En l’honneur de la vérité, de la mémoire et de la justice : chronique de Palestine

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Salman Abu SITTA

Pour libérer la Palestine de tous les fléaux de l’humanité, le sionisme, le racisme, l’apartheid, l’occupation et les crimes de guerre. Mais pour les Palestiniens, Churchill avait des mots spéciaux. Il rejetait complètement leur lien historique avec leur pays. Dégoulinant de racisme, Churchill a dit ceci du droit des Palestiniens dans leur pays : « Je ne suis pas d’accord pour dire que le chien dans une niche a le droit final à la niche, même s’il y est couché depuis très longtemps. Je n’admets pas ce droit. »

Le discours qui suit a été prononcé le 8 novembre 2022 par le Dr. Salman Abu Sitta, à l’Université d’Edimbourg. L’événement était co-organisé par RACE.ED – un réseau inter-universitaire concerné par les études sur la notion de race, la racialisation et le décolonialisme à l’Université d’Edimbourg et l’Institut Kenyon, CBRL – Jérusalem. Il était parrainé par Identities : Global Studies in Culture and Power, Institute of Advanced Studies in the Humanities (IASH), Centre for Research Collection (CRC), History, Sociology, Politics and International Relations Middle East Research Group (PIR-MERG), et Islamic and Middle East Studies (IMES).

Dans sa communication, Dr. Salman Abu Sitta s’adresse au fonctionnaire colonial britannique si peu honorable, Lord Arthur Balfour, et lance au gouvernement britannique d’aujourd’hui, un appel à la réparation et à la justice.

Je vous remercie beaucoup. Il y a tellement de remerciements que je ne peux pas les compter.

Merci beaucoup au professeur Goddard pour l’introduction et la présidence de cette réunion. Merci à mes amis Shaira et Toufic qui, au cours des 100 derniers jours, ont travaillé très dur pour organiser cet événement. Ils ont navigué en eaux troubles, mais ils sont arrivés à destination sans encombre, en dépit de quelques bruits ici et là.

Pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce que la vérité doit être dite. Qui a peur de la vérité ? Seulement les criminels et les coupables. Il ne faut donc pas hésiter à entendre parler de la vérité.

Je dois également remercier les différents départements de l’Université d’Édimbourg qui ont parrainé cet événement.

Ils ont été mentionnés dans vos remarques [d’introduction du professeur Goddard] et sur l’invitation [sur Eventbrite], donc je ne vais pas répéter cela. Mais je vais remercier les personnes présentes aujourd’hui d’être venues. Certains d’entre vous sont venus d’Édimbourg. Certains ont pris le train pendant des heures pour venir de Londres. Nous avons ici des personnes qui ont voyagé plusieurs heures pour venir d’Europe. D’autres ont pris l’avion pendant 10 heures pour être avec nous ce soir. Je les remercie donc tous d’être ici ce soir.

Passons maintenant à notre ami Balfour.........................
 

Pourquoi les accords de Sykes-Picot hantent toujours le Moyen-Orient ?*​

- Signés le 16 mai 1916, après négociations entre novembre 1915 et mars 1916 entre la France et le Royaume-Uni, ces accords secrets prévoient le découpage du Proche-Orient à la fin de la guerre.​


Dubai​

AA/Mohamed Badine El Yattioui**

Il y a exactement 106 ans, le 16 mai 1916, anticipant la chute de l’Empire ottoman et souhaitant son dépeçage, le Royaume-Uni et la France signaient un accord secret, plus connu sous le nom d’« accords Sykes-Picot ». Les deux négociateurs ont donné leur nom à ce partage territorial. Le diplomate François Georges-Picot, qui fut consul de France à Beyrouth et au Caire, par ailleurs membre du Parti colonial, défendait l´idée d´une « Grande Syrie » sous influence française. Sir Mark Sykes, de son côté, membre du Parti conservateur souhaitait quant à lui élargir l’influence coloniale britannique dans la région. L´accord est formalisé à Londres le 16 mai 1916 par Sir Edward Grey, ministre britannique des Affaires étrangères, et Paul Cambon, ambassadeur de France. Il est aussi appelé « accord Cambon-Grey » et il respecte l'esprit de la correspondance entre McMahon et Hussein car il insiste sur la nécessité de « détacher les Arabes des Turcs en facilitant la création d'un État arabe ou d'une confédération d'États arabes », sous l'autorité du leader hachémite et de ses fils. Il est ajouté que les Arabes seront conseillés, lors d´une phase transitoire, par les Français au Nord et les Anglais, au Sud.

Le but de leurs négociations secrètes était double: le démembrement des provinces arabes de l'Empire ottoman et leur répartition entre ces deux puissances européennes. Les Arabes, principaux concernés avec les autorités ottomanes, ne sont informés qu’en 1917, du fait de la publication du texte par les bolchéviques suite à la révolution russe (le tsar était au courant).

Afin de comprendre le contexte de l´époque, il faut mentionner les échanges entre Henry McMahon et le leader hachémite et chérif de La Mecque Hussein Ben Ali, entre juillet 1915 et mars 1916. Ils ont permis à Londres “de négocier des territoires arabes au-delà de sa zone d’influence, suivant une logique de séparation ethno-religieuse. Ainsi, et en accord avec les intérêts français, Londres entendait exclure les provinces où se trouvaient des Arabes non musulmans des territoires prêts à être reconnus comme arabes et indépendants", comme l´analyse très justement Kawthar Guediri, professeur d´Histoire du Moyen-Orient à l´université de Kuala Lumpur, en Malaisie. Elle ajoute que "les deux documents ne peuvent pas être considérés hors contexte : ils résultent de dynamiques régionales antérieures à la première guerre mondiale".

La réalité géopolitique de cette époque fait, qu´avant même 1914, l’Empire ottoman, dans son ensemble, était l’enjeu d’une partition. Ses défaites en Libye et dans les Balkans, entre 1911 et 1913, sont vus par Paris et Londres comme des preuves supplémentaires de fragilité. Dès 1912, les deux puissances européennes commencent à négocier l’avenir de la Syrie. L´alliance entre Istanbul et Berlin permet à la France et au Royaume-Uni de mettre en place une stratégie de négociation, dont les objectifs étaient élaborés depuis un certain temps. L´historien Henry Laurens, professeur au Collège de France, explique très bien ce contexte particulier, auquel s´ajoutent des considérations internes à l´empire : « En 1914, les provinces arabes de l'Empire ottoman se trouvaient sous l'influence collective et multiforme des puissances européennes, auxquelles s'ajoutaient les États-Unis. Les Jeunes-Turcs, au pouvoir depuis 1908, cherchaient à se débarrasser de ces ingérences permanentes, mais au prix d'un centralisme autoritaire qui suscitait l'émergence d'un mouvement autonomiste arabe prêt à chercher des appuis chez les Européens ».

Afin de mieux remettre en perspective ces décisions, il faut préciser que cette période historique est marquée par l´appétit colonial des grandes puissances européennes, pour des raisons géostratégiques et idéologiques.

En 1916, l’accord Sykes-Picot ne se prononçait pas sur la Palestine. Il se contentait de dessiner une zone dite « internationale », regroupant les ports de Haïfa et Saint-Jean d’Acre, ainsi que Jérusalem. La “déclaration Balfour”, du 2 novembre 1917, s´en charge. Le gouvernement britannique s´engage alors à favoriser « la création d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine »........................

 
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