FPP75
VIB
Elle dit pas que des conneries Fadela !
La communauté musulmane s'inquiète après l'incendie criminel survenu à la mosquée de Saint-Priest, près de Lyon. Quelle est votre réaction ?
J'ai une réaction extrêmement révoltée. Les actes racistes, les propos qui tendent à exclure les autres sont en augmentation. Notre République n'a pas besoin de ça. Il faut être extrêmement vigilant. Nous entrons dans une crise économique. Dans ce genre de période, on a l'habitude de trouver des boucs émissaires. Mais je compte beaucoup sur la solidarité nationale. J'ai été soulagée d'entendre les condamnations monter de partout, de la classe politique évidemment, mais aussi des associations. Les Français, dans leur grande majorité, ont l'habitude et sont contents de vivre avec des personnes qui sont immigrées ou issues de l'immigration.
Depuis votre arrivée au gouvernement, comment jugez-vous la situation dans les banlieues ?
Je dirais qu'elle est la même qu'hier. On a été abandonnés depuis trente ans.
Vous dites : "On a été abandonnés", mais aujourd'hui vous êtes membre du gouvernement, vous pouvez agir !
J'en ai la détermination. Mais 40-42 % de taux de chômage dans les banlieues pour les jeunes de moins de 26 ans, c'est chez nous. Je suis quelqu'un d'extrêmement lucide, je crains les conséquences de la crise économique dans les quartiers populaires. Avec le président de la République, nous ferons tout pour en limiter l'impact. Ce que je ne veux pas, c'est que cette crise soit politiquement instrumentalisée.
Que voulez-vous dire ?
J'ai été un peu scotchée d'entendre certains responsables politiques comparer la situation grecque et française. Mélanger les choses est dangereux. Et je ne voudrais pas que lorsqu'il y a des violences dans les manifestations on pense tout de suite à la jeunesse des banlieues.
Ne regrettez-vous pas que le gouvernement renonce à faire de la discrimination positive pour promouvoir la diversité ?
Pas du tout. Je fais cinq visites de terrain par semaine dans les quartiers. Leur demande est très claire : ils veulent être traités comme tout le monde. Ça s'appelle l'égalité des chances.
Nicolas Sarkozy a récemment regretté que la mise en place du plan banlieue n'aille pas assez vite...
Il a raison, et il a ajouté : "Certains, derrière mon dos, souhaitent plomber l'"Espoir banlieues"."
Qui visait-il ?
Vous avez, dans ce pays, une partie de l'élite qui ne souhaite pas voir émerger les enfants d'ouvriers. Ça commençait à m'agacer sérieusement de voir qu'en haut lieu certains énarques freinaient des quatre fers. J'ai tapé du poing sur la table en le disant au président de la République, avant son discours sur la diversité. En février dernier, nous avions annoncé l'installation de 350 délégués du préfet dans les quartiers. A l'heure où je vous parle, il n'y en a même pas une quinzaine qui sont en fonctions. C'est quand même scandaleux. Et ce n'est pas faute d'avoir tapé du poing sur la table...
Iriez-vous jusqu'à menacer de démissionner, si on ne vous entend pas ?
Ça ne se discute même pas. Je le dis très clairement : je ne veux pas d'échec en ce qui concerne les banlieues et les quartiers populaires.
Les ministres qui incarnent la diversité ne sont pas vraiment à la fête en ce moment...
Je ne veux pas faire pleurer Margot. Je dis simplement qu'on veut être traité comme tout le monde, comme les autres ministres. Quand on fait des choses bien, il faut le saluer, quand on fait des conneries, il faut le dire.
Quand Rama Yade refuse de se présenter aux élections européennes, vous l'approuvez ?
Je le lui ai dit, je pense qu'elle a tort. Elle aurait dû y aller, parce que, quand j'étais à gauche, au Parti socialiste, on ne m'a jamais laissé la chance de pouvoir me présenter sur mon nom, sur ma tête et sur mes compétences. Si on m'avait donné cette chance, j'y aurais été avec joie, parce qu'on ne perd jamais quand on se présente devant le peuple.
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Fadela Amara
Secrétaire d'Etat chargée de la ville
Propos recueillis par Jean-François Achilli, Michel Dumoret et Françoise Fressoz
La communauté musulmane s'inquiète après l'incendie criminel survenu à la mosquée de Saint-Priest, près de Lyon. Quelle est votre réaction ?
J'ai une réaction extrêmement révoltée. Les actes racistes, les propos qui tendent à exclure les autres sont en augmentation. Notre République n'a pas besoin de ça. Il faut être extrêmement vigilant. Nous entrons dans une crise économique. Dans ce genre de période, on a l'habitude de trouver des boucs émissaires. Mais je compte beaucoup sur la solidarité nationale. J'ai été soulagée d'entendre les condamnations monter de partout, de la classe politique évidemment, mais aussi des associations. Les Français, dans leur grande majorité, ont l'habitude et sont contents de vivre avec des personnes qui sont immigrées ou issues de l'immigration.
Depuis votre arrivée au gouvernement, comment jugez-vous la situation dans les banlieues ?
Je dirais qu'elle est la même qu'hier. On a été abandonnés depuis trente ans.
Vous dites : "On a été abandonnés", mais aujourd'hui vous êtes membre du gouvernement, vous pouvez agir !
J'en ai la détermination. Mais 40-42 % de taux de chômage dans les banlieues pour les jeunes de moins de 26 ans, c'est chez nous. Je suis quelqu'un d'extrêmement lucide, je crains les conséquences de la crise économique dans les quartiers populaires. Avec le président de la République, nous ferons tout pour en limiter l'impact. Ce que je ne veux pas, c'est que cette crise soit politiquement instrumentalisée.
Que voulez-vous dire ?
J'ai été un peu scotchée d'entendre certains responsables politiques comparer la situation grecque et française. Mélanger les choses est dangereux. Et je ne voudrais pas que lorsqu'il y a des violences dans les manifestations on pense tout de suite à la jeunesse des banlieues.
Ne regrettez-vous pas que le gouvernement renonce à faire de la discrimination positive pour promouvoir la diversité ?
Pas du tout. Je fais cinq visites de terrain par semaine dans les quartiers. Leur demande est très claire : ils veulent être traités comme tout le monde. Ça s'appelle l'égalité des chances.
Nicolas Sarkozy a récemment regretté que la mise en place du plan banlieue n'aille pas assez vite...
Il a raison, et il a ajouté : "Certains, derrière mon dos, souhaitent plomber l'"Espoir banlieues"."
Qui visait-il ?
Vous avez, dans ce pays, une partie de l'élite qui ne souhaite pas voir émerger les enfants d'ouvriers. Ça commençait à m'agacer sérieusement de voir qu'en haut lieu certains énarques freinaient des quatre fers. J'ai tapé du poing sur la table en le disant au président de la République, avant son discours sur la diversité. En février dernier, nous avions annoncé l'installation de 350 délégués du préfet dans les quartiers. A l'heure où je vous parle, il n'y en a même pas une quinzaine qui sont en fonctions. C'est quand même scandaleux. Et ce n'est pas faute d'avoir tapé du poing sur la table...
Iriez-vous jusqu'à menacer de démissionner, si on ne vous entend pas ?
Ça ne se discute même pas. Je le dis très clairement : je ne veux pas d'échec en ce qui concerne les banlieues et les quartiers populaires.
Les ministres qui incarnent la diversité ne sont pas vraiment à la fête en ce moment...
Je ne veux pas faire pleurer Margot. Je dis simplement qu'on veut être traité comme tout le monde, comme les autres ministres. Quand on fait des choses bien, il faut le saluer, quand on fait des conneries, il faut le dire.
Quand Rama Yade refuse de se présenter aux élections européennes, vous l'approuvez ?
Je le lui ai dit, je pense qu'elle a tort. Elle aurait dû y aller, parce que, quand j'étais à gauche, au Parti socialiste, on ne m'a jamais laissé la chance de pouvoir me présenter sur mon nom, sur ma tête et sur mes compétences. Si on m'avait donné cette chance, j'y aurais été avec joie, parce qu'on ne perd jamais quand on se présente devant le peuple.
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Fadela Amara
Secrétaire d'Etat chargée de la ville
Propos recueillis par Jean-François Achilli, Michel Dumoret et Françoise Fressoz