.
Dix ans après, des femmes et des enfants yézidis encore aux mains de Daech
Le bilan des massacres de 2014 contre cette population kurdophone, reconnus comme des actes de génocide, reste imprécis. Plus de 200 000 d’entre eux vivent toujours dans des camps.
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