
Guerre en Ukraine : le chantage russo-américain sur la Crimée se solde par au moins douze morts à Kiev
Sur fond de chantage de la Maison-Blanche et du Kremlin pour que l’Ukraine accepte un « plan de paix » à l’avantage de Moscou, une frappe de missiles russe a fait jeudi au moins douze morts et 92 blessés à Kiev, où l’on constate cliniquement la quasi-alliance entre Trump et Poutine.
Depuis plusieurs semaines, l’armée russe qui patine sur les fronts multiplie les frappes de missiles dans la profondeur, sur les villes ukrainiennes, afin de tenter de briser le moral et l’esprit de résistance des Ukrainiens. Une aire de jeux pour enfants à Kryvih Rih le 6 avril, 20 morts, une place centrale fréquentée à Soumy le 13 avril, 34 morts. Comme par hasard, ces frappes sont souvent corrélées au calendrier des visites en Russie de Steve Witkoff, l’émissaire-golfeur de Donald Trump, qui ramène à chaque fois dans sa valise à Washington les éléments de langage du Kremlin et la vision stratégique de Vladimir Poutine. Une fois encore, mercredi soir, peu après minuit, la dernière vague de bombardements meurtrière des Russes sur l’Ukraine s’est calquée cette fois sur l’emploi du temps de Donald Trump.
Mercredi, l’instable président américain avait à nouveau lancé la charge contre Volodymyr Zelensky, accusant ce dernier de « propos incendiaires ». Le tort du président ukrainien : avoir réaffirmé plus tôt que « la Crimée est ukrainienne » et que l’Ukraine ne reconnaîtra pas ses territoires occupés comme russes. Peu après minuit, heure ukrainienne, Donald Trump s’installe dans le Bureau ovale pour un point presse. Mondovision, sur les chaînes d’info de la planète. Moins de trois secondes après le début du direct « live from DC », les sirènes se mettent à hurler dans Kiev. Des dizaines de missiles et de drones kamikazes se précipitent vers les grandes villes, en particulier la capitale. C’est au moment où les premières explosions secouent les murs comme rarement depuis des mois que Trump aborde la question de l’Ukraine.
« Je pense avoir un accord avec la Russie », déclare-t-il aux journalistes rassemblés, enfonçant une nouvelle aiguille dans sa poupée vaudoue préférée : « Nous devons parvenir à un accord avec Zelensky, mais cela a été jusqu’à présent plus difficile… » Un peu plus tôt, Karlie Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche, avait qualifié son boss de « très mécontent », ajoutant que « sa patience atteint ses limites ». La Crimée est « perdue [depuis 2014] » pour l’Ukraine, avait encore furieusement posté Trump. Zelensky, le jour même, explique quant à lui à des journalistes que sur la Crimée, « il n’y a rien à discuter. C’est notre Constitution. C’est notre territoire ». Dans la nuit ukrainienne, des avions F-16 et Mirage partent à la chasse de 70 missiles et 145 drones, apprendra-t-on plus tard.