Face à la crise iranienne, le Hezbollah et le Hamas restent prudents

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Casablanca d'antan
VIB
dimanche 28 juin 2009 - 04h:38

Juan Miguel Muñoz
El Païs

Les résultats des élections en Iran garantissent à Mahmoud Ahmadinejad un second mandat présidentiel. On ne sait toujours pas si les manifestations de l’opposition dans les rues se poursuivront, ou si ce sont des feux d’artifices.

Les premières félicitations parviennent au mandataire réélu. « La démocratie a vaincu. Ce fut une victoire fulgurante, puisqu’elle a eu lieu dès le premier tour et que le pourcentage qu’il a obtenu démontre que c’est un leader aimé par son peuple », affirma Nawar al Sahili, député du parti-milice chiite libanais du Hezbollah. Fauzi Barhoum, porte-parole du Hamas, soulignait, sans allusions personnelles : nous espérons que l’Iran continuera de soutenir les droits du peuple palestinien, de respecter l’élection démocratique des Palestiniens et qu’il nous aidera à mettre fin au blocus de Gaza ».

Il est clair que les manifestations dans les rues des partisans d’Ahmadinejad et de son opposant Mir Hossein Moussavi, la querelle sur le recomptage électoral et les décisions de la hiérarchie iranienne sur les comices se sont dissipés dans les moyens de communication des deux groupes et c’est à peine s’ils reçoivent l’attention de leurs dirigeants. Durant la nuit de mercredi, le chef Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, réapparut à la télévision. Il parla du discours de dimanche du Premier Ministre israélien, Benyamin Netanyahu ; à propos des élections du Liban (il accusa Saad Hariri de fraude, disant qu’il aurait investi 750 millions de dollars dans l’achat de votes dans les districts où eurent lieu les dépouillages des votes), il évoqua également Barack Obama. Aucun mot sur les élections iraniennes.

On ne comprendrait pas la naissance du Hezbollah sans le soutien financier et humain que reçurent les gardiens de la Révolution iranienne, au début des années 80. Un soutien qui se poursuit, inébranlablement, jusqu’aujourd’hui. Il suffit de visiter la banlieue chiite Haret Hrek de Beyrouth, dévastée par Israël pendant la guerre de l’été 2006, pour se rendre compte que des dizaines de millions d’euros ont été investis dans la reconstruction. Nul n’a de doute quant à l’origine de la majeure partie des fonds.

Le Hamas également compte sur l’aide de l’Iran, bien que plus modeste et plus récente. Les devises et les armes qu’il envoie en Palestine sont beaucoup moins importantes que celles que reçoit le Hezbollah, en grande partie à cause du fait qu’Israël et l’Egypte empêchent que l’arsenal des islamistes palestiniens augmente au rythme auquel peut s’alimenter celui de la milice chiite, qui profite des passages de la frontière syro-libanaise afin de se fournir en armes à faible portée.

L’aide se résume à quelques centaines de millions de dollars annuels, à quelques fusées Katiusha, et à l’entraînement de centaines de miliciens du Hamas dans des camps sur le sol iranien et libanais. Mais l’Iran est l’unique soutien important pour une organisation isolée par la quasi-totalité du monde arabe. Néanmoins, le secret est de rigueur lorsque l’on interroge les chefs du Hamas sur leurs liens avec Téhéran.

Des sources proches du mouvement fondamentaliste consultées hier assurent qu’il n’y a pas d’inquiétude au sein du leadership, même s’ils aimeraient que tout continue comme jusqu’alors. L’ex-premier ministre Moussavi ( qui reconnaît le fait historique de l’Holocauste) n’a jamais été un ami de l’Etat sioniste non plus, il décrit d’ailleurs cet Etat pendant les deux dernières décennies comme « une tumeur cancéreuse ». « La peur n’existe pas », affirme la source, « mais Ahmadinejad est une valeur sûre. Cependant, les Islamistes palestiniens, se taisent. Comme rien n’est sûr, il est préférable de ne pas sortir une parole qui pourrait ne pas plaire à Moussavi.

Le Hamas ne peut se permettre de se fâcher avec ses très rares alliés. Même si, dans le fond, et étant données les différences entre les rivaux politiques iraniens, ils coïncident avec le président des Etats-Unis : l’accès au pouvoir en Iran du candidat appelé réformiste ne supposerait pas non plus un revirement dans les relations du régime perse avec le reste du monde, ni avec le Hamas.
 
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