Donald Trump, « dirigeant fou » autoproclamé pour mieux déstabiliser ses adversaires

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Le but de Donald Trump est notamment de confisquer l’espace médiatique.

Ce n’est pas nouveau, mais le constat n’a jamais été aussi flagrant : Trump perfectionne l’art du chaos stratégique, à la manière de Nixon, qui voyait dans l’imprévisibilité une arme politique. Dernier exemple en date, ses attaques cinglantes contre Zelensky, qualifié de « dictateur sans élections ». Fidèle à son style, Trump brise les codes diplomatiques, impose son propre récit et sape les certitudes, redéfinissant les rapports de force à sa manière.

Le choc et l’effroi » : depuis son retour triomphal à la Maison-Blanche, il y a tout juste un mois, Donald Trump applique aux Etats-Unis et au reste de la planète un traitement brutal, limpide. A coups de déclarations tonitruantes, il sature les ondes, les réseaux sociaux et les canaux diplomatiques. Le but est simple : confisquer l’espace médiatique et abrutir « l’adversaire », le noyer dans un abîme de perplexité, et passer à la provocation suivante sans lui avoir laissé le temps de digérer la précédente.

L’embardée est flagrante si l’on compare ce début de second mandat au premier. En trente jours, le 47e président américain a donc menacé d’envahir le Groenland et de reprendre le contrôle du canal de Panama, d’annexer le Canada, entrepris de démanteler des pans entiers de l’administration, lancé la traque des immigrants clandestins et dépêché la garde nationale à la frontière mexicaine, ordonné un relèvement des barrières douanières à l’encontre des pays supposés « amis » comme de ceux classés parmi les grands rivaux géopolitiques. Il a appelé Vladimir Poutine, traité Zelensky de « dictateur », et menacé de sa colère noire le Hamas, qui renâclait à libérer dans le temps imparti ses otages israéliens. Il a laissé planer l’idée d’une reconstruction du front de mer à Gaza pour lancer le tourisme de masse, préconisant un exil sans retour pour les Palestiniens expulsés. On oublierait presque les relances insistantes sur l’éventualité d’un troisième mandat, contraire aux règles constitutionnelles.


Mode d’emploi transmis par son idole

L’usure guette, face à ce maelstrom politico-médiatique. Elle soulève même une question centrale : Donald Trump est-il sérieux ? Depuis qu’il lança sa première candidature présidentielle, le 16 juin 2015, ses fidèles en casquette rouge s’amusent follement des réactions indignées face au rouleau compresseur à houppette blonde. Ces « pleurnichards de démocrates (cry libs) » et tout ce que l’Occident compte de dirigeants modérés tomberaient, à les en croire, systématiquement dans le panneau, commentant le moindre propos déplacé, poussant de grands cris d’orfraie, manipulés par un maître en communication de crise. Il n’existe pas de « mauvaise » publicité, tout rebond médiatique est bon à prendre !

Donald Trump applique en réalité le mode d’emploi transmis par son idole, le défunt Richard Nixon. A l’orée de son premier mandat, en 1968, celui-ci avait développé la théorie du « dirigeant fou (madman) ». En faisant croire le pire à l’adversaire, fût-il cubain, nord-vietnamien ou démocrate, et en projetant un halo d’incertitude sur ses intentions réelles, « Dick » pensait avoir trouvé la recette pour débloquer le statu quo et écraser l’opposition. Résultat : des négociations de paix au Vietnam repoussées de cinq ans, et une dérive autoritaire aboutissant au scandale du Watergate. A presque 79 ans, le nouveau locataire du Bureau ovale, affranchi de ses casseroles judiciaires et sûr de sa mainmise sur l’appareil gouvernemental, n’a plus grand-chose à perdre et beaucoup d’outrances en magasin. A ses détracteurs de faire le tri entre le tangible et le grotesque, du moment qu’il demeure le centre de toutes les attentions.
 
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