Fleur Pellerin , ministre déléguée auprès du ministre au redressement productif

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Quidquid latine dictum sit, altum sonatur
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Portrait

Un technocrate ressemble généralement à Claude Guéant, bras droit de Sarkozy : lunettes sévères sur peau claire, front masculin dégarni, chemise blanche sous costume sombre. Fleur Pellerin est brune aux cheveux lâches, traits jeunes et asiatiques, robe de soie légère sur longues bottes de cuir noir, talons acérés. Dans sa vie professionnelle comme dans ses études, elle a pris l’habitude d’être la «seule Asiat’», une des rares femmes également. A la Cour des comptes, où elle officie comme conseiller référendaire, aussi bien qu’à l’ENA, promotion Averroès. Le philosophe arabo-andalou comme signe prémonitoire d’une carrière naissante ? A 36 ans, la voilà présidente du Club XXIe siècle, cercle réunissant l’élite des minorités visibles. «Le 21», comme l’appellent les habitués, est volontairement haut de gamme. Banquiers, entrepreneurs, hauts fonctionnaires, Rama Yade en guest star : autant de réussites pour donner une autre image de l’immigration. «Fleur a le profil idéal, dit Chenva Tieu, chef d’entreprise et cofondateur de l’association. Une techno typiquement issue de l’école de la République.» Et mignonne en plus, pas empêtrée dans le discours froid de l’«énarchie». Ce samedi, elle participe à la cinquième édition des Entretiens de l’excellence, opération phare du Club : un millier de collégiens et de lycéens de ZEP, reçus dans les locaux de Sciences-Po à Paris, découvrent les filières d’élite auprès de professionnels qui peuvent leur ressembler. Fleur Pellerin les briefera sur les rouages de la haute fonction publique. «Les encourager à s’orienter vers des domaines dont ils ignorent l’existence est une façon pragmatique et non idéologique de promouvoir la diversité. Lutter contre l’autocensure aussi.»
 
Son engagement est relativement neuf, pas vraiment viscéral. Il remonte à son adhésion au Club, il y a trois ans. «Longtemps, je ne me suis pas sentie concernée par le thème de la diversité. Je n’ai jamais été confrontée au racisme, même si parfois, à l’école, j’étais "la Chinoise".» Avec un patronyme à la Harlem Désir, la trajectoire de Fleur - prénom repris d’une série télé par sa mère - constitue plutôt un pied de nez au débat sur l’identité nationale. «Quand je me regarde dans la glace, je ne vois pas une Asiatique. Facialement, je suis asiatique, mais je me sens totalement française.» Un ami chinois la compare à une banane. «Jaune à l’extérieur, blanche à l’intérieur.» Un quart d’heure après la poignée de main de présentation, elle donne l’explication sans aucune forme de secret. «Je ne suis pas biculturelle mais adoptée.» Née à Séoul en 1973, arrivée en France à six mois. Elle vit ses trois premières années dans une HLM au nord de Montreuil, banlieue parisienne qu’elle vient de réintégrer avec sa tribu recomposée, mais côté sud. Un immense loft, murs blancs et meubles Habitat, qu’elle partage avec son compagnon, énarque comme elle, conseiller d’Etat. Ils ont une petite fille en commun, lui deux enfants qui viennent un week-end sur deux. Dans le salon, des toiles, troublantes ressemblances de chefs-d’œuvre. «Ce Hopper et ce Rothko sont de moi, s’amuse-t-elle. Je ne suis pas une créatrice, je copie.» En cuisine aussi, elle aime pasticher les maîtres, comme Pierre Hermé et son dessert vedette à la rose, l’Ispahan. Elle ne se prend pas au sérieux, comme le sont ses diplômes. Evite aussi de se faire des nœuds dans la tête. «Mon adoption est comme une petite plaie que j’ai décidé de ne pas gratter. J’ai refoulé le rejet pour me couler dans le projet de mes parents. Je ne me pose pas de questions.» Plusieurs fois, elle a laissé filer l’occasion de se rendre en Corée. «C’est un pays étranger. Je ne ressens aucun tiraillement.» Dans les magasins, on s’adresse parfois à elle en anglais ou en japonais. Sur son passeport figure, en deuxième prénom, le Jong-Sook donné à sa naissance. «Longtemps, mes parents ont cru que cela signifiait "femme parfaite". Pas du tout, c’est un prénom assez laid, du type Germaine. Le mythe s’est effondré.»
 
Avec son parcours de première de la classe, Fleur Pellerin incarne presque physiquement la philosophie du «21». «Nous ne sommes pas dans une optique communautariste, avec passe-droits et postes réservés, dit-elle, mais bien dans une idée républicaine de la diversité.» Pas de discrimination positive, mais la volonté que le plus grand nombre ait accès aux outils de la méritocratie. Elle-même en est le pur produit. Son premier «petit concours» date de son entrée en sixième dans un collège franco-allemand de Versailles. «J’étais sur des rails, j’ai enchaîné.» Bac à 16 ans, prépa HEC à 17, l’Essec à 21 ans, Sciences-Po, l’ENA. Sans effort apparent - héritage de ses grands-parents paternels, instituteurs à la campagne et «hussards de la République». Son père prend l’ascenseur social, premier d’un minuscule village près de Laval à décrocher le bac. Après une thèse en physique nucléaire, il travaille dans la recherche puis crée sa société. Sa mère, femme au foyer, aînée de quatre enfants, a dû arrêter ses études à 16 ans. «Elle en a toujours souffert», dit Fleur Pellerin. Avec sa propre fille, la machine familiale a repris du service. En dernière année de maternelle, Bérénice vient de sauter une classe. «Ma mère lui a appris à lire l’été dernier.»Ce soutien parental, sans faille et inconditionnel, est devenu son modèle de transmission, qu’elle exerce auprès des autres. Comme cette jeune fille de 20 ans originaire du Congo. «Elle vient d’entrer à Sciences-Po, après une scolarité en ZEP. Je l’aide à trouver un stage aux Etats-Unis, à obtenir un titre de séjour de dix ans.» Sa façon à elle de produire de «l’innovation sociale» à petite échelle, mais concrètement.
 
Avec Fleur Pellerin comme présidente, le Club XXIe siècle tourne le dos à ses débuts politiques et polémiques. Aux fondations en 2004, La maire française d'origine algéro-marocaine du 7e arrondissement de Paris R.Dati, pas encore ministre de Sarkozy, et Hakim El Karoui, plume de Raffarin, alors Premier ministre. La structure est vite cataloguée à droite, temple de la «beurgeoisie». Dati part l’année suivante après une tentative de putsch avortée et un gros clash avec El Karoui. Il reste président, rééquilibre politiquement le Club, chiraquien appelant à voter Ségo contre Sarko en 2007. L’association se veut non partisane, rassemblant 350 membres de toutes origines. Femme aux traits asiatiques, Fleur Pellerin en serait la meilleure publicité. Mais la nouvelle présidente est loin d’être une oie blanche en politique. Deux fois, elle s’est engagée auprès de personnalités. Soumise au devoir de réserve, elle ne peut en dire plus. «J’aurais pu me faire parachuter, j’avais un boulevard devant moi. Mais il faut avoir au ventre une envie de pouvoir et de reconnaissance que je n’éprouve pas.» Elle se verrait plutôt conseillère du prince, œuvrant dans l’ombre pour le «progrès social». En attendant de trouver le bon cheval, elle affûte ses arguments au sein d’un club.
 
Nommée ministre déléguée aux PME, à l'innovation et à l'économie numérique

En 8 dates

29 août 1973 Naissance en Corée du Sud. ( recueillie nourrisson dans une poubelle ! )

Février 1974 Adoptée en France.

1994 Diplômée de l’Essec.

Sciences Po


2000 Sort de l’ENA.

2004 Naissance de sa fille.

2007 Entre au Club XXIe siècle.

Février 2010 Présidente du club.


10 avril 2010 Entretiens de l’excellence à Sciences-Po Paris.
 

Pièces jointes

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