Amine
En mode pause
Texte long mais intéressent...Résumé pour les fainéants: Une protéine déjà connue des biochimistes se révèle un bon inhibiteurdes métastases. Ce qui ouvre la perspective dune nouvelle génération de médicaments.
Comment freiner la propagation des tumeurs
Voici enfin une bonne nouvelle. Il sagit dune protéine ayant un effet inhibiteur de métastases totalement original. La protéine en question, qui a un nom difficile rosaposine , est bien connue des biochimistes. Elle a été identifiée en 1989, puis associée au métabolisme des lipides, explique José Miguel López Novoa, professeur de
physiologie à luniversité de Salamanque, en Espagne. On sest ensuite aperçu quelle intervenait dans de nombreux autres mécanismes physiologiques, y compris dans la production du lait maternel, mais, jusquà maintenant, aucun lien navait été établi avec les métastases.
Ce sont des scientifiques américains et norvégiens qui ont annoncé la découverte dans la revue étasunienne Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Ils se sont rendu compte que certains cancers de la prostate et du sein qui ne métastasent pas produisent cette protéine en grande quantité, et réciproquemement : grâce à une série dactivations de gènes, parmi lesquels le désormais célèbre gène suppresseur de tumeur p53, la protéine stimule la production dun inhibiteur naturel de langiogenèse (la formation de nouveaux vaisseaux sanguins). Les chercheurs ont également étudié le processus inverse : ayant injecté de la prosaposine à des souris à proximité de cellules cancéreuses très agressives, ils ont pu observer quil ne se formait que peu de métastases.
Laction de la protéine ne se limite pas aux abords de la tumeur primitive : elle influe aussi sur des cellules (concrètement, les fibroblastes présents dans les tissus) éloignés de la tumeur qui se préparent à empêcher les cellules cancéreuses de sinstaller. Selon Roger Gomis, expert dans le domaine à lInstitut pour la recherche biomédicale de Barcelone (IRBB). Cest comme si lon mettait de laspirine dans les canalisations deau dune ville, quelle se dissolvait et guérissait les maux de tête. Cette étude est intéressante parce quelle est presque unique en son genre, indique Gomis. Un brevet a déjà été déposé, au cas où, dans un avenir encore lointain, cette découverte donnerait naissance à un nouveau traitement. Même si nous étions incapables dempêcher les cancers de se développer chez nos patients, nous pourrions les mettre à labri des métastases, commente Randolph S. Watnick, de lHôpital pour enfants de Boston, qui a dirigé les recherches.
Cest à la suite de la suggestion de Judah Folkman, scientifique considéré comme le père de langiogenèse, récemment décédé, quil a suivi cette piste. Folkman a été le premier à comprendre que les cellules cancéreuses avaient besoin de nouveaux vaisseaux sanguins pour survivre. Il existe dailleurs quelques traitements contre le cancer, les antiangiogéniques, qui tentent dempêcher la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, mais ils ne donnent pas, pour linstant, les résultats escomptés, précise José Miguel López Novoa, notamment à cause de leurs effets secondaires.
La nouvelle étude nappartient pas au même groupe, puisquelle associe lactivation dun gène suppresseur de tumeur et linhibition de langiogenèse. Et maintenant ? Ces recherches sont davant-garde, explique Roger Gomis, elles ouvrent des perspectives. Mais ce nest qua posteriori que lon constatera leur utilité. Joan Massagué, avec qui je travaille, a été lun des premiers à aborder limportance des métastases, mais ce nest que cinq ans plus tard, et en grande partie grâce à ses précédents travaux, que lon a pu commencer à travailler sur le sujet. Avant cela, nous navions ni les connaissances ni la technologie nécessaires. Daprès Roger Gomis, trois approches pourraient permettre de faire passer ces recherches de la théorie à lapplication clinique : tester des médicaments déjà existants, proposer aux pharmacologues de nouvelles thérapies ciblées (cibles moléculaires) pour lesquelles des inhibiteurs ou des activateur sont déjà été mis au point ou, dans les cas complexes comme létude qui nous intéresse, en mettre de nouveaux au point, ce qui demande plusieurs années de recherches avec de faibles chances de succès
Comment freiner la propagation des tumeurs
Voici enfin une bonne nouvelle. Il sagit dune protéine ayant un effet inhibiteur de métastases totalement original. La protéine en question, qui a un nom difficile rosaposine , est bien connue des biochimistes. Elle a été identifiée en 1989, puis associée au métabolisme des lipides, explique José Miguel López Novoa, professeur de
physiologie à luniversité de Salamanque, en Espagne. On sest ensuite aperçu quelle intervenait dans de nombreux autres mécanismes physiologiques, y compris dans la production du lait maternel, mais, jusquà maintenant, aucun lien navait été établi avec les métastases.
Ce sont des scientifiques américains et norvégiens qui ont annoncé la découverte dans la revue étasunienne Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Ils se sont rendu compte que certains cancers de la prostate et du sein qui ne métastasent pas produisent cette protéine en grande quantité, et réciproquemement : grâce à une série dactivations de gènes, parmi lesquels le désormais célèbre gène suppresseur de tumeur p53, la protéine stimule la production dun inhibiteur naturel de langiogenèse (la formation de nouveaux vaisseaux sanguins). Les chercheurs ont également étudié le processus inverse : ayant injecté de la prosaposine à des souris à proximité de cellules cancéreuses très agressives, ils ont pu observer quil ne se formait que peu de métastases.
Laction de la protéine ne se limite pas aux abords de la tumeur primitive : elle influe aussi sur des cellules (concrètement, les fibroblastes présents dans les tissus) éloignés de la tumeur qui se préparent à empêcher les cellules cancéreuses de sinstaller. Selon Roger Gomis, expert dans le domaine à lInstitut pour la recherche biomédicale de Barcelone (IRBB). Cest comme si lon mettait de laspirine dans les canalisations deau dune ville, quelle se dissolvait et guérissait les maux de tête. Cette étude est intéressante parce quelle est presque unique en son genre, indique Gomis. Un brevet a déjà été déposé, au cas où, dans un avenir encore lointain, cette découverte donnerait naissance à un nouveau traitement. Même si nous étions incapables dempêcher les cancers de se développer chez nos patients, nous pourrions les mettre à labri des métastases, commente Randolph S. Watnick, de lHôpital pour enfants de Boston, qui a dirigé les recherches.
Cest à la suite de la suggestion de Judah Folkman, scientifique considéré comme le père de langiogenèse, récemment décédé, quil a suivi cette piste. Folkman a été le premier à comprendre que les cellules cancéreuses avaient besoin de nouveaux vaisseaux sanguins pour survivre. Il existe dailleurs quelques traitements contre le cancer, les antiangiogéniques, qui tentent dempêcher la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, mais ils ne donnent pas, pour linstant, les résultats escomptés, précise José Miguel López Novoa, notamment à cause de leurs effets secondaires.
La nouvelle étude nappartient pas au même groupe, puisquelle associe lactivation dun gène suppresseur de tumeur et linhibition de langiogenèse. Et maintenant ? Ces recherches sont davant-garde, explique Roger Gomis, elles ouvrent des perspectives. Mais ce nest qua posteriori que lon constatera leur utilité. Joan Massagué, avec qui je travaille, a été lun des premiers à aborder limportance des métastases, mais ce nest que cinq ans plus tard, et en grande partie grâce à ses précédents travaux, que lon a pu commencer à travailler sur le sujet. Avant cela, nous navions ni les connaissances ni la technologie nécessaires. Daprès Roger Gomis, trois approches pourraient permettre de faire passer ces recherches de la théorie à lapplication clinique : tester des médicaments déjà existants, proposer aux pharmacologues de nouvelles thérapies ciblées (cibles moléculaires) pour lesquelles des inhibiteurs ou des activateur sont déjà été mis au point ou, dans les cas complexes comme létude qui nous intéresse, en mettre de nouveaux au point, ce qui demande plusieurs années de recherches avec de faibles chances de succès