Un couple de 26 ans a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, mardi, pour avoir commis de multiples violences sur sa fille pendant les deux premiers mois de sa vie, en 2011, à Esquerchin (Douaisis)
La scène se déroule dans le service pédiatrique du centre hospitalier de Douai, le 26 mai 2011. Mélissa (1), nourrisson d’à peine deux mois, est hospitalisée pour diverses fractures sur tout le corps. F. S., son père, tient l’enfant qui pleure dans ses bras quand une infirmière le surprend en train de le gifler. « J’ai demandé le biberon à l’infirmière, il a tardé à arriver, je me suis énervé avec le bruit, la chaleur... » F. S., aujourd’hui âgé de 26 ans et domicilié à Hénin-Beaumont, est jugé pour avoir donné cette gifle mais aussi pour des violences habituelles que lui et C. D., sa concubine du même âge, auraient commises sur l’enfant depuis sa naissance.
Les experts sont formels : les fractures aux côtes, au tibia gauche (neuf au total), les arrachements ligamentaires sont la conséquence d’actes volontaires. Mélissa n’était donc pas atteinte de la maladie dite des os de verre (l’ostéogénèse imparfaite), elle ne s’était pas non plus blessée dans le porte-bébé ou encore avec les forceps (!) lors de l’accouchement.
C’étaient les explications que le couple avait données et qu’il répète au tribunal. « Si j’avais fait quelque chose à ma fille, je ne serais pas allée tout de suite à l’hôpital », lâche C. D. « Je suis impulsif mais pas violent, renchérit F. S., le père. Je reconnais la gifle mais pas le reste. Je ne vais pas avouer quelque chose que je n’ai pas fait ! J’aime trop ma fille pour commettre des violences. »
Le problème, c’est que Mélissa n’était gardée que par ses parents à l’époque, à Esquerchin. Qui a fait quoi alors ? Il faut insister pour entrevoir un début de commencement d’explication de C. D. La femme désigne mollement son concubin : « Peut-être qu’il l’a fait mais pas devant moi ». Rien de plus. Au grand dam du parquet et de la partie civile. « Mélissa a été cassée de partout, lâche Me Alain Reisenthel, son avocat. Ses parents nous disent qu’elle ne pleurait pas mais elle devait hurler constamment ! Monsieur ne peut pas dire la vérité car il est incapable de l’admettre devant ses propres parents. » « Vous n’avouez que quand on vous voit, c’est honteux ! », balance la substitut du procureur Annelise Cau à l’adresse du père. F. S. ne bronche pas, c’est tout juste s’il rougit. Même quand il doit parler de ses mensonges au cours de l’instruction. Même quand on lui demande quelles explications il donnera à sa fille quand elle lui posera des questions : « Je lui dirai que je ne sais pas comment c’est arrivé », souffle F. S. Suivi de sa concubine : « Je lui dirai que, moi personnellement, je n’ai rien fait ».
1. Prénom d’emprunt.
«Un couple fusionnel»
Au cours de l’instruction judiciaire, plusieurs experts ont été consultés pour comprendre le fonctionnement du couple formé par F. S. et C. D. L’un d’eux parle d’une « relation fusionnelle » entre les deux. Deux éléments comme faits l’un pour l’autre mais avec leurs problèmes aussi. « Ils se sont bien trouvés car ils avaient tous les deux des carences à consolider », argumente la substitut du procureur Dorothée Coudevylle.
C. D., la femme, le reconnaît : « J’ai eu une enfance pas très simple, j’étais très renfermée ». Expulsée du foyer parental à la suite d’une dispute quand elle n’était encore qu’une toute jeune adulte, C. D. n’avait que 23 ans quand Mélissa est née. Dans ce couple « fusionnel », quelle place a pris le nouveau-né ? L’enfant aurait-il pu être un obstacle au fonctionnement du couple ? « C’est sûr qu’un enfant change la vie », glisse C. D. sans aller plus loin. « C’est le mutisme complet !, tonne la substitut du procureur. Le couple fait bloc mais il n’y a aucun travail de réflexion qui a été mené. » L’un et l’autre n’ont suivi qu’une courte psychothérapie de trois mois au cours de l’instruction. Depuis ? Plus rien. J. C.
Et Mélissa?
Depuis la gifle du 26 mai 2011, Mélissa ne vit plus avec ses parents, elle est placée en famille d’accueil. Comme s’il fallait répéter qu’on ne parle plus de maladie des os de verre, l’enfant n’a pas eu de nouvelles fractures des os depuis son placement mais souffre d’un retard de langage. Sur décision d’un juge de Béthune (le couple vit à Hénin-Beaumont), elle va chez ses parents les mercredis et un week-end sur deux. Le couple espère en retrouver la garde mais l’audience de mardi, dont le contenu sera transmis à Béthune, changera évidemment la donne.
http://www.lavoixdunord.fr/region/e...ppe-par-ses-parents-ia16b0n2516534?xtor=RSS-2
La scène se déroule dans le service pédiatrique du centre hospitalier de Douai, le 26 mai 2011. Mélissa (1), nourrisson d’à peine deux mois, est hospitalisée pour diverses fractures sur tout le corps. F. S., son père, tient l’enfant qui pleure dans ses bras quand une infirmière le surprend en train de le gifler. « J’ai demandé le biberon à l’infirmière, il a tardé à arriver, je me suis énervé avec le bruit, la chaleur... » F. S., aujourd’hui âgé de 26 ans et domicilié à Hénin-Beaumont, est jugé pour avoir donné cette gifle mais aussi pour des violences habituelles que lui et C. D., sa concubine du même âge, auraient commises sur l’enfant depuis sa naissance.
Les experts sont formels : les fractures aux côtes, au tibia gauche (neuf au total), les arrachements ligamentaires sont la conséquence d’actes volontaires. Mélissa n’était donc pas atteinte de la maladie dite des os de verre (l’ostéogénèse imparfaite), elle ne s’était pas non plus blessée dans le porte-bébé ou encore avec les forceps (!) lors de l’accouchement.
C’étaient les explications que le couple avait données et qu’il répète au tribunal. « Si j’avais fait quelque chose à ma fille, je ne serais pas allée tout de suite à l’hôpital », lâche C. D. « Je suis impulsif mais pas violent, renchérit F. S., le père. Je reconnais la gifle mais pas le reste. Je ne vais pas avouer quelque chose que je n’ai pas fait ! J’aime trop ma fille pour commettre des violences. »
Le problème, c’est que Mélissa n’était gardée que par ses parents à l’époque, à Esquerchin. Qui a fait quoi alors ? Il faut insister pour entrevoir un début de commencement d’explication de C. D. La femme désigne mollement son concubin : « Peut-être qu’il l’a fait mais pas devant moi ». Rien de plus. Au grand dam du parquet et de la partie civile. « Mélissa a été cassée de partout, lâche Me Alain Reisenthel, son avocat. Ses parents nous disent qu’elle ne pleurait pas mais elle devait hurler constamment ! Monsieur ne peut pas dire la vérité car il est incapable de l’admettre devant ses propres parents. » « Vous n’avouez que quand on vous voit, c’est honteux ! », balance la substitut du procureur Annelise Cau à l’adresse du père. F. S. ne bronche pas, c’est tout juste s’il rougit. Même quand il doit parler de ses mensonges au cours de l’instruction. Même quand on lui demande quelles explications il donnera à sa fille quand elle lui posera des questions : « Je lui dirai que je ne sais pas comment c’est arrivé », souffle F. S. Suivi de sa concubine : « Je lui dirai que, moi personnellement, je n’ai rien fait ».
1. Prénom d’emprunt.
«Un couple fusionnel»
Au cours de l’instruction judiciaire, plusieurs experts ont été consultés pour comprendre le fonctionnement du couple formé par F. S. et C. D. L’un d’eux parle d’une « relation fusionnelle » entre les deux. Deux éléments comme faits l’un pour l’autre mais avec leurs problèmes aussi. « Ils se sont bien trouvés car ils avaient tous les deux des carences à consolider », argumente la substitut du procureur Dorothée Coudevylle.
C. D., la femme, le reconnaît : « J’ai eu une enfance pas très simple, j’étais très renfermée ». Expulsée du foyer parental à la suite d’une dispute quand elle n’était encore qu’une toute jeune adulte, C. D. n’avait que 23 ans quand Mélissa est née. Dans ce couple « fusionnel », quelle place a pris le nouveau-né ? L’enfant aurait-il pu être un obstacle au fonctionnement du couple ? « C’est sûr qu’un enfant change la vie », glisse C. D. sans aller plus loin. « C’est le mutisme complet !, tonne la substitut du procureur. Le couple fait bloc mais il n’y a aucun travail de réflexion qui a été mené. » L’un et l’autre n’ont suivi qu’une courte psychothérapie de trois mois au cours de l’instruction. Depuis ? Plus rien. J. C.
Et Mélissa?
Depuis la gifle du 26 mai 2011, Mélissa ne vit plus avec ses parents, elle est placée en famille d’accueil. Comme s’il fallait répéter qu’on ne parle plus de maladie des os de verre, l’enfant n’a pas eu de nouvelles fractures des os depuis son placement mais souffre d’un retard de langage. Sur décision d’un juge de Béthune (le couple vit à Hénin-Beaumont), elle va chez ses parents les mercredis et un week-end sur deux. Le couple espère en retrouver la garde mais l’audience de mardi, dont le contenu sera transmis à Béthune, changera évidemment la donne.
http://www.lavoixdunord.fr/region/e...ppe-par-ses-parents-ia16b0n2516534?xtor=RSS-2