Gaza : "La trêve n'a pas survécu aux tensions internes de chaque camp"

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La trêve conclue le 19 juin entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza, sous l'égide de l'Egypte, pourrait vivre ses derniers jours. "La trêve était limitée à six mois et s'achève le 19 décembre. Sachant que l'ennemi ne respecte pas ses engagements et que le siège est toujours en place contre notre peuple, la trêve (...) ne sera pas renouvelée", a déclaré, dimanche 14 décembre, Khaled Mechaal, le chef en exil du Hamas.

Pour Barah Mikaïl, spécialiste du Proche-Orient à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), ces six mois d'"accalmie" n'ont pas survécu aux fractures internes aux camps israélien et palestinien.

La trêve a-t-elle été respectée ?

Non. Sur le terrain, les incursions israéliennes ont continué, tout comme les tirs de roquettes palestiniens. La logique des représailles et des contre-représailles a continué de prévaloir, particulièrement pendant le mois de novembre. A cela s'ajoute le blocus israélien total sur la bande de Gaza, qui asphyxie le territoire, et la poursuite des assassinats ciblés sur des membres de la direction du Hamas. C'est ce qui explique, en partie, que la trêve soit en bonne voie d'être abandonnée.

Malgré tout, la violence a baissé en intensité. Pas de trêve, donc, mais une réelle accalmie.

Lequel des deux camps est le plus à blâmer dans cet échec ?
Cela fait soixante ans qu'Israéliens et Palestiniens sont en désaccord. Alors chercher les responsabilités dans le non-respect de la trêve de ces derniers mois revient à s'interroger sur la poule et l'œuf. Cela dit, ce sont les Israéliens qui ont observé le plus de retenue vis-à-vis des attaques ou provocations de formations armées palestiniennes. Le gouvernement Olmert ne voulait en aucun cas jeter de l'huile sur le feu, au risque de voir la droite surfer sur la vague d'un nouvel embrasement.

Justement, la situation interne dans les deux camps peut-elle expliquer l'enlisement du dialogue entre Palestiniens et Israéliens ?

Côté israélien, on se dirige vers des élections législatives anticipées, en février 2009. Et au sein de toutes les formations susceptibles d'entrer au gouvernement – Likoud, Kadima, travaillistes et même Shass –, le discours radical, le plus payant électoralement, prévaut. Aucun des leaders des grands partis ne se dit prêt à négocier sur la base des frontières de 1967.

Côté palestinien, la lutte que se livrent le Fatah et le Hamas concourt elle aussi à une radicalisation. Le Fatah, qui revendique la légitimité du pouvoir, met en avant les canaux de discussion qu'il possède avec Israël, et donc sa capacité à négocier la paix. Face à lui, le Hamas a effectué depuis 2004 sa "révolution copernicienne", en reconnaissant implicitement Israël comme interlocuteur, du moins dans les frontières de 1967. Mais à l'heure où la lutte reprend entre les deux camps – des élections législatives anticipées pourraient être organisées en janvier 2009 –, la ligne intransigeante reprend le dessus. Le Hamas veut montrer à son opinion publique qu'il a lui aussi des cartes en main et que cette ligne dure peut amener des résultats.

Propos recueillis par Benoît Vitkine

http://www.lemonde.fr/proche-orient...ons-internes-de-chaque-camp_1131476_3218.html


AFP/MAHMUD HAMS
Dimanche 14 décembre, le Hamas a fait une démonstration de force en rassemblant au moins 200 000 de ses partisans à Gaza.
 

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