Les incidents entre immigrés et Espagnols se multiplient, la dégradation de l'économie et la hausse du chômage les mettant en concurrence sur les emplois saisonniers.
À El Ejido, une des plus prospères municipalités espagnoles avec ses 14 000 hectares de cultures sous serres (1,5 million de tonnes de fruits et légumes), les plaies xénophobes semblent s'ouvrir à nouveau.
En février 2000, à la suite de trois assassinats commis par deux déficients mentaux de nationalité marocaine, une partie de la population locale s'était lancée dans les pires ratonnades survenues en Espagne. Huit ans plus tard, les autochtones, en majorité des agriculteurs enrichis, et les quelque 30 000 journaliers immigrés se regardent toujours en chiens de faïence.
Avec la crise économique qui frappe l'Espagne, la rivalité pour trouver un poste de travail s'est intensifiée entre la communauté étrangère et les habitants du cru. De nombreux Espagnols ayant perdu leur travail dans la construction retournent à leurs emplois d'origine comme l'agriculture. Du coup, des milliers d'immigrés se retrouvent sans activité, livrés à eux-mêmes.
À une dizaine de kilomètres de là, à Roquetas del Mar, la tension est palpable entre les autochtones et les migrants venus travailler dans la récolte de tomates et poivrons. En septembre, dans cette bourgade de 73 000 habitants, un Espagnol d'ethnie gitane a assassiné un Sénégalais, provoquant des émeutes entre Subsahariens et Espagnols. Durant des semaines, la police a dû intervenir pour ramener le calme dans la région.
Début décembre à la Mojonera, autre village de la zone des serres, un Marocain a tué un Malien à la suite d'une discussion agitée. Pendant des jours, les Subsahariens ont attaqué en guise de représailles les boutiques des Marocains.
Insultes et agressions
Dans cette région d'Alméria, considérée comme le verger de l'Europe avec quelque 2,8 millions de tonnes de fruits et légumes cultivés à l'année, pas une journée ne se passe sans qu'il y ait un incident entre immigrés de différentes origines ou entre autochtones et migrants. D'après les ONG locales et le syndicat agricole SOC, une vingtaine d'immigrants ont été victimes d'agressions physiques en une année. Mohammed Torabi, 42 ans, témoigne : «À Santa Maria Aguila (banlieue d'El Ejido), une demi-douzaine de jeunes m'ont frappé sans raison avec des battes de base-ball, en me traitant de sale Arabe.»
Tarek, Marocain qui vit depuis dix ans à El Ejido, dénonce tour à tour les «agressions racistes», les «méfaits policiers», les «limites à la liberté d'expression». Il est membre d'une association de travailleurs agricoles maghrébins, Ouafa 2000, mais, dit-il, «on n'a aucun moyen, on nous refuse un local, et toute aide municipale». Attablé dans le bar Parada devant un verre de thé à la menthe, il dénonce les insultes des Espagnols et les agressions des Subsahariens.
Hormis les gens de passage, assure-t-on, aucun Espagnol ne fréquente ce lieu ni les autres commerces marocains. «Ces dernières années, de façon plus ou moins subtile, ils ne nous acceptent plus dans leurs bars, leurs salles de jeu ou leurs discothèques. On vit comme deux communautés dos à dos. Les gens du coin ne veulent plus de nous», explique un immigré marocain présent depuis longtemps.
Sans parler des rivalités entre la communauté noire et les Marocains. «Les Marocains font tout pour que, nous les Noirs, on ne trouve pas de boulot. Mais maintenant, c'est fini, il faut que l'on se batte pour avoir droit aussi à travailler dans les serres», commente Ousman, un Sénégalais de 28 ans. Depuis deux mois, il cherche du travail dans les différentes régions d'Espagne. Ni à Valence dans la récolte des agrumes ni à Jaen dans celle des olives, il n'a trouvé un job. «Je pensais que dans les serres d'Almeria, je trouverais un petit boulot, mais il n'y a rien non plus», se désole Ousman. Les agriculteurs sont de plus en plus méfiants au moment d'embaucher des sans-papiers. Et puis, il y a désormais sur le marché de l'emploi ces «revenants» espagnols, qui avaient délaissé l'agriculture au profit d'emplois mieux rémunérés dans la construction. Avec l'effondrement du marché de l'immobilier, beaucoup ont recours au réseau d'amis et à la solidarité familiale pour retrouver un emploi. Juan Gonzalez, exploitant agricole d'une serre de tomates, raconte qu'il a embauché deux cousins de Roquetas qui avaient perdu leur emploi dans le BTP alors qu'il y a encore un an il aurait pris des étrangers. D'après les dernières statistiques, les immigrés représentent 40 % des nouveaux chômeurs au premier semestre 2008. «C'est un véritable problème que doit affronter le pays : qu'allons-nous faire de tous ces immigrés qui se retrouvent sans travail ?», se demande Juan Miralles, président de l'ONG Almeria Acoge.
http://www.lefigaro.fr/internationa...a-crise-exacerbe-les-tensions-xenophobes-.php
À El Ejido, une des plus prospères municipalités espagnoles avec ses 14 000 hectares de cultures sous serres (1,5 million de tonnes de fruits et légumes), les plaies xénophobes semblent s'ouvrir à nouveau.
En février 2000, à la suite de trois assassinats commis par deux déficients mentaux de nationalité marocaine, une partie de la population locale s'était lancée dans les pires ratonnades survenues en Espagne. Huit ans plus tard, les autochtones, en majorité des agriculteurs enrichis, et les quelque 30 000 journaliers immigrés se regardent toujours en chiens de faïence.
Avec la crise économique qui frappe l'Espagne, la rivalité pour trouver un poste de travail s'est intensifiée entre la communauté étrangère et les habitants du cru. De nombreux Espagnols ayant perdu leur travail dans la construction retournent à leurs emplois d'origine comme l'agriculture. Du coup, des milliers d'immigrés se retrouvent sans activité, livrés à eux-mêmes.
À une dizaine de kilomètres de là, à Roquetas del Mar, la tension est palpable entre les autochtones et les migrants venus travailler dans la récolte de tomates et poivrons. En septembre, dans cette bourgade de 73 000 habitants, un Espagnol d'ethnie gitane a assassiné un Sénégalais, provoquant des émeutes entre Subsahariens et Espagnols. Durant des semaines, la police a dû intervenir pour ramener le calme dans la région.
Début décembre à la Mojonera, autre village de la zone des serres, un Marocain a tué un Malien à la suite d'une discussion agitée. Pendant des jours, les Subsahariens ont attaqué en guise de représailles les boutiques des Marocains.
Insultes et agressions
Dans cette région d'Alméria, considérée comme le verger de l'Europe avec quelque 2,8 millions de tonnes de fruits et légumes cultivés à l'année, pas une journée ne se passe sans qu'il y ait un incident entre immigrés de différentes origines ou entre autochtones et migrants. D'après les ONG locales et le syndicat agricole SOC, une vingtaine d'immigrants ont été victimes d'agressions physiques en une année. Mohammed Torabi, 42 ans, témoigne : «À Santa Maria Aguila (banlieue d'El Ejido), une demi-douzaine de jeunes m'ont frappé sans raison avec des battes de base-ball, en me traitant de sale Arabe.»
Tarek, Marocain qui vit depuis dix ans à El Ejido, dénonce tour à tour les «agressions racistes», les «méfaits policiers», les «limites à la liberté d'expression». Il est membre d'une association de travailleurs agricoles maghrébins, Ouafa 2000, mais, dit-il, «on n'a aucun moyen, on nous refuse un local, et toute aide municipale». Attablé dans le bar Parada devant un verre de thé à la menthe, il dénonce les insultes des Espagnols et les agressions des Subsahariens.
Hormis les gens de passage, assure-t-on, aucun Espagnol ne fréquente ce lieu ni les autres commerces marocains. «Ces dernières années, de façon plus ou moins subtile, ils ne nous acceptent plus dans leurs bars, leurs salles de jeu ou leurs discothèques. On vit comme deux communautés dos à dos. Les gens du coin ne veulent plus de nous», explique un immigré marocain présent depuis longtemps.
Sans parler des rivalités entre la communauté noire et les Marocains. «Les Marocains font tout pour que, nous les Noirs, on ne trouve pas de boulot. Mais maintenant, c'est fini, il faut que l'on se batte pour avoir droit aussi à travailler dans les serres», commente Ousman, un Sénégalais de 28 ans. Depuis deux mois, il cherche du travail dans les différentes régions d'Espagne. Ni à Valence dans la récolte des agrumes ni à Jaen dans celle des olives, il n'a trouvé un job. «Je pensais que dans les serres d'Almeria, je trouverais un petit boulot, mais il n'y a rien non plus», se désole Ousman. Les agriculteurs sont de plus en plus méfiants au moment d'embaucher des sans-papiers. Et puis, il y a désormais sur le marché de l'emploi ces «revenants» espagnols, qui avaient délaissé l'agriculture au profit d'emplois mieux rémunérés dans la construction. Avec l'effondrement du marché de l'immobilier, beaucoup ont recours au réseau d'amis et à la solidarité familiale pour retrouver un emploi. Juan Gonzalez, exploitant agricole d'une serre de tomates, raconte qu'il a embauché deux cousins de Roquetas qui avaient perdu leur emploi dans le BTP alors qu'il y a encore un an il aurait pris des étrangers. D'après les dernières statistiques, les immigrés représentent 40 % des nouveaux chômeurs au premier semestre 2008. «C'est un véritable problème que doit affronter le pays : qu'allons-nous faire de tous ces immigrés qui se retrouvent sans travail ?», se demande Juan Miralles, président de l'ONG Almeria Acoge.
http://www.lefigaro.fr/internationa...a-crise-exacerbe-les-tensions-xenophobes-.php