Face à l’impossibilité de vivre leur amour dans leur pays d’origine, l’Algérie, Rosi et Dany avaient tout prévu : économiser et partir au Canada. Mais lorsque leurs familles ont découvert leur relation, il a fallu pour le couple précipiter son départ et organiser sa fuite d’abord en Malaisie, puis en France, où les deux femmes ont déposé une demande d’asile. Aujourd’hui, elles ont besoin d’un coup de pouce et SANS A_ vous propose d’agir.
« Ici c’est magnifique. Quand on a la liberté d’en partir. » Perchées sur les hauteurs d’une petite ville nichée entre les montagnes du Jura, Rosi et Dany contemplent la forêt de pins enneigés s’étendant devant leurs yeux. Elles viennent s’asseoir sur ce banc presque tous les jours, quand la météo le permet, pour regarder le paysage, écouter le silence et voir les heures s’écouler.
« Venir ici, aller aux Restos du Cœur chaque jeudi, et attendre, attendre, attendre. »
Voilà comment se résume le quotidien des deux Algériennes depuis plusieurs mois.
Quand elles ne se promènent pas sur les trottoirs et chemins de terre gelés, Rosi et Dany sont hébergées dans un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Elles y occupent un studio, « largement suffisant pour nous deux ». On y trouve une kitchenette avec deux plaques de cuisson, une table installée devant la fenêtre, avec vue sur la montagne, un canapé, une armoire, et un lit que les deux femmes ont voulu bricoler elles-mêmes, avec des palettes récupérées en face d’un supermarché.
Un tapis, offert par un ami, habille le sol, et des CD comme on n’en écoute plus aujourd’hui, décorent les murs. Le duo possède sa propre salle de bains, avec baignoire s’il vous plaît, et a disposé ici et là des souvenirs de leur vie passée et commune, notamment en Malaisie où Rosi et Dany sont restées plusieurs mois avant d’arriver en France : une carte postale et des tickets de métro sur le frigo. Un petit bouddha en métal et une pieuvre en peluche.
Dans l’armoire et les valises : une boule disco, un éventail, des kimonos, une bière 1664 locale, deux cassettes audio d’ACDC et enfin, sur leurs peaux, des tatouages. Un cercle rempli de tentacules pour Rosi et le mot « warrior », en rouge, pour Dany.
« Il fallait bien m’encourager un peu », sourit celle qui, il y a un an encore, n’avait pas prévu de se retrouver isolée, avec sa compagne, dans une petite ville française perdue entre les montagnes.
Le plan était pourtant bien calculé pour les deux Algériennes, conscientes de l’impossibilité de vivre pleinement leur amour, dans un pays qui interdit les relations homosexuelles. Dany, 27 ans aujourd’hui, devait travailler pendant cinq ans pour économiser et acquérir de l’expérience professionnelle. Rosi, 24 ans, devait quant à elle terminer ses études en commerce international. Ensuite, il leur fallait monter un dossier et partir pour le Canada, « le pays des bisounours ! », notamment pour les personnes appartenant à la communauté LGBTQ+. C’est là-bas qu’un ami trans du couple a pu obtenir le statut de réfugié. Là-bas que Rosi et Dany, ensemble depuis 2017, voulaient construire leur vie, fuir les pressions familiales et la menace croissante d’un mariage forcé.
« On a vendu tout ce qu’on pouvait : des vêtements et des sacs de marque. Des bijoux, des montres, mon appareil photo. »
Mais un jour de janvier 2020, la mère de Dany comprend que sa fille entretient une relation avec une autre femme. « Elle m’a suivie pendant des mois, et elle a vu que je passais tout mon temps libre avec Rosi. Ça a été très violent. »
En punition, Dany est séquestrée par sa famille pendant une semaine. Enfermée dans sa chambre, elle est frappée, insultée, maltraitée, mal nourrie et son téléphone confisqué.
Rosi de son côté, s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de sa copine, alors qu’elles ont l’habitude de se parler constamment au téléphone. Elle comprend donc qu’une sonnerie qui tourne dans le vide est synonyme de problème.
« Les parents de Dany ont contacté les miens et la situation est devenue invivable pour nous. Si on n’était pas partie, on aurait toutes les deux été mariées l’été suivant. »
Alors quand Dany réapparaît à son travail, Rosi lui donne un téléphone portable et leur cavale commence à s’organiser. D’autant plus que la situation devient de plus en plus critique pour les deux femmes.
« Ici c’est magnifique. Quand on a la liberté d’en partir. » Perchées sur les hauteurs d’une petite ville nichée entre les montagnes du Jura, Rosi et Dany contemplent la forêt de pins enneigés s’étendant devant leurs yeux. Elles viennent s’asseoir sur ce banc presque tous les jours, quand la météo le permet, pour regarder le paysage, écouter le silence et voir les heures s’écouler.
« Venir ici, aller aux Restos du Cœur chaque jeudi, et attendre, attendre, attendre. »
Voilà comment se résume le quotidien des deux Algériennes depuis plusieurs mois.
Quand elles ne se promènent pas sur les trottoirs et chemins de terre gelés, Rosi et Dany sont hébergées dans un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Elles y occupent un studio, « largement suffisant pour nous deux ». On y trouve une kitchenette avec deux plaques de cuisson, une table installée devant la fenêtre, avec vue sur la montagne, un canapé, une armoire, et un lit que les deux femmes ont voulu bricoler elles-mêmes, avec des palettes récupérées en face d’un supermarché.
Un tapis, offert par un ami, habille le sol, et des CD comme on n’en écoute plus aujourd’hui, décorent les murs. Le duo possède sa propre salle de bains, avec baignoire s’il vous plaît, et a disposé ici et là des souvenirs de leur vie passée et commune, notamment en Malaisie où Rosi et Dany sont restées plusieurs mois avant d’arriver en France : une carte postale et des tickets de métro sur le frigo. Un petit bouddha en métal et une pieuvre en peluche.
Dans l’armoire et les valises : une boule disco, un éventail, des kimonos, une bière 1664 locale, deux cassettes audio d’ACDC et enfin, sur leurs peaux, des tatouages. Un cercle rempli de tentacules pour Rosi et le mot « warrior », en rouge, pour Dany.
« Il fallait bien m’encourager un peu », sourit celle qui, il y a un an encore, n’avait pas prévu de se retrouver isolée, avec sa compagne, dans une petite ville française perdue entre les montagnes.
Le plan était pourtant bien calculé pour les deux Algériennes, conscientes de l’impossibilité de vivre pleinement leur amour, dans un pays qui interdit les relations homosexuelles. Dany, 27 ans aujourd’hui, devait travailler pendant cinq ans pour économiser et acquérir de l’expérience professionnelle. Rosi, 24 ans, devait quant à elle terminer ses études en commerce international. Ensuite, il leur fallait monter un dossier et partir pour le Canada, « le pays des bisounours ! », notamment pour les personnes appartenant à la communauté LGBTQ+. C’est là-bas qu’un ami trans du couple a pu obtenir le statut de réfugié. Là-bas que Rosi et Dany, ensemble depuis 2017, voulaient construire leur vie, fuir les pressions familiales et la menace croissante d’un mariage forcé.
« On a vendu tout ce qu’on pouvait : des vêtements et des sacs de marque. Des bijoux, des montres, mon appareil photo. »
Mais un jour de janvier 2020, la mère de Dany comprend que sa fille entretient une relation avec une autre femme. « Elle m’a suivie pendant des mois, et elle a vu que je passais tout mon temps libre avec Rosi. Ça a été très violent. »
En punition, Dany est séquestrée par sa famille pendant une semaine. Enfermée dans sa chambre, elle est frappée, insultée, maltraitée, mal nourrie et son téléphone confisqué.
Rosi de son côté, s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de sa copine, alors qu’elles ont l’habitude de se parler constamment au téléphone. Elle comprend donc qu’une sonnerie qui tourne dans le vide est synonyme de problème.
« Les parents de Dany ont contacté les miens et la situation est devenue invivable pour nous. Si on n’était pas partie, on aurait toutes les deux été mariées l’été suivant. »
Alors quand Dany réapparaît à son travail, Rosi lui donne un téléphone portable et leur cavale commence à s’organiser. D’autant plus que la situation devient de plus en plus critique pour les deux femmes.
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