Édouard Philippe, le Premier ministre français, a beau citer Alain Mabanckou, l'écrivain congolais, en ouverture de son discours pour le lancement de la « stratégie nationale d'attractivité des étudiants internationaux », ce lundi 19 novembre, à l'occasion des Rencontres universitaires de la francophonie,
les étudiants africains n'auront pas de traitement de faveur. Bien au contraire.
Hausse des frais d'inscription dès 2019
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il a attendu la fin de son discours pour aborder cette question-clé du financement des études.
Les droits d'inscription dans les universités françaises pour les étudiants non européens vont augmenter, là où ils paient aujourd'hui les frais d'inscription classiques de quelques centaines d'euros, 170 euros pour la licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat – la nouvelle stratégie dite « différenciée » prévoit qu'une partie d'entre eux paient des frais d'inscription plus élevés (de l'ordre d'un tiers du coût réel).
Par exemple, les futurs étudiants africains auront désormais à payer 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et doctorat.
En effet, le ministère de l'Enseignement supérieur estime le coût des formations universitaires à 9 660 euros en moyenne par an. Du côté français, les calculs sont faits : faire payer aux étudiants extracommunautaires le coût complet de leur cursus rapporterait 4 milliards d'euros, selon le FCE.
Du côté des étudiants africains, tout cela n'est pas pour rassurer, surtout que les conditions de vie sont déjà difficiles pour nombre d'entre eux.
Pamela Moore, une doctorante venue du Nigeria, rencontrée ce matin au Cenquatre, où se déroulent les Rencontres universitaires de la francophonie, nous confie ses craintes quant à son avenir. Arrivée en France pour des études en linguistique, master suivi d'un doctorat, elle n'a bénéficié d'aucune prise en charge particulière. Elle a dû solliciter chaque année le renouvellement de son titre de séjour avec la crainte de devoir quitter le territoire avant chaque rentrée scolaire, sans compter le coût du logement, qu'avec une maigre bourse elle paie 317 euros. Elle a même dû retourner dans son pays une année, faute de logement. « Sur le papier, nous avons des bourses, mais elles ne sont pas toujours payées à temps. »
Les bourses et exonérations renforcées
Pour compenser, le gouvernement français entend renforcer les programmes de bourses et d'exonérations. 15 000 bourses d'études du gouvernement français (contre 7 000 aujourd'hui), qui seront délivrées par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, concerneront prioritairement les étudiants en provenance du Maghreb et des pays d'Afrique.
Édouard Philippe entend ainsi rééquilibrer les forces et mettre fin à un système qui privilégie les élites ou les enfants de familles favorisées.
Pas si sûr, rétorque une source en contact permanent avec ces étudiants. Selon elle, ces familles privilégiées sont minoritaires en Afrique et, en général, elles ont les moyens d'accompagner leurs enfants partis étudier à l'étranger la première année, mais rarement la deuxième ou sur le long terme. La solution serait d'y aller au cas par cas et de continuer à travailler en lien étroit avec les gouvernements, comme le fait Campus France, citant quelques réussites avec des pays comme le Gabon, la Côte d'Ivoire ou le Sénégal.
D'autres pays tentent d'avoir la même approche, mais encore faut-il avoir des marchés du travail réceptifs et des emplois à la clé pour le retour au pays des diplômés.
Ce que Campus France observe aussi à son niveau, c'est le nombre de diplômés qui ne souhaitent plus rentrer dans leur pays.
Ceux-là pourront dès 2019, s'ils sont diplômés avec un niveau master en France et s'ils sont retournés dans leur pays d'origine, bénéficier d'un titre de séjour pour revenir en France et chercher du travail, annonce le Premier ministre.
C'est un projet qui fait partie de la loi du 10 septembre 2018 sur l'asile et l'immigration pour favoriser les mobilités circulaires, conformément à l'engagement pris par le président de la République dans son discours prononcé à Ouagadougou.
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les étudiants africains n'auront pas de traitement de faveur. Bien au contraire.
Hausse des frais d'inscription dès 2019
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il a attendu la fin de son discours pour aborder cette question-clé du financement des études.
Les droits d'inscription dans les universités françaises pour les étudiants non européens vont augmenter, là où ils paient aujourd'hui les frais d'inscription classiques de quelques centaines d'euros, 170 euros pour la licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat – la nouvelle stratégie dite « différenciée » prévoit qu'une partie d'entre eux paient des frais d'inscription plus élevés (de l'ordre d'un tiers du coût réel).
Par exemple, les futurs étudiants africains auront désormais à payer 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et doctorat.
En effet, le ministère de l'Enseignement supérieur estime le coût des formations universitaires à 9 660 euros en moyenne par an. Du côté français, les calculs sont faits : faire payer aux étudiants extracommunautaires le coût complet de leur cursus rapporterait 4 milliards d'euros, selon le FCE.
Du côté des étudiants africains, tout cela n'est pas pour rassurer, surtout que les conditions de vie sont déjà difficiles pour nombre d'entre eux.
Pamela Moore, une doctorante venue du Nigeria, rencontrée ce matin au Cenquatre, où se déroulent les Rencontres universitaires de la francophonie, nous confie ses craintes quant à son avenir. Arrivée en France pour des études en linguistique, master suivi d'un doctorat, elle n'a bénéficié d'aucune prise en charge particulière. Elle a dû solliciter chaque année le renouvellement de son titre de séjour avec la crainte de devoir quitter le territoire avant chaque rentrée scolaire, sans compter le coût du logement, qu'avec une maigre bourse elle paie 317 euros. Elle a même dû retourner dans son pays une année, faute de logement. « Sur le papier, nous avons des bourses, mais elles ne sont pas toujours payées à temps. »
Les bourses et exonérations renforcées
Pour compenser, le gouvernement français entend renforcer les programmes de bourses et d'exonérations. 15 000 bourses d'études du gouvernement français (contre 7 000 aujourd'hui), qui seront délivrées par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, concerneront prioritairement les étudiants en provenance du Maghreb et des pays d'Afrique.
Édouard Philippe entend ainsi rééquilibrer les forces et mettre fin à un système qui privilégie les élites ou les enfants de familles favorisées.
Pas si sûr, rétorque une source en contact permanent avec ces étudiants. Selon elle, ces familles privilégiées sont minoritaires en Afrique et, en général, elles ont les moyens d'accompagner leurs enfants partis étudier à l'étranger la première année, mais rarement la deuxième ou sur le long terme. La solution serait d'y aller au cas par cas et de continuer à travailler en lien étroit avec les gouvernements, comme le fait Campus France, citant quelques réussites avec des pays comme le Gabon, la Côte d'Ivoire ou le Sénégal.
D'autres pays tentent d'avoir la même approche, mais encore faut-il avoir des marchés du travail réceptifs et des emplois à la clé pour le retour au pays des diplômés.
Ce que Campus France observe aussi à son niveau, c'est le nombre de diplômés qui ne souhaitent plus rentrer dans leur pays.
Ceux-là pourront dès 2019, s'ils sont diplômés avec un niveau master en France et s'ils sont retournés dans leur pays d'origine, bénéficier d'un titre de séjour pour revenir en France et chercher du travail, annonce le Premier ministre.
C'est un projet qui fait partie de la loi du 10 septembre 2018 sur l'asile et l'immigration pour favoriser les mobilités circulaires, conformément à l'engagement pris par le président de la République dans son discours prononcé à Ouagadougou.
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