Hausse du smig et hausse des prix : Peu de chances de désamorcer la tension sociale

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Le Smag passe à 55,12 DH par jour

· Des syndicats fustigent la discrimination entre salariés

· Le textile ne sera arrimé aux autres secteurs qu’en 2011

Comme nous l’annoncions dans notre dernière édition, le salaire horaire minimum sera augmenté de 5% à partir du 1er juillet 2009. La décision qui entre dans le cadre de l’application du décret du 9 juillet 2008 (cf. www.leconomiste.com) a été confirmée hier par un communiqué du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. De fait, le Smig, des ouvriers et employés de l’industrie, du commerce et des professions libérales, passera de 10,14 DH de l’heure à 10,64. S’agissant du secteur agricole, le salaire journalier minimal (Smag) à la même date à 55,12 DH au lieu de 52,20 actuellement.
Une exception est toutefois faite au secteur des textiles. Pour cette activité, l’augmentation du Smig n’atteindra le niveau de 10,64 DH de l’heure qu’en juillet 2011. Car, les sessions du dialogue social tenues tour à tour en octobre 2007 et avril 2008, avaient conclu à l’application de la hausse en quatre temps: 2,5% en juillet 2008 (9,90 DH), même taux en juillet 2009 (10,14 DH) et 10,39 DH en juillet 2010.
Comment se justifie alors cette discrimination entre salariés? Selon les professionnels, le secteur du textile et habillement «a perdu de sa compétitivité bien avant la crise internationale». Face bien évidemment à la concurrence qui se fait de plus en plus rude.
Celle-ci est due notamment à l’ouverture accrue des marchés traditionnels et asiatiques suite au démantèlement des accords multifibres. Sans oublier l’arrivée sur ces mêmes marchés de certains pays du pourtour méditerranéen plus compétitifs que le Maroc. Toujours est-il que le
secteur fait travailler une main-d’œuvre abondante. Car l’essentiel de l’activité demeure orienté vers le travail à façon. Aux dires des professionnels, la masse salariale représente jusqu’à 65% des coûts de production. Du coup, une augmentation de 5% du Smig fait renchérir ces coûts de 3%.
Logique que partagent certains syndicalistes. «Seulement, c’est à l’Etat d’assumer ses responsabilités», nuance Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la Fédération démocratique du travail (FDT). En clair, précise-t-il, le Smig doit être généralisé à l’ensemble des ouvriers. «Car si l’Etat a pris la décision de soutenir les entreprises, il doit en faire autant pour les ressources humaines», affirme Azzouzi. Au demeurant, c’est la position de plusieurs centrales syndicales. Selon le syndicaliste, le conseil national de la FDT, réuni samedi dernier, a constaté que les résultats des précédentes sessions du dialogue ne traduisent rien de concret. Et l’effet des dernières augmentations de salaires et revalorisations du système indemnitaire des fonctionnaires a été vite annihilé par les hausses des prix qui ont touché la plupart des produits de consommation. Aussi, la surchauffe risque-t-elle d’être la dominante du prochain dialogue social.
«Quant au Smag, tout le monde est édifié sur la question», ironise un agriculteur du Souss. Les régions où le niveau de ce salaire est fort respecté, voire dépassé, souffrent de la rareté de la main-d’œuvre qui n’hésite pas à débrayer sous n’importe quel prétexte. Dans d’autres secteurs où la force de travail est pléthorique, les salaires horaires s’avèrent parfois en deçà du seuil fixé par la loi.

A. G.
 
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