Babouchemasquee
VIB
Au Maroc, la norme est de dire toujours dire oui au Makhzen. Refuser son ordre équivaut à un sacrilège. Rares sont les Marocains qui osent le commettre. Mais il y a de rares exceptions, en voici quelques exemples.
L’histoire récente du royaume prouve que les ennemis les plus irréductibles de la monarchie, ceux qui ont même appelé, à une autre époque de leurs vies à l’instauration d'une république, se sont transformés, par miracle, en ses plus fervents défenseurs, soient en occupant de hautes responsabilités ou en siégant dans le tour de table de conseils consultatifs royaux aux prérogatives très limitées.
Le cas du député du parti de l’Istiqlal Adil Tchikito qui a refusé d’assister à la cérémonie de la Beiya (allégence), du samedi 11 août, est l’exemple le plus récent. Même s’il s’est empressé de clarifier, dans un entretien accordé à Hespress, qu’il est « istiqlalien et nécessairement monarchiste ».
M’Hamed Boucetta qui a dit non à Hassan II
Nous sommes au début des années 90, la chute du Mur de Berlin a précipité la chute des régimes communistes en Europe de l’Est. La vague de contestation touche l’Afrique. Des régimes tombent comme des châteaux de cartes. Appréhendant les risques de contagion, le roi Hassan II tend la main au premier parti de l’opposition, l’Istiqlal, pour la formation d’un nouveau gouvernement. Des discussions sont initiées avec le secrétaire général du PI, M’Hamed Boucetta (1974-1998).
Après plusieurs rounds de dialogue, c’est l’impasse. Le leader du parti de la Balance refuse catégoriquement que le ministre de l’Intérieur, Driss Basri, soit membre du gouvernement qu’il s’apprêtait à former. Hassan II prend acte de cette décision, prononce un discours dans lequel il impute la responsabilité de l’échec de la première expérience d’alternance au Maroc à M’Hamed Boucetta et accorde une promotion à Basri, dans le cabinet Abdellatif Filali, il est promu ministre d’Etat à l’Intérieur.
Bensaid Aït Idder qui refusait le baisemain
Mohamed Bensaid Aït Idder est une figure de la résistance aux troupes françaises. Il était l’un des chefs de l’armée de libération dans la région du sud. Nullement convaincu par la tournure des événements au Maroc indépendant, il choisit l’exil. Après des années, il revient au pays, du début des années 80, pour fonder l’ODAP (Organisation démocratique d’action populaire). Une formation de gauche qui donnait du souci au Makhzen.
Pire encore, Bensaid Aït Idder ajoutait un plus à l’aura de ce parti en refusant le baisemain. Il était d’ailleurs le seul leader politique qui a osé une telle initiative.
Mohamed Hafid a dit non à la députation falsifiée
Lorsque M’Hamed Boucetta a dit non à Hassan II pour former un gouvernement dirigé par l’opposition, il s’est rapproché de l’USFP. En 1997, il annonce la tenue d’élections législatives anticipée devant permettre aux camarades de Abderrahman El Youssoufi d’arriver premier. Tous les moyens sont bons pour la réalisation de cet objectif.
Mais coup de tonnerre à Casablanca, Mohamed Hafid, à l’époque secrétaire général de la jeunesse ittihadie, refuse sa victoire dans la circonscription de Sidi Othmane. Même les manœuvres de El Youssoufi et des pressions de l’Intérieur n’ont pas réussi à lui faire changer d'avis.
L’AMDH refuse de siéger au CCDH malgré les pressions du Makhzen
Le 20 avril 1990, le roi Hassan II préside l’installation des membres du CCDH (Conseil consultatif des droits de l’Homme). Les associations et les partis politiques sont invités à désigner leurs représentants au sein de cet organisme. Toutes les enseignes s’exécutent à l’exception de l’AMDH. Le palais envoie deux de ces ténors, Driss Basri (ministre de l’Intérieur) et Réda Guedira (conseiller du roi) pour convaincre l’ONG de rejoindre le CCDH.
« En dépit des pressions, leur mission a subi un échec cuisant », se rappelle Abdelhamid Amine. Et d’ajouter que « Guedira sur un ton menaçant s’est adressé à l’ancien président de l’AMDH, El Hihi, « si vous ne voulez pas intégrer le CCDH, alors faites comme si vous n’existez pas ». Il l’a répété à deux reprises. Mais nous avons tenu bon ».
Noubir Amaoui qui refuse de demander la grâce royale
Amine cite, également, l’exemple des détenus politiques de la gauche radicale qui ont refusé de demander la grâce royale. Un cas qui n’est pas sans rappeler celui de Noubir Amaoui, condamné à deux ans de prison pour avoir exprimé son opinion sur l’état du Maroc lors d’un entretien accordé, le 11 mars 1992, au quotidien El Pais. Le gouvernement avait réagi considérant les propos du secrétaire général de la CDT, « injurieux » et « diffamatoires ».
La vague de contestation mondiale de la condamnation de Noubir a contraint le pouvoir à fléchir sa position, affirmant qu’il est prêt à le gracier s’il exprime une demande, en ce sens. Chose que Amaoui refusât. Finalement, c’est la direction de l’USFP qui se charge de rédiger la doléance. Après quatorze mois de détention, il est libéré en juillet 1993.
Source : Mohammed Jaabouk pour Yabiladi.
L’histoire récente du royaume prouve que les ennemis les plus irréductibles de la monarchie, ceux qui ont même appelé, à une autre époque de leurs vies à l’instauration d'une république, se sont transformés, par miracle, en ses plus fervents défenseurs, soient en occupant de hautes responsabilités ou en siégant dans le tour de table de conseils consultatifs royaux aux prérogatives très limitées.
Le cas du député du parti de l’Istiqlal Adil Tchikito qui a refusé d’assister à la cérémonie de la Beiya (allégence), du samedi 11 août, est l’exemple le plus récent. Même s’il s’est empressé de clarifier, dans un entretien accordé à Hespress, qu’il est « istiqlalien et nécessairement monarchiste ».
M’Hamed Boucetta qui a dit non à Hassan II
Nous sommes au début des années 90, la chute du Mur de Berlin a précipité la chute des régimes communistes en Europe de l’Est. La vague de contestation touche l’Afrique. Des régimes tombent comme des châteaux de cartes. Appréhendant les risques de contagion, le roi Hassan II tend la main au premier parti de l’opposition, l’Istiqlal, pour la formation d’un nouveau gouvernement. Des discussions sont initiées avec le secrétaire général du PI, M’Hamed Boucetta (1974-1998).
Après plusieurs rounds de dialogue, c’est l’impasse. Le leader du parti de la Balance refuse catégoriquement que le ministre de l’Intérieur, Driss Basri, soit membre du gouvernement qu’il s’apprêtait à former. Hassan II prend acte de cette décision, prononce un discours dans lequel il impute la responsabilité de l’échec de la première expérience d’alternance au Maroc à M’Hamed Boucetta et accorde une promotion à Basri, dans le cabinet Abdellatif Filali, il est promu ministre d’Etat à l’Intérieur.
Bensaid Aït Idder qui refusait le baisemain
Mohamed Bensaid Aït Idder est une figure de la résistance aux troupes françaises. Il était l’un des chefs de l’armée de libération dans la région du sud. Nullement convaincu par la tournure des événements au Maroc indépendant, il choisit l’exil. Après des années, il revient au pays, du début des années 80, pour fonder l’ODAP (Organisation démocratique d’action populaire). Une formation de gauche qui donnait du souci au Makhzen.
Pire encore, Bensaid Aït Idder ajoutait un plus à l’aura de ce parti en refusant le baisemain. Il était d’ailleurs le seul leader politique qui a osé une telle initiative.
Mohamed Hafid a dit non à la députation falsifiée
Lorsque M’Hamed Boucetta a dit non à Hassan II pour former un gouvernement dirigé par l’opposition, il s’est rapproché de l’USFP. En 1997, il annonce la tenue d’élections législatives anticipée devant permettre aux camarades de Abderrahman El Youssoufi d’arriver premier. Tous les moyens sont bons pour la réalisation de cet objectif.
Mais coup de tonnerre à Casablanca, Mohamed Hafid, à l’époque secrétaire général de la jeunesse ittihadie, refuse sa victoire dans la circonscription de Sidi Othmane. Même les manœuvres de El Youssoufi et des pressions de l’Intérieur n’ont pas réussi à lui faire changer d'avis.
L’AMDH refuse de siéger au CCDH malgré les pressions du Makhzen
Le 20 avril 1990, le roi Hassan II préside l’installation des membres du CCDH (Conseil consultatif des droits de l’Homme). Les associations et les partis politiques sont invités à désigner leurs représentants au sein de cet organisme. Toutes les enseignes s’exécutent à l’exception de l’AMDH. Le palais envoie deux de ces ténors, Driss Basri (ministre de l’Intérieur) et Réda Guedira (conseiller du roi) pour convaincre l’ONG de rejoindre le CCDH.
« En dépit des pressions, leur mission a subi un échec cuisant », se rappelle Abdelhamid Amine. Et d’ajouter que « Guedira sur un ton menaçant s’est adressé à l’ancien président de l’AMDH, El Hihi, « si vous ne voulez pas intégrer le CCDH, alors faites comme si vous n’existez pas ». Il l’a répété à deux reprises. Mais nous avons tenu bon ».
Noubir Amaoui qui refuse de demander la grâce royale
Amine cite, également, l’exemple des détenus politiques de la gauche radicale qui ont refusé de demander la grâce royale. Un cas qui n’est pas sans rappeler celui de Noubir Amaoui, condamné à deux ans de prison pour avoir exprimé son opinion sur l’état du Maroc lors d’un entretien accordé, le 11 mars 1992, au quotidien El Pais. Le gouvernement avait réagi considérant les propos du secrétaire général de la CDT, « injurieux » et « diffamatoires ».
La vague de contestation mondiale de la condamnation de Noubir a contraint le pouvoir à fléchir sa position, affirmant qu’il est prêt à le gracier s’il exprime une demande, en ce sens. Chose que Amaoui refusât. Finalement, c’est la direction de l’USFP qui se charge de rédiger la doléance. Après quatorze mois de détention, il est libéré en juillet 1993.
Source : Mohammed Jaabouk pour Yabiladi.