Djalil est Algérien. Il a fui « les évènements », comme il dit simplement, à lâge de dix ans, en 1992 avec ses parents. « Les islamistes pensaient quen terrorisant le peuple, celui-ci, las de cette insécurité, se retournerait contre le pouvoir », se rappelle ce diplômé de Sciences-Po Lyon (France), qui a trouvé un travail de journaliste dans une agence d'édition de presse.
« Mais mon rêve, cest de passer le concours algérien pour devenir consul et de rentrer en Algérie. Je le tente dès quil est ouvert. » Il vit aujourdhui à Casablanca, gagne 600 euros par mois, quatre fois le Smic marocain. « Mais je dépense bien plus », assure-t-il, cheveux noirs plaqués, lunettes style Dolce&Gabbana, veste de costume gris chiné croisée sur un jean foncé à la mode. Nous venons de quitter le dîner organisé par le plus grand groupe privé du Maroc anciennement public entre les murs d'une bâtisse aux allures de palais : danseuses traditionnelles, guerriers à cheval, repas sans alcool, le Maroc pittoresque et folklorique offert aux invités.
Djalil veut me montrer un autre Marrakech. Il m'emmène dans une première boîte de nuit, un resto branché aux tarifs élevés. Sur les tables, deux bimbos se déhanchent, des feux de Bengale à la main ; en face, un groupe de musique se met en place (guitare, batterie, basse, churs, congas et synthétiseur). « Tu vas voir, ce groupe est vraiment bien », me dit Djalil. Reprises de standards des trente dernières années : Aïcha par Khaled enflamme la discothèque. « Regarde le vieux chauve avec le cigare, à la table près de la scène, me montre Djalil du doigt. Il arrose les deux filles avec lui (champagne, repas, etc.), elles sont à peine majeures ! » Nous rejoignons deux autres personnes : un Indien, fils d'une grande famille de fermiers exportateurs, « venu ici pour voir les opportunités de business », et un Français d'une société d'emballage industriel. Trois jeunes femmes passent devant nous de manière ostentatoire. « Ce sont des prostituées », explique Djamel, alors que le Français et l'Indien, moins avertis, sont déjà en grande discussion avec elles. La moins farouche dit travailler dans un fonds d'investissement à Singapour - mais son anglais laisse l'Indien pantois. « Moi, je galère pour trouver une copine, me confie Djalil. Elles veulent toutes un type avec une bonne situation, souvent plus vieux, et elles sont très 'tradition' », me jure-t-il, balayant du revers de la main le spectacle que j'ai sous les yeux.
http://redaction.blog.jeuneafrique.com/index.php/2010/05/04/122-djalil-et-la-contradiction-marocaine
« Mais mon rêve, cest de passer le concours algérien pour devenir consul et de rentrer en Algérie. Je le tente dès quil est ouvert. » Il vit aujourdhui à Casablanca, gagne 600 euros par mois, quatre fois le Smic marocain. « Mais je dépense bien plus », assure-t-il, cheveux noirs plaqués, lunettes style Dolce&Gabbana, veste de costume gris chiné croisée sur un jean foncé à la mode. Nous venons de quitter le dîner organisé par le plus grand groupe privé du Maroc anciennement public entre les murs d'une bâtisse aux allures de palais : danseuses traditionnelles, guerriers à cheval, repas sans alcool, le Maroc pittoresque et folklorique offert aux invités.
Djalil veut me montrer un autre Marrakech. Il m'emmène dans une première boîte de nuit, un resto branché aux tarifs élevés. Sur les tables, deux bimbos se déhanchent, des feux de Bengale à la main ; en face, un groupe de musique se met en place (guitare, batterie, basse, churs, congas et synthétiseur). « Tu vas voir, ce groupe est vraiment bien », me dit Djalil. Reprises de standards des trente dernières années : Aïcha par Khaled enflamme la discothèque. « Regarde le vieux chauve avec le cigare, à la table près de la scène, me montre Djalil du doigt. Il arrose les deux filles avec lui (champagne, repas, etc.), elles sont à peine majeures ! » Nous rejoignons deux autres personnes : un Indien, fils d'une grande famille de fermiers exportateurs, « venu ici pour voir les opportunités de business », et un Français d'une société d'emballage industriel. Trois jeunes femmes passent devant nous de manière ostentatoire. « Ce sont des prostituées », explique Djamel, alors que le Français et l'Indien, moins avertis, sont déjà en grande discussion avec elles. La moins farouche dit travailler dans un fonds d'investissement à Singapour - mais son anglais laisse l'Indien pantois. « Moi, je galère pour trouver une copine, me confie Djalil. Elles veulent toutes un type avec une bonne situation, souvent plus vieux, et elles sont très 'tradition' », me jure-t-il, balayant du revers de la main le spectacle que j'ai sous les yeux.
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en hauteur, sur la gauche, deux femmes occidentales d'une quarantaine d'années, moins sexy que les amazones mais plus argentées, se dandinent sur la musique techno qui finit d'achever mes tympans.