Essais nucléaires: Une association de Figuig s'empare du dossier
03.04.2009
De 1960 à 1966, la France a procédé à plusieurs essais nucléaires dans le désert algérien. Un dossier érigé au rang de priorité pour les gouvernements algériens successifs. La question était toujours inscrite sur l'agenda des réunions franco-algériennes. Ce n'est pas le cas pour le Maroc officiel. Et pourtant une association basée à Figuig a fait de ce très sensible dossier son cheval de bataille. Nullement intimidée par l'enjeu de la question, elle monte au créneau et réclame crânement à l'Etat français des indemnisations. D'aucuns pourraient avancer que l'ONG s'aventure sur un terrain de sables mouvants. La manuvre est loin d'être une diversion, mais elle se base plutôt sur de nombreuses données rassemblées par les membres de cette association sur le terrain. Le docteur Fadli Mustapha, membre de l'ONG, assure que «le nombre des habitants de Figuig atteints de cancer ou décédés suite à des tumeurs cancérigènes est alarmant», précisant au passage que «ce taux dépasse de loin ceux enregistrés dans les autres régions du pays à part le Rif». Les armes chimiques utilisées par les Espagnols y sont pour quelque chose. Assurément, les obstacles ne manquent pas, à commencer par celui de diligenter les équipes nécessaires afin de prouver scientifiquement que la population de Figuig a bel et bien été affectée par les radiations des essais nucléaires que la France a menés entre 1960 et 1966 dans le Sahara algé*rien.
A ce titre, sous couvert d'anonymat, un spécialiste marocain en nucléaire se montre très prudent en répondant à nos questions. Son argument, la demande d'indemnisation devra au préalable s'appuyer sur de nombreuses études scientifiques menées tant à Figuig que sur les sites des essais nucléaires en Algérie. Notre source affirme que «des paramètres doivent être pris en considération avant de pouvoir émettre un avis sur ce dossier. Il faudrait commencer par effectuer des visites sur les sites en question, étudier les directions des vents de l'époque et revoir les types d'explosifs utilisés lors de ces essais nucléaires». En clair, la mission de l'association de Figuig est loin d'être une sinécure. En l'absence d'un parapluie officiel, l'initiative de l'association de Figuig s'apparente plutôt à un parcours du combattant. La semaine dernière, Mustapha Mansouri, le président du Parlement, a brisé des années de silence officiel en demandant à l'Espagne d'indemniser les victimes des armes chimiques dans le Rif durant l'occupation espagnole, d'autant plus que le contexte le permet, le ciel étant gris entre les deux pays. Avec la France, c'est une autre paire de manches.
En extirpant ce dossier de l'étau de l'oubli, «notre objectif est de sensibiliser en premier lieu la société civile», avoue modestement Omar Saâdi.
Mouhamed Jaâbouk
Source: Le Soir Echos
03.04.2009
De 1960 à 1966, la France a procédé à plusieurs essais nucléaires dans le désert algérien. Un dossier érigé au rang de priorité pour les gouvernements algériens successifs. La question était toujours inscrite sur l'agenda des réunions franco-algériennes. Ce n'est pas le cas pour le Maroc officiel. Et pourtant une association basée à Figuig a fait de ce très sensible dossier son cheval de bataille. Nullement intimidée par l'enjeu de la question, elle monte au créneau et réclame crânement à l'Etat français des indemnisations. D'aucuns pourraient avancer que l'ONG s'aventure sur un terrain de sables mouvants. La manuvre est loin d'être une diversion, mais elle se base plutôt sur de nombreuses données rassemblées par les membres de cette association sur le terrain. Le docteur Fadli Mustapha, membre de l'ONG, assure que «le nombre des habitants de Figuig atteints de cancer ou décédés suite à des tumeurs cancérigènes est alarmant», précisant au passage que «ce taux dépasse de loin ceux enregistrés dans les autres régions du pays à part le Rif». Les armes chimiques utilisées par les Espagnols y sont pour quelque chose. Assurément, les obstacles ne manquent pas, à commencer par celui de diligenter les équipes nécessaires afin de prouver scientifiquement que la population de Figuig a bel et bien été affectée par les radiations des essais nucléaires que la France a menés entre 1960 et 1966 dans le Sahara algé*rien.
A ce titre, sous couvert d'anonymat, un spécialiste marocain en nucléaire se montre très prudent en répondant à nos questions. Son argument, la demande d'indemnisation devra au préalable s'appuyer sur de nombreuses études scientifiques menées tant à Figuig que sur les sites des essais nucléaires en Algérie. Notre source affirme que «des paramètres doivent être pris en considération avant de pouvoir émettre un avis sur ce dossier. Il faudrait commencer par effectuer des visites sur les sites en question, étudier les directions des vents de l'époque et revoir les types d'explosifs utilisés lors de ces essais nucléaires». En clair, la mission de l'association de Figuig est loin d'être une sinécure. En l'absence d'un parapluie officiel, l'initiative de l'association de Figuig s'apparente plutôt à un parcours du combattant. La semaine dernière, Mustapha Mansouri, le président du Parlement, a brisé des années de silence officiel en demandant à l'Espagne d'indemniser les victimes des armes chimiques dans le Rif durant l'occupation espagnole, d'autant plus que le contexte le permet, le ciel étant gris entre les deux pays. Avec la France, c'est une autre paire de manches.
En extirpant ce dossier de l'étau de l'oubli, «notre objectif est de sensibiliser en premier lieu la société civile», avoue modestement Omar Saâdi.
Mouhamed Jaâbouk
Source: Le Soir Echos