En Inde, le "Roi du tampon" crée des serviettes low-cost pour ses concitoyennes

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion NIHIL
  • Date de début Date de début
Arunachalam Muruganantham n'est pas ce qu'on appelle un homme d'affaires ordinaire. Il a en tout cas changé la vie de centaines de milliers de femmes en Inde. C'est l'histoire du "Roi du tampon" que raconte The Independent dans son édition de vendredi dernier. Bien qu'il s'agisse plus exactement de serviettes hygiéniques. Il est d'autant mieux placé pour le savoir qu'il les a conçues et testées, raconte-t-il dans cette interview.
Son produit fait partie de ces "invendables" qui désespèrent les spécialistes en marketing des pays développés. Dans les économies émergentes, la question est plus simple : il n'était pas abordable pour la majorité des utilisatrices. L'idée lui est venue de sa femme, qu'il voyait ramasser des chiffons dans la maison sans comprendre pourquoi ; son explication l'a estomaqué. "Si j'achète des serviettes hygiéniques, ça veut dire que je ne pourrai pas acheter de lait pour la famille", lui a-t-elle asséné.

UNE SITUATION COURANTE DANS LES CAMPAGNES

Une situation qui n'est malheureusement pas si rare, en particulier dans les campagnes indiennes puisque, si l'on se fie à l'étude de Plan India menée en 2010, seulement 12 % des 355 millions de femmes menstruées en Inde utilisent des protections hygiéniques, les autres subissant un inconfort régulier et des infections à répétition.

La situation a empiré avec l'arrivée des saris en tissu synthétique, non-réutilisable pour cet usage intime. Plus grave, environ 23 % des filles de 12 à 18 ans arrêteraient d'aller à l'école en raison du manque de produits d'hygiène adaptés. Certaines utilisent de la boue ou du sable, selon de nombreux témoignages.

Pour pallier cette carence, Arunachalam Muruganantham crée une machine avec des moyens limités (75 000 roupies, soit 1 000 euros) et la conçoit pour qu'elle puisse produire, en cinq étapes simples, 120 serviettes par heure. L'idée : vendre ses produits 10 roupies le paquet, au lieu de 30 pour ceux distribués par les multinationales spécialisées dans l'hygiène intime.

Celui qui n'est pas allé à l'école et vit sous le seuil de pauvreté à Coimbatore, petite ville dans l'Etat du Tamil Nadu, au sud de l'Inde, prend tellement son idée au sérieux qu'il va tenter de la concevoir de bout en bout, tests à l'appui.

DES POCHES REMPLIES DE SANG DE CHÈVRE

Pendant quatre années, il porte les serviettes lui-même pour vérifier leur ergonomie, utilise des poches remplies de sang de chèvre pour en constater le pouvoir d'absorption, collectionne les serviettes usagées pour les étudier et se voit finalement menacé d'être quitté par sa femme et sa mère qui le prennent pour un fou.

La révélation vient quand il appelle des fabricants américains en se faisant passer pour un investisseur et leur demande de lui envoyer la matière première : il découvre alors qu'il s'agit de fibre végétale, qu'il doit transformer en cellulose, et non de coton, comme il l'imaginait au départ.

Depuis, plusieurs centaines de ses machines se sont essaimées dans le pays. Il distribue son produit sous le nom de Laadli, "Ma fille bien-aimée" et offre du travail aux femmes des villages qui ont acheté une machine.
 
Il a vu un problème économique, sanitaire et social, il a réfléchit à une solution simple, il a testé sa solution, qui s’avère fonctionner et il va commercialiser son produit.

On voit que l'économie et la concurrence à aussi des vertus, et que cela sert à quelque chose.


Bravo.
 
Retour
Haut