Extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis : "Nous allons faire appel sur tous les niveaux et sur tous les plans", réagit l'avocat français

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"Je suis très inquiet", a confié vendredi 17 juin sur franceinfo Antoine Vey, avocat de Julian Assange aux barreaux de Paris et de Genève, spécialisé dans la défense pénale, la presse et les libertés fondamentales. Il réagissait à la décision de Londres d'extrader aux Etats-Unis Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, actuellement dans une prison londonienne depuis 2019. L'avocat annonce qu'il fera appel "sur tous les niveaux et sur tous les plans" car il craint que cette décision soit en réalité "une forme de permis de torturer."

franceinfo : Est-ce que vous êtes inquiet pour votre client ?

Antoine Vey :
Oui, je suis très inquiet. J'étais avec lui ce matin dans le parloir au moment où la décision a été annoncée. Nous n'avons pas de téléphone dans les parloirs, j'ai donc appris la décision sur le parking de la prison et je sais qu'il va l'apprendre dans les prochaines minutes. J'ai trouvé quelqu'un de très angoissé, de très faible. Comme toutes les personnes qui connaissent Julian Assange, je suis dans un profond état d'inquiétude. On le présente encore parfois comme un terroriste mais je tiens à rappeler qu'il faut tordre le cou à toute cette terminologie. On est en train de parler d'un drame qui a révélé des informations vraies, voilà ce qu'on lui reproche. On peut discuter des méthodes et du sens de tout ça mais c'est un journaliste qui a porté à la connaissance du monde des crimes de guerre, des actions qui étaient illégales et c'est pour ça qu'aujourd'hui il est en prison. Il est de plus en plus anxieux face à la décision qui est rendue et qui est une forme de permis de torturer. Il ne faut pas être dupe des engagements pris par les Etats-Unis. Tous les engagements dans ce dossier ont systématiquement été mis à la poubelle. On sait très bien que Julian Assange aux Etats-Unis n'aura pas un procès équitable. Ce sont ceux qui se présentent victimes de ce pourquoi il est poursuivi qui espèrent pouvoir faire croire qu'ils vont organiser un procès équitable. Ce qui est impossible aux Etats-Unis. Il va être soumis à un traitement qui va l'isoler.



Il est de plus en plus anxieux face à la décision qui est rendue et qui est une forme de permis de torturer.
Antoine Vey, avocat de Julian Assange
franceinfo


Pourquoi parlez-vous de permis de torturer ?

Parce que c'est exactement ce qui va se passer une fois qu'il sera sur le sol américain. Plus personne ne saura où il est, plus personne ne pourra lui rendre visite. Il sera soumis à des traitements extrêmement violents. Le monde entier le sait. Ce n'est pas parce que les Etats-Unis sont une grande démocratie sous certains angles que le monde entier ne sait pas que oui il y a des prisonniers torturés dans ce pays. Ils le sont dans des camps spéciaux. Chelsea Manning [lanceuse d'alerte] a été déplacée et même ses avocats, même sa famille ne savait pas où elle était pendant plusieurs mois. C'est le traitement qui sera réservé à Julian Assange.
 
Est-ce que vous allez faire appel de cette décision ?

Oui, tout va être fait sur tous les niveaux et sur tous les plans pour faire en sorte qu'il ne soit pas extradé vers les Etats-Unis. Il y a plusieurs types de recours qui seront engagés : des recours internes dans les 14 jours de délai anglais et des recours internationaux parce que c'est vrai que cette décision est tellement critiquable qu'on en viendrait à oublier que le Royaume-Uni fait partie de conventions internationales qui protègent le droit à chacun d'avoir des conditions dignes et un procès équitable. Je ne suis pas confiant sur ces recours. C'est un combat. Une fois extradée, les choses deviendront extrêmement difficiles parce que les Etats-Unis sont les Etats-Unis. Cet homme n'a strictement rien à faire dans une prison aujourd'hui. Son action a révélé à la face du monde des crimes de guerre, son action a contribué à une meilleure information du public sur les méthodes qui étaient celles de ceux qui dirigent certaines grandes démocraties. En fait, je crois que tout citoyen, s'il veut pouvoir exercer ses libertés fondamentales, doit être capable d'avoir un sens critique et donc une bonne information et une information vraie. Dans ce sens-là, le combat de Julian Assange, qui était peut-être idéologique ou politique, avait le droit d'être mené et en réalité les Etats-Unis - ou plutôt les services américains - ont juridicisé ce problème contre lui pour le faire taire, le mettre en prison et le rendre incapable d'action, ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux.



Cet homme n'a strictement rien à faire dans une prison aujourd'hui.
Antoine Vey, avocat de Julian Assange
franceinfo


La justice britannique n'a pas considéré qu'une extradition serait oppressive, injuste ou contraire aux droits humains de Julian Assange. Plusieurs organisations de droits humains dénoncent une grave attaque contre la liberté de la presse aujourd'hui mais est-ce qu'on peut vraiment tout révéler sur internet, sans règles ? Certains grands quotidiens ont d'ailleurs dénoncé ces méthodes ?

Le Monde, Le Guardian et le New York Times qui ont diffusé - en lien avec WikiLeaks - un nombre incalculable d'informations n'ont aucun de leurs journalistes en prison et aucun n'est menacé de 175 années d'incarcération. Il y a donc véritablement un acharnement politique et une persécution qui ne s'abat que sur lui parce qu'il est la figure de ce que les services veulent atteindre. Deuxième chose, la justice britannique a validé son extradition mais elle n'a pas validé le fait que son état de santé ne le permettait pas. La juge britannique qui s'était opposée à cette extradition l'avait fait sur la base d'expertises qui n'ont jamais été contredites. Aujourd'hui, c'est un homme dont l'état de santé ne lui permet ni de se défendre, ni d'envisager une extradition. Je pense qu'on a besoin du soutien de toute personne de bonne volonté qui a la nécessité de s'informer, de ne pas considérer qu'il s'agit d'un sort qui ne les concerne pas. C'est tout l'enjeu du combat de Julian Assange, l'information.
 
Julian Assange, Alina Lipp et Anne-laure Bonnel, sont trois journalistes qui payent le prix fort pour avoir dit la vérité en Occident : tentative de les asphyxier financièrement, puis censure, menace d’emprisonnement ou emprisonnement tout court, et même torture physique et psychologique dans le cas d’Assange. Ces trois cas illustrent parfaitement la réalité de la « démocratie » en Occident.

Le cas de Julian Assange, dont l’extradition vient d’être validée par les autorités britanniques, est le plus médiatisé, et le plus révélateur de ce qui peut attendre un journaliste occidental qui ose dire la vérité.

En 2006, Julian Assange fonde Wikileaks, une organisation non gouvernementale et à but non-lucratif, qui publie sur son site des documents classifiés, fournis par des lanceurs d’alertes. Le site a publié depuis des millions de documents concernant des violations des droits de l’homme, des scandales de corruption et surtout des crimes de guerre.

En 2010, alors que site s’apprête à publier des documents sur la guerre en Irak, Julian Assange voit sa demande de permis de travail et de résidence être refusée par la Suède. Pays qu’il avait choisi car la législation sur la protection des sources journalistiques y est très stricte. Mais révéler les crimes de guerre des États-Unis en Irak et en Afghanistan c’est s’attirer les foudres de Washington et du complexe militaro-industriel américain. C’est là que la descente aux enfers va commencer pour Julian Assange.
 
En 2011 commence la tentative d’asphyxie financière du site Wikileaks. Visa, Mastercard, Bank of America, PayPal et Western Union organisent un blocus financier de Wikileaks, réduisant les revenus de l’organisation de 95%, qui se tournera alors vers les crypto-monnaies pour échapper à l’asphyxie financière.

À partir de 2012, la censure par attaques informatiques massives contre le site est lancée. Le but est de tenter d’empêcher les gens d’accéder aux millions de documents publiés sur le site. Pour information, c’est Wikileaks qui aidera Edward Snowden à sortir de Hong Kong et à obtenir l’asile politique en Russie.

En parallèle, de 2010 à 2012, Julian Assange est placée sous liberté surveillée au Royaume-Uni suite à une accusation de délit sexuel faite en Suède en 2010. Assange dénonce une accusation bidon, dont le seul but est de l’envoyer en Suède d’où il pourra être extradé vers les États-Unis. Suite au refus de la Cour suprême du Royaume-Uni de rejeter la demande d’extradition vers la Suède, Julian Assange se réfugie le 19 juin 2012 à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il vivra reclus pendant sept ans, sous surveillance de Scotland Yard et de la CIA.

CIA qui envisagera d’ailleurs en 2017 de faire assassiner purement et simplement Julian Assange dans l’ambassade équatorienne. Mais devant le risque de scandale international que cela susciterait, la CIA y renonce, et opte pour un plan plus discret et plus pervers.
 
Le 11 avril 2019, Julian Assange perd sa nationalité équatorienne obtenue deux ans plus tôt, ainsi que son droit d’asile dans l’ambassade équatorienne, d’où il est sorti de force par des policiers britanniques. Il est alors envoyé en prison, à Belmarsh, et l’affaire de « délit sexuel » est clôturée par la Suède faute de preuves quelques mois après son arrestation, prouvant s’il en était besoin que cette affaire n’était qu’un prétexte.

Pendant trois ans, Julian Assange et ses avocats se sont battus pour empêcher son extradition vers les États-Unis, où il risque jusqu’à 175 ans de prison ! En vain. Et pendant tout ce temps, Julian Assange a été soumis à des conditions de détention qui tiennent de la torture : isolement total, cellule insuffisamment chauffée en hiver, défaut de soins. L’état de Julian Assange se dégrade rapidement dans ces conditions, et plusieurs experts et médecins s’indignent et qualifient ce qui lui est infligé dans la prison de Belmarsh de torture.

S’il est envoyé aux États-Unis, Julian Assange pourrait être envoyé à Guantanamo, ou ailleurs et torturé comme bon nombre d’autres prisonniers. Son cas doit servir d’exemple pour décourager tout autre journaliste occidental de révéler certaines vérités qui dérangent.
 
Et on voit que le cas Assange pourrait bientôt ne plus être une exception. En effet, deux journalistes indépendantes, l’Allemande Alina Lipp, et la Française Anne-Laure Bonnel, qui ont dit ouvertement ce qui se passe dans le Donbass, voient à leur tour la machine de censure occidentale s’activer contre elles.

Alina Lipp, qui est restée six mois dans le Donbass en 2022, et dit la vérité sur les crimes de guerre de l’armée ukrainienne, entre autre à Marioupol, fait désormais face à la censure.

Voir son interview en deux parties, en anglais sur Telegram :


 
Après être venu une première fois en 2021, elle est choquée par les crimes de guerre de l’armée ukrainienne contre les civils du Donbass. Elle revient donc début 2022, et reste six mois sur place. Elle raconte ouvertement et rapporte les crimes de guerre des soldats ukrainiens contre les civils de Marioupol par exemple.


Une vérité qui dérange à Berlin. Alors le compte PayPal d’Alina Lipp est bloqué. Puis son compte bancaire, ainsi que celui de son père sont clôturés, et l’État Allemand prélève sans aucune justification les environ 1600 euros qui se trouvaient encore sur son compte. Comme dans le cas Assange, la technique de l’asphyxie financière est utilisée pour faire taire les voix dissidentes. Puis vient la censure, avec la fermeture de son compte YouTube, où elle publiait ses reportages.
Et comme dans le cas de Julian Assange, très vite la justice est venue menacer Alina Lipp. Une affaire criminelle a été ouverte contre la journaliste pour soutien envers des crimes. Parce qu’elle a osé dire que ce que fait l’Ukraine dans le Donbass est un génocide, qu’elle comprend pourquoi la Russie est intervenue, pourquoi elle a lancé son opération militaire spéciale, et que les gens qu’elle connaît à Donetsk sont heureux que Moscou intervienne. Juste à cause de ça, pour avoir donné son opinion et dit la vérité, Alina Lipp risque jusqu’à trois ans de prison !

Vous pouvez télécharger le document en PDF ici :

 
Encore plus délirant, à la fin du document d’accusation, il est écrit qu’Alina Lipp ne sera pas invitée à une audition (pour se défendre) car cela perturberait le processus d’enquête (sic) ! Sans surprise, Alina Lipp ne rentrera pas en Allemagne, afin de ne pas subir le même sort que Julian Assange.


Et si certains croient que ce qui arrive à Alina Lipp ne pourrait pas arriver en France, qu’ils se penchent sur ce qui arrive à Anne-Laure Bonnel. Cette journaliste française indépendante venu dans le Donbass en 2015 et en 2022, qui elle aussi a parlé ouvertement des crimes de guerre de l’armée ukrainienne dans le Donbass.

Sans surprise elle s’est retrouvée aux côtés d’Alina Lipp et de moi-même dans « l’article » du torchon Le Monde sur les « dangereux influenceurs pro-russes ». En réalité cet article n’est qu’un parmi d’autres d’une attaque coordonnée de l’ISD, une énième organisation prétendant lutter contre la désinformation, dans plusieurs pays occidentaux, mais qui sert en réalité à justifier la censure. Les accusations portées contre les « influenceurs pro-russes » par l’ISD ont en effet été reprises par plusieurs médias, en France, en Allemagne, aux États-Unis, et sûrement ailleurs (je n’ai pas les moyens de vérifier toute la presse mondiale).
 
Anne-Laure Bonnel a aussi été attaquée directement et personnellement par plusieurs médias français qui l’ont purement et simplement dénigrée, voire diffamée. Et comme dans le cas de Julian Assange, ou celui d’Alina Lipp, les autorités utilisent l’asphyxie financière pour tenter de la faire taire.

Comme dans le cas de Alina Lipp, le compte bancaire de Anne-Laure Bonnel a été temporairement bloqué par sa banque, la Société Générale, et son contrat auprès de l’université de la Sorbonne n’a pas été reconduit.

Une méthode qui a aussi été utilisée contre Donbass Insider, qui a vu son compte Patreon, et son compte Tipeee bloqués (via le fournisseur de paiement pour Tipeee) pour les mêmes raisons : tenter de nous faire taire.

Si pour l’instant Alina Lipp et Anne-Laure Bonnel ne sont pas encore dans la situation terrible dans laquelle se trouve Julian Assange, leur cas doit faire comprendre à tous que les pays occidentaux n’ont de démocratie que le nom, et que ce qui arrive aujourd’hui à ces journalistes pourrait bien leur arriver un jour prochain, s’il leur arrivait par malheur de dire une vérité qui dérange. C’est pour cela qu’il faut se battre pour empêcher que Assange soit extradé vers les États-Unis. Pour empêcher que dire la vérité ne soit considéré comme un crime !
 
Car comme l’a si bien dit Martin Niemöller :

« Ils sont d’abord venus chercher les socialistes, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas socialiste
Puis ils sont venus chercher les syndicalistes, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas syndicaliste
Puis ils sont venus chercher les Juifs, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas juif
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre. »

Aujourd’hui ils viennent chercher Julian Assange, Alina Lipp, Anne-Laure Bonnel, ou moi-même. Mais un jour c’est vous qu’ils viendront chercher. Alors, agissez maintenant ! Exigez que l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis soit annulée ! Faites savoir que vous ne voulez pas d’une société où la vérité est un crime !

 
Encore un signe qui démontre que la démocratie n'existe pas.
La démocratie existe et elle est aussi pourrie qu'elle le démontre, c'est les croyance auxquelles le beaufs est endoctriné qui sont des mythes tel que l'histoire du peuple souverain, l'importance de la mascarade du votre, la liberté de la presse, d'expression, l'égalité ect...
 
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