Entre la science et l’acte

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Ibn Al-Jawzî

J’ai dit, un jour, au cours d’une de mes assises : « Si les montagnes avaient dû supporter ce que j’ai supporté, elles en auraient été incapables. » En revenant chez moi, mon âme me dit : « Comment as-tu pu dire cela? Les gens vont peut être s’imaginer que tu souffres, alors que tu es préservé en ta personne et ta famille. As-tu supporté autre chose que l’imposition religieuse qui pèse sur toutes les créa*tures ? Alors, pourquoi cette plainte? »

Je lui répondis : Comme je peinais sous le poids de ce que j’avais à supporter, j’ai prononcé ces mots, non pour me plaindre, mais pour me soulager. Et nombre de Compagnons et de leurs successeurs ont dit avant moi : « Ah ! Si seulement nous n’avions pas été créés ! » Ceci, en raison de la peine à supporter certaines choses. Ensuite, celui qui se figure que les impositions religieuses (At-Takâlîf) sont faciles ne les connaît pas. Comment peut-on s’imaginer qu’elles consistent à laver les membres avec une livre d’eau ou se rendre en un lieu de prière pour accomplir deux unités de prière ? Allons donc ! Ce sont là les plus simples des impositions religieuses. La plus grande imposition religieuse est justement ce devant quoi les montagnes sont impuissantes ! [1] Parmi ceci est que je vois le destin s’abattre d’une manière qui déroute ma raison et que je la force pourtant à se soumettre à la prédestination, et cela compte parmi les plus difficiles des impositions religieuses ; surtout ce dont la raison ne comprend pas le sens, comme la souf*france des enfants et le sacrifice des animaux. Tout en croyant que Celui qui le prédestine et l’ordonne est le plus miséricordieux des miséricordieux. Voilà ce en quoi la raison se perd, et son imposition est, ici, de se soumettre et de délaisser toute objection.

Alors comment comparer l’imposition religieuse qui pèse sur le corps et celle qui pèse sur la raison ? Si j’avais commenté cela, c’eut été long, toutefois, je vais justifier ce que j’ai dit. C’est de moi que je vais parler et l’état des autres ne m’y oblige pas : je suis un homme à qui, dès l’enfance, on a fait aimé la science et qui s’y est entièrement consacré, et pas uniquement à une des branches de la science, mais toutes. Mon ambition ne se limite pas, dans une branche, à une partie de celle-ci, mais je cherche à l’examiner en profondeur. Cependant le temps ne le permet pas, la vie est trop courte, l’ambition trop grande, l’impuissance apparaît vite et certains désirs insatisfaits se transforment en déceptions !

Ensuite la science m’a amené à la connaissance de l’Être adoré et m’a incité à L’adorer. Les preuves de Son existence m’ont appelé à Lui, je me suis tenu devant Lui, je L’ai vu tel qu’Il s’est décrit, et je L’ai reconnu à Ses attributs. Mon regard a contemplé de Ses grâces et cela m’a amené à rechercher éperdument Son amour et m’a poussé à me libérer de tout pour me consacrer à Son adoration. Une flamme s’empare de moi chaque fois que je Le mentionne, et mon isolement pour L’adorer est, pour moi, la plus douce des choses.

Chaque fois que je veux cesser mes occupations pour m’isoler, la science me crie : « Où vas-tu ? » Te détournes-tu de moi qui suis celle qui te L’a fait connaître? » Je lui réponds : Tu n’es qu’un guide, et quand on est parvenu à l’objectif, on peut se passer de guide ! Elle me dit : « Allons donc ! Plus ta science augmente, plus la connaissance que tu as de ton Être aimé grandit, et mieux tu comprends comment t’en rapprocher. La preuve en est que tu sauras, demain, que tu es aujourd’hui dans l’imperfection. Ne l’as-tu pas entendu dire à Son Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) :

« Et dis : Ô Seigneur, accrois ma science ! » [Tâ-Ha, v.114]

Ne veux-tu pas te rapprocher de Lui ? Consacre-toi à guider Ses serviteurs vers Lui, c’est la condition des Prophètes, qu’Allah les couvre d’éloges et les salue. Ne sais-tu pas qu’ils ont préféré l’enseignement aux hommes à l’isolement pour l’adoration, car ils savaient que c’est ce que préfère leur Être aimé ? Le Messager (salallahu ‘alayhi wasalam) n’a-t-il pas dit à Alî :

« Qu’Allah guide, à travers toi, un seul homme est meilleur pour toi que de posséder des chamelles rousses. » [Al-Bukhârî (3701) et Muslim (2406)]



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