À propos des droits de la femme
En ce qui concerne les commentaires humanitaires sur l’Afghanistan, je me demande pourquoi cette même coalition occidentale qui avait envahi l’Afghanistan, allait, deux ans plus tard, balayer également l’Irak de la carte, alors qu’on y respectait bel et bien les droits de la femme. On se demande pourquoi un pays comme l’Arabie Saoudite, qui foule au pied ces mêmes droits de la femme, fait toujours partie du cercle de nos proches amis. Pourquoi permettons-nous que la population palestinienne de Gaza soit enfermée dans une prison à ciel ouvert, sans eau ou électricité à suffisance : n’y a-t-il pas là des femmes et des enfants aussi ?
Ou cette réflexion, également : les droits de la femme en Occident ont-ils jamais été arrachés grâce à l’intervention d’une puissance étrangère ? Notre pays, la Belgique, a-t-il été bombardé afin d’être forcé d’accorder aux femmes le droit de vote en 1948, ou d’y permettre aux femmes d’ouvrir un compte bancaire sans l’accord de leur mari, un droit qui ne leur a été accordé qu’en 1976 ? La France a-t-elle été bombardée parce que, jusqu’en 1965, les femmes ne pouvaient pas y avoir un emploi sans le consentement de leur mari ? Ou veut-on nous dire que les femmes afghanes sont une fois pour toutes plus arriérées que les femmes occidentales ?
On oublierait presque pourquoi tout cela a commencé il y a vingt ans
La déclaration de guerre des EU à l’Afghanistan en 2001 n’avait strictement rien à voir avec le fait d’apporter la civilisation ou avec les droits des femmes ou des enfants. Mais tout à voir avec la vengeance de l’Occident en raison des attentats de New York, le 11 septembre 2001. Une vengeance exercée contre l’un des pays les plus pauvres de la planète. Une vengeance contre une population de quelque 28 millions d’humains. Contre cette guerre, les Taliban ont tenté de se défendre par tous les moyens. Tels qu’ils sont décrits dans le livre
My Life with the Taliban (Ma vie avec les Taliban) d’Abdul Salam Zaeef, l’ambassadeur afghan des Taliban au Pakistan.
L’Amérique avait désigné Oussama ben Laden, qui se trouvait en territoire afghan, comme responsable des attentats de New York. À l’époque, la chasse à Ben Laden avait cours depuis quelques années déjà. Les attentats de 1998 contre les ambassades des EU à Nairobi et en Tanzanie avaient valu à Ben Laden une place bien en vue sur la liste étasunienne des « 10 most wanted » (les 10 personnages les plus recherchés). Après ces attentats, le président de l’époque, Bill Clinton, avait fait tirer des roquettes sur l’Afghanistan et de lourdes sanctions économiques avaient été imposées au pays.
Les EU exigeaient la livraison d’Oussama ben Laden. Il n’existait pas d’accord d’extradition entre les EU et l’Afghanistan et, par conséquent, le gouvernement des Taliban répondit à la demande étasunienne en trois points.
Un. Si les EU peuvent prouver qu’Oussama ben Laden est responsable des attentats, ils doivent dans ce cas déposer ces preuves auprès de la Cour suprême de Justice en Afghanistan. Si ces preuves sont réelles, Ben Laden sera châtié selon la charia islamique.
Deux. Si la chose n’est pas acceptable pour les EU, du fait qu’ils ne reconnaissent pas l’État islamique de l’Afghanistan, ce dernier propose alors de désigner trois procureurs de trois pays islamiques et de le juger dans un quatrième pays islamique. Les EU pourront y plaider leur cause contre Ben Laden. Si celui-ci est déclaré coupable, il sera condamné pour ses actes criminels.
Trois. Si cela aussi est inacceptable aux yeux des EU, l’Afghanistan promet alors de priver Ben Laden de tous les moyens le mettant en mesure d’avoir quelque portée à l’étranger et de lui permettre de ne mener qu’une simple existence de réfugié en Afghanistan.