France vs Russie : guerre informationnelle au Sahel

Plus le conflit s'enlise en Ukraine, plus le Kremlin pousse ses pions ailleurs pour déstabiliser l'Occident. Au Sahel notamment, Moscou mène une guerre informationnelle sans merci à la France. Mercenaires, trolls, sociétés écrans : une armée de l'ombre à la solde de Vladimir Poutine est à la manoeuvre. Sa mission : calomnier, décrédibiliser, diaboliser l'Occident pour promouvoir sa vision du monde.



 

Comment fonctionne la machine de propagande russe en Afrique​


Sa conquête du continent, le Groupe Wagner l’a réalisée grâce à ses mercenaires, mais aussi avec des faux médias et ses influenceurs sur les réseaux, en s’appuyant sur un fort rejet de l’Occident en général, et de la France en particulier.


Aux premières heures du sommet Russie-Afrique, une rumeur se faisait de plus en plus pressante : Evgueni Prigojine serait-il à Saint-Pétersbourg, dans les coulisses de cette réunion qui se tient jeudi 27 et vendredi 28 juillet ? L’interrogation s’est faite plus forte encore quand l’un des fidèles lieutenants du chef de Wagner, Dmitri Sytyi, chargé des opérations politiques et civiles du groupe paramilitaire à Bangui, a posté une photo de M. Prigojine et d’un responsable centrafricain légendée : « On voit des visages connus » – sans toutefois que cette image puisse être datée.

Présent en chair et en os ou pas, l’auteur d’une rébellion manquée contre l’état-major russe, il y a un mois, est un acteur essentiel de la deuxième édition du sommet organisé par Vladimir Poutine, tant il a été l’un des chefs d’orchestre de l’expansion russe en Afrique. « L’Afrique est une région du monde où convergent les intérêts de toutes les puissances mondiales. La position d’un Etat sur la scène internationale dépend directement de l’influence qu’il exerce sur le continent africain », écrivait le groupe Wagner en 2019 dans une note interne consultée par Le Monde.


Sa conquête de certains pays africains, M. Prigojine l’a faite grâce à ses mercenaires, mais aussi avec ses usines à trolls, qui ont obtenu la première victoire russe : celle des esprits. De Niamey, où, jeudi, des manifestants ont réclamé la venue des « Russes » après le coup de force des militaires, jusqu’à Kinshasa, où fleurissent dans les rues les drapeaux du pays, jamais le continent n’avait paru aussi russophile et francophobe.
 
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