A l’occasion de la fin du ramadan, Hassen Chalghoumi, l’imam de Drancy, parle au JDD.fr de sa conception de l’Islam. Une conception qu’il détaille dans son livre Pour l’Islam de France*, publié samedi. Contre la burqa et pour une pratique modérée de la religion, celui qui est parfois surnommé "l’imam de Sarkozy" est menacé par des musulmans intégristes.
Comment s’est passé l’Aïd-el-Fitr à la mosquée de Drancy ?
C’était très joyeux. Il y avait plus de 6.000 fidèles à la mosquée, dont le maire de la ville, Jean-Christophe Lagarde (NC). Nous avons prié et chanté toute la journée, puis un imam que j’avais invité a fait un discours pour montrer notre intégration. En quelques mots, le discours disait que l’Islam était universel, qu’il devait s’adapter à chaque pays, que cette religion est basée sur le respect de la loi. J’enjoins toujours les fidèles à vivre en modération, sans provoquer, sans gêner.
Samedi sort votre livre Pour l’Islam de France. Une sortie qui coïncide avec la fin du ramadan: c’était calculé?
Oui, la fin du ramadan est un bon moment pour parler de l’islam de France. Il ne s’agit pas d’inventer une nouvelle religion, ni de légaliser le porc. Il s’agit d’un islam qui défend les valeurs de la France, qui dit non à la burqa, non à la polygamie. Un Islam qui refuse l’ingérence étrangère.
L’ingérence étrangère est-elle un vrai problème?
Oui, sur le terrain, on voit beaucoup de mosquées gérées par des pays comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie. Cela empêche de s’adapter aux lois françaises. Après, on se demande pourquoi l’islam ne s’adapte pas, pourquoi il y a des attentats. Une des solutions qui garantisse l’indépendance de l’Islam de France, ce serait de taxer l’argent du halal, pour construire des mosquées et former des imams.
Le Quick halal: "Rien de plus qu'un business"
A-t-on les moyens de former des imams français?
Si on veut, on peut. Mais pour le moment, on n’a pas du tout les structures suffisantes. Les imams peuvent être formés à la mosquée de Paris, ou à l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), mais cet organisme est contrôlé par les Frères musulmans. Moi je veux que les imams parlent de nos problèmes à nous: polygamie, mariages forcés, etc., au lieu de nous apporter des conflits de loin.
Le Quick halal fait polémique. Qu’en pensez-vous?
Il y a du racisme, des préjugés. Le Quick halal, ce n’est rien de plus qu’un business. Quand il y a plus de six millions de personnes qui veulent manger halal, c’est normal. C’est la loi de l’offre et de la demande.