Le président Bouteflika est assuré d'être réélu le 9 avril pour un troisième mandat. Mais, depuis dix ans, il est loin d'être seul à tenir le pays. Qui l'appuie, quels sont ses réseaux, quel rôle joue sa famille? L'Express a enquêté.
C'est un scrutin sans suspense : Abdelaziz Bouteflika sera réélu, le 9 avril, président de l'Algérie. Ainsi en sont convenus, une fois encore, ceux que les Algériens appellent les "décideurs", poignée de hauts gradés qui gravitent autour du tout-puissant patron des services de renseignement, le général Mohamed Mediene, dit "Toufik".
Le chef de l'Etat a obtenu leur feu vert il y a plusieurs mois déjà, lorsqu'ils l'ont autorisé à faire voter par le Parlement un amendement à la Constitution mettant fin à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Le texte a été adopté le 12 novembre 2008 par les élus des deux chambres.
Depuis ce jour, Bouteflika sait qu'il restera à son poste aussi longtemps que Dieu lui prêtera vie. Résultat : aucun des ténors de la classe politique n'a souhaité endosser le rôle du challenger.
Jusqu'ici, il a plutôt bien rempli la mission qui lui a été confiée
Pourquoi les "décideurs" ont-ils choisi d'adouber Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat, en dépit de son âge - 72 ans - et de sa santé défaillante ? Parce qu'il leur aurait, comme on le murmure, confié qu'il souhaitait mourir au pouvoir ? Faute de candidat de rechange ? Il y a peut-être un peu de tout cela. Mais la raison principale est ailleurs : le chef de l'Etat, de leur point de vue, a plutôt bien rempli, jusqu'ici, la mission qui lui a été confiée.
Pour comprendre, il faut remonter une dizaine d'années en arrière. A l'époque, en 1999, la "sale guerre" contre les islamistes bat son plein, le pays est déchiré et l'image de l'armée est tellement dégradée que certains de ses chefs craignent de faire l'objet de poursuites judiciaires à l'étranger. Ils sont à la recherche d'une personnalité ayant de l'entregent, capable, une fois portée à la tête de l'Etat, d'allumer un contre-feu diplomatique et de faire en sorte que l'Algérie redevienne "fréquentable".
Deux hommes, de ceux qui pèsent au sein du sérail, vont se faire les avocats d'Abdelaziz Bouteflika, charismatique ministre des Affaires étrangères des années Boumediene : le très influent général à la retraite Larbi Belkheir, "parrain" de Toufik - le chef des services lui doit en partie sa carrière - et Abdelkader Koudjeti, un personnage de l'ombre, homme d'affaires et marchand d'armes. Toufik et les siens se laissent assez rapidement convaincre.
Engagé à 19 ans dans l'Armée de libération nationale, Bouteflika fait partie de la "famille". Pendant près de vingt ans, il a été le patron incontesté de la diplomatie algérienne, avant d'être écarté sans ménagements du pouvoir après le décès, en décembre 1978, du président Houari Boumediene.
Abdelaziz Bouteflika haranguant la foule lors d'un meeting électoral à Alger, le 6 avril 2009.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/algerie-abdelaziz-bouteflika-et-les-siens_752321.html
C'est un scrutin sans suspense : Abdelaziz Bouteflika sera réélu, le 9 avril, président de l'Algérie. Ainsi en sont convenus, une fois encore, ceux que les Algériens appellent les "décideurs", poignée de hauts gradés qui gravitent autour du tout-puissant patron des services de renseignement, le général Mohamed Mediene, dit "Toufik".
Le chef de l'Etat a obtenu leur feu vert il y a plusieurs mois déjà, lorsqu'ils l'ont autorisé à faire voter par le Parlement un amendement à la Constitution mettant fin à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Le texte a été adopté le 12 novembre 2008 par les élus des deux chambres.
Depuis ce jour, Bouteflika sait qu'il restera à son poste aussi longtemps que Dieu lui prêtera vie. Résultat : aucun des ténors de la classe politique n'a souhaité endosser le rôle du challenger.
Jusqu'ici, il a plutôt bien rempli la mission qui lui a été confiée
Pourquoi les "décideurs" ont-ils choisi d'adouber Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat, en dépit de son âge - 72 ans - et de sa santé défaillante ? Parce qu'il leur aurait, comme on le murmure, confié qu'il souhaitait mourir au pouvoir ? Faute de candidat de rechange ? Il y a peut-être un peu de tout cela. Mais la raison principale est ailleurs : le chef de l'Etat, de leur point de vue, a plutôt bien rempli, jusqu'ici, la mission qui lui a été confiée.
Pour comprendre, il faut remonter une dizaine d'années en arrière. A l'époque, en 1999, la "sale guerre" contre les islamistes bat son plein, le pays est déchiré et l'image de l'armée est tellement dégradée que certains de ses chefs craignent de faire l'objet de poursuites judiciaires à l'étranger. Ils sont à la recherche d'une personnalité ayant de l'entregent, capable, une fois portée à la tête de l'Etat, d'allumer un contre-feu diplomatique et de faire en sorte que l'Algérie redevienne "fréquentable".
Deux hommes, de ceux qui pèsent au sein du sérail, vont se faire les avocats d'Abdelaziz Bouteflika, charismatique ministre des Affaires étrangères des années Boumediene : le très influent général à la retraite Larbi Belkheir, "parrain" de Toufik - le chef des services lui doit en partie sa carrière - et Abdelkader Koudjeti, un personnage de l'ombre, homme d'affaires et marchand d'armes. Toufik et les siens se laissent assez rapidement convaincre.
Engagé à 19 ans dans l'Armée de libération nationale, Bouteflika fait partie de la "famille". Pendant près de vingt ans, il a été le patron incontesté de la diplomatie algérienne, avant d'être écarté sans ménagements du pouvoir après le décès, en décembre 1978, du président Houari Boumediene.
Abdelaziz Bouteflika haranguant la foule lors d'un meeting électoral à Alger, le 6 avril 2009.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/algerie-abdelaziz-bouteflika-et-les-siens_752321.html