Le ministre de l'Intérieur a annoncé qu'il enverrait une nouvelle circulaire aux préfets, qui sera spécifique aux « diplômés hautement qualifiés ». Après quatre mois de polémique, le gouvernement s'est rangé aux avis des entreprises et des universitaires.
Machine arrière. Au ministère de l'Intérieur, on se garde bien de prononcer pareils mots. Officiellement, si Claude Guéant a bien annoncé son intention d'envoyer une nouvelle circulaire aux préfets sur les étudiants étrangers, il s'agit de « clarifier le texte du 31 mai, qui traitait de manière générale de l'immigration professionnelle et qui avait généré des malentendus sur le point particulier des jeunes diplômés hautement qualifiés ». En effet, cette circulaire, cosignée par le ministre du Travail et celui de l'Intérieur, portait à la fois sur les titres de séjour « salarié » pour des ressortissants étrangers désirant venir travailler en France et sur les changements de statuts d'étudiant à salarié qui concernent cette fois des diplômés étrangers déjà présents sur le territoire pour leurs études.
C'est par eux que tout a commencé. Très vite soutenus par la Conférence des grandes écoles et la Conférence des présidents d'université, les étudiants, réunis en collectif, se sont mobilisés dès le mois de septembre pour montrer les écueils engendrés par la circulaire. D'un côté, des jeunes surdiplômés, avec une promesse d'embauche en poche, contraints de quitter le territoire faute de permis de séjour. De l'autre côté, des entreprises désemparées qui se voyaient privées de jeunes recrues qu'elles avaient parfois déjà formées en stage pendant trois ou six mois. Il aura fallu près de quatre mois, au cours desquels se sont enchaînées réunions au ministère, pétition et proposition de résolution parlementaire, pour que le gouvernement revienne sur son initiative et reconnaisse, implicitement, que ses arguments ne tenaient pas. D'abord, celui du développement solidaire. Refuser le séjour à de jeunes diplômés pour qu'ils aillent développer l'économie de leur pays sans leur avoir donné la possibilité d'avoir une expérience professionnelle, ne serait-ce que d'un ou deux ans, n'est pas cohérent. Surtout lorsque ces mêmes diplômés, souvent marocains ou tunisiens, formés dans les universités françaises, partent pour le Canada.
Effet dévastateur
L'idée de préserver le marché du travail français ne tient guère mieux. Parce que le nombre d'étudiants bénéficiant d‘un changement chaque année (autour de 6.000) est une goutte d'eau par rapport au nombre de chômeurs en France. Et parce que les entreprises qui embauchent ces jeunes ne cherchent pas un diplômé de HEC, des Mines ou de Sciences Po, mais un diplômé qui parle arabe, chinois, russe et qui connaît la culture des pays concernés.
Enfin, le gouvernement s'est rendu compte, mais peut-être trop tard, que la circulaire pouvait avoir un effet dévastateur sur l'attractivité et l'image des universités et des écoles françaises à l'étranger, elles qui cherchent pourtant à accueillir de nouveaux talents. Jean-Pierre Raffarin, qui voyage régulièrement en Chine, n'a-t-il pas été tout récemment interpellé par des étudiants à Pékin, inquiets du sort qui leur serait réservé s'ils choisissaient la France ?
MARIE BELLAN, Les Echos
http://www.lesechos.fr/journal20111...-pourquoi-le-gouvernement-a-recule-267804.php
Machine arrière. Au ministère de l'Intérieur, on se garde bien de prononcer pareils mots. Officiellement, si Claude Guéant a bien annoncé son intention d'envoyer une nouvelle circulaire aux préfets sur les étudiants étrangers, il s'agit de « clarifier le texte du 31 mai, qui traitait de manière générale de l'immigration professionnelle et qui avait généré des malentendus sur le point particulier des jeunes diplômés hautement qualifiés ». En effet, cette circulaire, cosignée par le ministre du Travail et celui de l'Intérieur, portait à la fois sur les titres de séjour « salarié » pour des ressortissants étrangers désirant venir travailler en France et sur les changements de statuts d'étudiant à salarié qui concernent cette fois des diplômés étrangers déjà présents sur le territoire pour leurs études.
C'est par eux que tout a commencé. Très vite soutenus par la Conférence des grandes écoles et la Conférence des présidents d'université, les étudiants, réunis en collectif, se sont mobilisés dès le mois de septembre pour montrer les écueils engendrés par la circulaire. D'un côté, des jeunes surdiplômés, avec une promesse d'embauche en poche, contraints de quitter le territoire faute de permis de séjour. De l'autre côté, des entreprises désemparées qui se voyaient privées de jeunes recrues qu'elles avaient parfois déjà formées en stage pendant trois ou six mois. Il aura fallu près de quatre mois, au cours desquels se sont enchaînées réunions au ministère, pétition et proposition de résolution parlementaire, pour que le gouvernement revienne sur son initiative et reconnaisse, implicitement, que ses arguments ne tenaient pas. D'abord, celui du développement solidaire. Refuser le séjour à de jeunes diplômés pour qu'ils aillent développer l'économie de leur pays sans leur avoir donné la possibilité d'avoir une expérience professionnelle, ne serait-ce que d'un ou deux ans, n'est pas cohérent. Surtout lorsque ces mêmes diplômés, souvent marocains ou tunisiens, formés dans les universités françaises, partent pour le Canada.
Effet dévastateur
L'idée de préserver le marché du travail français ne tient guère mieux. Parce que le nombre d'étudiants bénéficiant d‘un changement chaque année (autour de 6.000) est une goutte d'eau par rapport au nombre de chômeurs en France. Et parce que les entreprises qui embauchent ces jeunes ne cherchent pas un diplômé de HEC, des Mines ou de Sciences Po, mais un diplômé qui parle arabe, chinois, russe et qui connaît la culture des pays concernés.
Enfin, le gouvernement s'est rendu compte, mais peut-être trop tard, que la circulaire pouvait avoir un effet dévastateur sur l'attractivité et l'image des universités et des écoles françaises à l'étranger, elles qui cherchent pourtant à accueillir de nouveaux talents. Jean-Pierre Raffarin, qui voyage régulièrement en Chine, n'a-t-il pas été tout récemment interpellé par des étudiants à Pékin, inquiets du sort qui leur serait réservé s'ils choisissaient la France ?
MARIE BELLAN, Les Echos
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