Face à la Cour pénale internationale, Israël revisite l’héritage des années Trump

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La procureure ouvre la voie à une enquête sur la colonisation des territoires palestiniens, contraignant l’Etat hébreu à réévaluer l’unilatéralisme débridé encouragé un temps par Washington.

Analyse. Nulle part au monde l’héritage laissé par Donald Trump n’a été autant salué qu’en Israël. C’est une rengaine : M. Trump est « le meilleur président pour Israël » de l’histoire américaine. En ouvrant formellement une enquête sur des crimes présumés depuis 2014 dans les territoires palestiniens, mercredi 3 mars, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) incite pourtant l’Etat hébreu à revoir ce bilan.

La décision de Fatou Bensouda fait figure de rappel au droit après quatre années d’unilatéralisme débridé, encouragé par Washington. Sous le mandat de M. Trump, l’administration républicaine s’est employée à normaliser la domination d’Israël sur les territoires, pressant un temps son allié d’annexer purement et simplement une partie de la Cisjordanie.

« En moins d’un an, nous avons basculé d’une situation de normalisation américaine sans précédent des colonies et de quasi-annexion (…) à la possibilité que n’importe qui impliqué dans l’entreprise des implantations puisse devenir l’objet d’une enquête pour crimes de guerre », s’inquiétait récemment l’analyste Shimrit Meir. En réalité, les deux mouvements sont concomitants. Tandis que le secrétaire d’Etat américain de l’époque, Mike Pompeo, visitait en fanfare la colonie vinicole de Psagot, la procureure Bensouda, à La Haye, travaillait son dossier.

Depuis que les juges de la CPI ont confirmé à la procureure sa compétence pour enquêter dans les territoires, en février, divers responsables politiques israéliens ont déploré un tel rappel au passé, au moment historique où l’Etat hébreu normalise ses relations avec des Etats arabes – les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. « Nous étions en train de dépasser le conflit et voilà qu’on nous y ramène », déclarait en privé un diplomate, sans relever que la question palestinienne n’était en rien résolue, mais simplement négligée.

Proche du gouvernement, Mme Meir va jusqu’à l’encourager à apporter une réponse politique à l’enquête de la Cour. Il s’agirait de clarifier les objectifs d’Israël : la possibilité d’un Etat palestinien en fait-il encore partie ? Et sinon, que veut le pays ?

Droit international contre volonté de Dieu​

C’est voir loin et présumer beaucoup des effets d’une procédure judiciaire par nature lente, et politiquement résistible. La procureure Bensouda achève son mandat en juin. Elle devrait laisser son successeur, le Britannique Karim Khan, décider de ses priorités. Mme Bensouda a cependant tracé pour lui trois axes : à Gaza, la guerre de 2014 et la répression des manifestations de la « marche du retour », en 2018. Mais aussi la colonisation en Cisjordanie, et notamment « le transfert de civils israéliens », sujet le plus sensible pour Israël. Il y a peu de chances que M. Khan ne referme ces trois dossiers.

Israël ne reconnaît pas la compétence de la Cour à son égard. Mais il peut la convaincre de renoncer à certains travaux, en faisant valoir les enquêtes que son système judiciaire a menées lui-même sur la guerre à Gaza et sur la marche du retour. La CPI n’agit qu’en dernier recours : elle pourrait se satisfaire d’un processus local même imparfait, et abandonner ces cas. Mais, en ce qui concerne les colons et le soutien que l’Etat leur apporte, le système judiciaire israélien est quasi aveugle.
 
Ces enquêtes ne concernent que des abus extrêmes. De plus, le gouvernement israélien n’a eu de cesse, ces dernières années, d’officialiser leur entreprise. En décembre 2020, la ministre des transports, Miri Regev, a rendu public un plan de développement des infrastructures routières censé porter la population des colonies en Cisjordanie de 440 000 personnes (et 230 000 autour de Jérusalem) à un million à l’horizon 2045. « Nous appliquons la souveraineté de facto » d’Israël dans les territoires, affirmait-elle. On ne peut être plus clair.

Au minimum, l’enquête de la CPI peut contribuer à tempérer cet unilatéralisme assumé, à ralentir ou à rendre moins visible l’action des colons. Elle promet cependant de raidir les plus religieux dans leurs certitudes : ils ne peuvent entendre que le droit international prime sur la volonté de leur dieu. Leurs représentants et leurs alliés politiques en seront aiguillonnés à leur tour.

Les contradictions de Washington​

Pour saisir ce cercle vicieux, il faut relire le bilan dressé par l’ex-ambassadeur américain David Friedman de son propre mandat dans une interview accordée au New York Times en janvier. Ce dernier peut se féliciter d’être l’un des envoyés dont l’action aura été la plus marquante sur son pays d’accueil, dans l’histoire de la diplomatie américaine.

Cet ex-avocat de M. Trump a contribué à la reconnaissance par Washington de la souveraineté israélienne sur le plateau syrien du Golan, à celle de la légalité des colonies par le département d’Etat et au déménagement de l’ambassade à Jérusalem. Fervent partisan de la colonisation, il estime qu’Israël finira par annexer une partie des territoires, après avoir temporisé à l’été 2020 pour se rapprocher d’Etats arabes.

Mais ce bilan est à double tranchant. Par son déni de l’idée même que les Palestiniens disposent eux aussi de droits politiques, M. Friedman a contribué à pousser toujours plus loin la droite israélienne, diffusant en son sein un sentiment d’impunité. Il a aussi joué un rôle dans le renoncement des personnalités politiques du centre à affirmer que certains compromis avec les Palestiniens servaient, in fine, l’intérêt du pays.

Quant à M. Biden, il se trouve tôt placé devant une contradiction. Il y a peu de chances qu’il maintienne les sanctions décrétées par M. Trump contre la CPI, alors que celle-ci envisage d’enquêter sur l’intervention américaine en Afghanistan. Mais il ne peut rompre avec une longue politique bipartisane (républicaine comme démocrate) de soutien à Israël contre de telles poursuites.

Louis Imbert(Jérusalem, correspondant)

 
que du baratin, il n'ya pas de justice, que celle du plus fort contre le plus faible
Tout a fait, l'histoire est ainsi faite malheurs aux perdants ! N'esperons pas inverser la tendance de l'injustice contre les pays arabes musulmans en général, car tant que le monde musulman dans son ensemble ou arabe ne sera pas sortie de sa léthargie et sa paresse intellectuelle et scientifique et que ces état ne se seront pas développés a même de donner a leurs peuples des conditions de vie dignes alors , l'ONU ce machin sera le jouet des Américains et autres loobies qui s'en serviront pour leurs intérêts uniquement . Nous sommes comme l'Allemagne en 1945, sauf que nous c'est demuis1492, nous tombons sans cesses plus bas!
 
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